Can you feel the love tonight?

Can you feel the love tonight?

Je travaillais dans un petit restaurant comme serveuse. Cela ne payait pas trop cher et j'avais tout juste de quoi payer le loyer et acheter le nécessaire, mais je ne m'en plaignais pas, après tout je n'étais pas à la rue, j'avais un toit pour m'abriter et me réchauffer. Je n'avais jamais vécu dans le grand luxe et j'avais toujours détesté ceux qui y accédaient sans rien faire de concret. Je n'aimais donc les Johnny's, ces petits chanteurs surfaits qui gagnaient trois fois plus que moi. Qu'avaient-ils de plus ? C'est pourquoi, quand je vis un de ces chanteurs de midinettes entrer dans le restaurant où je travaillais, mon visage se ferma. N'allaient-ils pas dans les grands restaurants d'habitude ?

J'allais vers le garçon pour lui demander sa commande, mon pas était lent, je n'avais aucune envie de parler à ce jeune homme.

« Bonjour et bienvenue dans notre restaurant, puis-je vous installer ? »

J'avais essayé de le regarder dans les yeux mais n'avais pas réussi, allez savoir pourquoi. Il me dégoûtait peut-être trop... Il me répondit d'un signe de tête discret ainsi que d'un petit sourire. Je me sentis rougir. Voilà ce que je détestais par dessus tout chez eux : ils avaient ce pouvoir de vous mettre hors d'état de nuire par leur beauté, c'était vraiment déstabilisant. Même moi j'avais du mal à les regarder sans les trouver adorables. Fichues hormones ! Je l'installais, lui donnais la carte et partais assez vite, je détestais vraiment ce Tegoshi Yuya !


Elle m'avait à peine regardé ... Quelle idée aussi de venir manger ici tout seul ! Mais j'en avais eu envie, tellement envie... Juste pour entendre sa voix et lui parler un peu... Mais l'envie n'avait pas l'air partagée. Je n'avais jamais cru au coup de foudre jusqu'à il y a une semaine. J'avais simplement jeté un coup d'œil à la vitre du restaurant en passant et je n'avais pas pu décrocher mon regard d'elle. Elle était tout simplement sublime avec ses yeux noisette et ses cheveux châtains et bouclés qui retombaient parfaitement dans le creux de son dos. Jamais je n'avais trouvé une fille plus parfaite et j'avais mis une semaine pour enfin entrer dans ce restaurant. Mais voilà qu'elle avait fuit mon regard, je ne savais même pas si elle m'avait reconnu, et heureusement pour moi qu'il n'y avait pas grand monde ce soir-là, j'aurai eu une belle brochette de fans sinon... Elle revint vers moi pour me demander si j'avais choisi alors que je n'avais même pas regardé la carte.

« Euh je... qu'est-ce que vous avez de bon ? » Je demandais avec mon sourire le plus angélique. Elle me regarda en fronçant les sourcils, l'air de se dire « Faut regarder la carte, pauvre andouille ! » et elle aurait eu bien raison de penser ça. Elle fut au contraire très professionnelle.

« Et bien... je vous propose le menu du jour : En entrée une soupe Miso accompagnée d'une salade de choux. En plat principal nous avons une salade de makis avec quelques yakitoris et enfin en dessert un Katsutera fait maison avec de délicieux fruits rouges.

Ça m'avait l'air délicieux, je prenais donc cette commande. Elle revint me servir un verre de bière Asahi. Il fallait que je me bouge pour lui parler !

« Euh... Dites... Vous auriez un peu de temps pour boire cette bière avec moi ? » Je dis avec un grand sourire made in moi. Elle me regarde une nouvelle fois en fronçant les sourcils, ce qui ne présage rien de bon pour moi. Il faut dire que je me comporte comme un parfait imbécile.

« C'est-à-dire que je travaille... » Me dit-elle avant de partir. Zut de flûte, j'avais loupé le coche !


Je savais que tous les Johnny's étaient un peu spéciaux mais celui-ci bâtait tous les records. Quelle idée de m'inviter à boire une bière quand je travaillais ? Le pire c'est qu'il avait continué de m'inviter pour tout ce qu'il mangeait ! Vraiment bizarre. Ou ivre, à voir. Il avait finalement quitté le restaurant en me jetant un dernier regard. Je finissais mon service une heure plus tard et rentrais à pied chez moi, n'ayant pas de voiture. C'est arrivée devant mon immeuble que je vis Tegoshi Yuya assis sur les marches, la tête entre les mains. Je m'avançais, intriguée, que faisait-il là ? Il fallait que je sache, je ne savais même pas pourquoi je voulais tant savoir, que j'étais compliquée...

« Excusez-moi, ça va ? » Je demandais, la tête baissée vers lui.


Je levai précipitamment la tête en entendant cette voix, sa voix. Je me retrouvais nez à nez avec elle. Que faisait-elle donc là ? Enfoncer encore plus le fait que j'étais un pauvre imbécile ? Si c'était ça elle pouvait repartir tout de suite.

« Ça va très bien merci. » Je dis sèchement en baissant de nouveau la tête.
« Si je vous dérange dites-le hein ! » Me répondit-elle en colère. Je soupirais, espérant qu'elle me laisse tranquille, sa présence me faisait mal.
« En effet vous me dérangez. »

Voilà c'était dit, qu'elle se barre une bonne fois pour toute afin que je ne souffre plus. Pourtant elle ne céda pas à ma requête silencieuse et s'essaya près de moi. Était-elle folle ?!

« Qu'est-ce que vous faites ?
- Je m'installe, ça se voit pas ?
- Pourquoi vous vous asseyez ?
- Parce que je vous comprends pas. Alors je vais rester ici jusqu'à ce que je vous comprenne. »

Je la regardais, sidéré. Cette fille était vraiment unique en son genre.

« Qu'est-ce que ça peut vous faire de ne pas me comprendre ?
-J'aime pas ne pas comprendre quelque chose. Alors j'insiste jusqu'à ce que je comprenne.
- Et si vous comprenez pas ?
- Bah j'insiste encore plus. »

Vraiment unique...


Je ne savais même pas pourquoi je voulais tellement le comprendre, moi qui détestais les Johnny's. Mais j'en avais réellement envie.

« Pourquoi vous avez mangé dans ce restaurant ? » Je demandais.
« Pardon ?
- Pourquoi vous avez là ? Vous avez beaucoup d'argent, vous pouvez vous offrir mieux... »

Le silence se fit. J'étais bien trop curieuse...

« Je voulais vous voir... » Dit-il d'une voix basse. Je me demandais si j'avais bien entendu.
« Me voir ?! » Je répétai éberluée.

Il leva la tête vers moi, les yeux embués de larmes et je fus prise d'affection pour ce jeune homme que je ne connaissais pratiquement pas.

« Pourquoi me voir ? » Je demandais alors qu'il ne répondait toujours pas.
« Je ... Je crois qu'il y a quelque chose entre nous et que vous le ressentez aussi... »

Il avait raison, je le ressentais dans tout mon être, l'amour se sentait dans l'air, comme un délicieux parfum. Nous parlions toute la nuit ce soir là, sous les étoiles étincelantes.