"I'm so wrong.."

Une sonnerie qu’il ne connaissait que trop bien résonna dans son appartement, celle-ci signifiait qu’un nouveau travail l’attendait.
Il déplaça son corps fatigué jusqu’à l’objet bruyant, l’apporta à son oreille et soupira lascivement un « Oui ».

- Nino, j’ai un nouveau travail pour toi, je t’envoi toutes les infos par mail cette fois-ci, je n’ai pas le temps de te voir.
- Humm..
- Qu’est-ce qu’il se passe ?

« J’en ai assez, je suis fatigué, je me sens horrible.. J’aimerais tout arrêter. »

- Rien.. Il est mignon au moins ?
- … Tu sais que tu peux tout me dire ne
- Oui, mais, je t’assure que tout va bien, je suis juste fatigué de l’affaire précédente.
- Humm.. Ok, et pour te répondre, je suis sur qu’il sera à ton gout ! Tu le connais plus que bien.
- Comment ça ?
Nino fronça ses sourcils.
- Si je te dis « Connu », « Mystérieux », « Artiste multi-facettes » ?
- … Non Masa.. Pas lui..
Le cœur de Nino fit un bond douloureux dans sa cage thoracique, lui coupant sa respiration pendant quelques minutes.
- Tu as sûrement deviné.. Je pensais que ça te ferais plaisir en quelques sorte..
- …
- Je peux mettre quelqu’un d’autre sur l’affaire si tu le souhaites.
Nino sorti de sa transe et sans réfléchir fit peut-être l’une des plus grosses erreurs de sa vie, il regretta ses mots avant même de les avoir dit.
- N-Non ! J’accepte.. Je vais le faire.
- Bien, je t’envoie tout ça dans la journée, Ja ne ~
- Ja ~
Il raccrocha, se sentant plus misérable qu’il ne l’avait jamais été.

Parmi toutes les affaires qu’il avait pu avoir, celle-ci ne lui laissera pas que des remords.. Mais ça, il ne le savait pas encore.

*******

Comme promis, Nino reçut un email contenant des photos, des rapports sur ses habitudes, des fiches sur sa vie relatant en une poignet de feuille son enfance, adolescence, toute son avancée dans la vie jusqu’à aujourd’hui. Devant toutes ces informations qu’il connaissait déjà plus ou moins, Nino pâlit.
Il avait toujours admiré cet homme, le suivant dans toutes ses activités, ne loupant pas les sorties de ses cd, dvd, livres, goodies, tous ce qui pouvait se rapporter à lui, il en était tout simplement fan.
Un frisson lui parcouru l’échine.
- Alors.. Tu es ma prochaine cible..

Le dire à voix haute n’arrangeait pas son état de dépression, face à la réalité qui l’attendait.
Il ferma le clapet de son Pc dans un petit « Clap » d’agacement, soupira longuement puis, se dirigea vers la salle de bain pour se rafraîchir les idées sous une pluie bienfaitrice.

« Je hais ce que je fais, je hais la manière dont je le fais, je hais les personnes à qui je le fais, mais, par-dessus tout… Je me hais. »

******

Le lendemain matin il se leva difficilement, encore réticent à l’idée d’effectuer son travail.
Il alla déjeuner rapidement allumant sa télé comme à son habitude pour être au courant des actualités.
[En avant première nous avons l’honneur d’interviewer le mystérieux « Mr. Rain » sur la sortie de son nouvel album, celui-ci s’intitulant « Over the rainbow ».]

Nino failli s’étouffer en buvant son thé, il était tellement beau, son sourire timide soulignant la rondeur de ses joues, ses yeux à la lueur sérieuses et déterminées, dénotant avec son air somnolent, et, cette voix, cette magnifique voix qui à le pouvoir d’émerveiller, de rendre heureux, de faire pleurer, toutes sortes d’émotions que nous pensons pouvoir contrôler sont pourtant mises a nu par la simple écoute de ses chansons. Nino fixa l’écran buvant chaque parole du chanteur, chaque souffle, combien de fois avait-il fantasmé sur ce souffle chaud pouvant chatouiller sa peau avide de chaleur. Sur ses lèvres qui ne prononcent que des mots purs. Tant de fois il avait rêvé de son idole, d’être dans ses bras, d’avoir le privilège de l’avoir rien que pour lui.

Il frissonna à l’idée que finalement tout cela aller arriver, car oui, même si son cœur lui intimait de ne pas le faire, son travail le mènerai inévitablement vers une fin savoureuse mais, aussi une séparation douloureuse.

******

******

Nino s’était apprêté, portant un costume noir qui lui galbait parfaitement le corps, ses cheveux noirs ébène légèrement coiffé tombaient irrésistiblement devant ses yeux. Il se pinça les lèvres à la vue  de son reflet dans le miroir, cette fois-ci il en avait fait beaucoup plus que d’habitude, avec une dose de fragrance en plus qu’il trouva maintenant de trop.

Il inspira profondément puis, sorti de ces toilettes de luxes pour rejoindre la grande réception qui se tenait dans cet hôtel luxueux.

Tout était d’une beauté déconcertante, des lustres fait de diamants ornée ce hall gigantesque apportant encore plus de profondeur au lieu.
Il se senti si petit face à tant de luxure, ce genre de réception ne le mettait pas du tout a l’aise.
Le stress d’être reconnu, de ne pas réussir le premier contact avec sa cible, ce premier contact est toujours très important, il permet de placer un hameçon, ce petit piège psychologique qui lui permettrait une seconde rencontre.

Face à lui assit sur un tabouret de bar, se tenait son idole. Il n’en croyait pas ses yeux, il était vraiment là, si mystérieux et solitaire, presque coupé du monde un verre à la main, les yeux rivés sur le glaçon qui dansait dans celui-ci.
Nino avala difficilement la boule qui s’était formée dans sa gorge.
- Magnifique.. Souffla t-il

Il s’avança à pas de velours vers sa précieuse qui cible en prenant un passage qui l’obligerait à passer dans son dos, laissant ainsi flotter son parfum  dans l’air à son passage. A quelques centimètres à peine de l’idole son cœur s’emballa bien plus vite que lorsqu’il reçoit sa paie.
-E-Excusez-moi ? Est-ce que ce siège est libre ?
Le chanteur se retourna, il était comme absent mais, surtout choqué que l’on s’adresse à lui, il renifla un peu, s’enivrant de la douce fragrance sucré qui s’échappait de ce bel inconnu.
- N-Non, je vous en prie. Sourit-il poliment.
- Merci
Nino prit place à ses côtés sur l’un des tabourets bordeaux, face au bar fait de bois luxueux, le cœur battant à la chamade.
Le barman s’approcha de son nouveau client, un sourire revendeur accroché à son visage.
- Bonsoir, que puis-je vous servir monsieur ?
- Humm.. La même chose que mon voisin s’il vous plait. Sourit Nino tout en ayant verrouillé son regard sur l’idole assit à côté de lui.
- Très bien, je vous prie de bien vouloir patienter un instant s’il vous plait.

Nino n’avait aucune idée de ce qu’il venait de commander mais, le simple fait de recevoir ce sourire gêné de la part de son idole, suffisait à lui faire boire n’importe quoi, tout sauf l’horrible cocktail surprise dont son ami Masa avait le secret.
Le barman revint très vite avec un verre épais ornée de glaçon au liquide brunâtre avec ce même sourire de façade.

- Voila monsieur, prenez votre temps et passé une bonne soirée.
Il n’avait pas besoin que l’on lui dise, il comptait bien profiter de cette soirée.

Nino se contenta de sourire poliment au barman pour le remercier puis sirota son verre pour en connaitre le contenu. C’était un verre de Whisky, assez brut mais, laissant un agréable goût en bouche.

Il explora la salle rapidement avec ses yeux, personne ne rôdait prêt du bar, ils étaient ainsi assez isolé du brouhaha ambiant, « Parfait » pensa t-il.
Il reprit une gorgé de son alcool, lui valant une traînait de chaleur tout le long de sa trachée encore inhabité a de tel boisson.
Ses yeux légèrement humide après une toux d’inconfort il se tourna vers son voisin de beuverie et lui adressa un sourire charmeur, mais, aussi un peu gêné.

- V-Vous prenez plaisir à être là ?
Au vu du regard étonné que lui adressa son interlocuteur, Nino savait que sa question était plus qu’idiote. Il se maudissait de perdre autant ses moyens face a cet homme.

- Et bien pour être franc, je préférerais être chez moi. Il répondit calmement, de sa voix clair ce qui eu pour effet de faire frissonner Nino.

- Entres nous, moi aussi je rêve de retrouver mon habit de confort et de me prélasser sur le canapé en ne songeant qu’à ce que je pourrais dîner.
Cette réponse n’était pas vraiment ce que Nino ferait mais, après avoir étudié les documents du dossier de sa cible, il avait pu voir que celui-ci éprouvait un bonheur simple a ne ce soucier de rien, vivre dans l’insouciance et l’appréciation de petite chose était son petit confort.

Le chanteur lui sourit sincèrement, le sourire le plus franc qu’il avait pu lui donner depuis le début de la soirée.

- C’est un programme comme je les aime.
Sa voix était faible, presque imperceptible mais Nino l’avait bien entendu, il pouvait même entendre toute ses reprises d’air, soupirs, même entendre ses sourires sincères, ceux qui lui coupent sa respiration pendant quelques secondes.
Il était tellement fasciné, intérieurement il était reconnaissant envers son amie de l’avoir mis sur l’affaire, juste pour pouvoir vivre ce moment privilégié, ne ce souciant pas de la suite. Pourtant il la savait, que ça ne durerait pas.
Les endorphines créent par le sourire de son Idole s’estompèrent, lorsque son portable vibra dans sa poche, le ramenant à la réalité. Il jura mentalement et pris l’objet en mains.

L’écran affiché un message de Masa :
« Hey, alors l’hameçon est en place ? N’oublie pas que c’est la seule soirée où tu peux l’atteindre avec autant de liberté alors ne laisse pas ta chance filer. Bien que tu dois déjà l’avoir presque au bout des lèvres n’est-ce pas ! Tiens moi au courant, Ja ne »

La gorge de Nino se serra, c’était inévitable c’est sûr, mais, au fond il espérait naïvement pouvoir profiter de cette proximité en toute innocence.

« C’est si dur.. Si dur, et pourtant je suis là. »

Il se tourna de nouveau vers le chanteur, celui-ci paraissait un peu ivre, pas assez pour regretter ses paroles mais juste ce qu’il faut pour le désinhiber un peu.
Nino savait qu’il serait facile pour lui de le mener là où il le voulait, oui ce serait aussi facile que de dire « bonjour ». Sauf qu’à cet instant, ce petite organe appelé cœur, celui qui n’avait jamais servit qu’à pomper son sang, décida enfin de se manifester. Il cognait fort dans sa poitrine, comme un avertissement pour fuir loin d’ici, de ne pas franchir cette ligne de non-retour.

Une main sur sa poitrine Nino jura dans sa barbe, pourquoi maintenant ?! Pourquoi après des années de pratique ? Pourquoi a cause de « lui »…
Il se décida à partir, sachant que ça ne le mènerait à rien de bon. Il termina son verre dans une expression renfrogné et commença à sortir son porte feuille pour payer sa consommation.
Une main rapide vain se poser sur la sienne qui s’apprêter a déposer quelque billets. Dire qu’il était choqué était un euphémisme. Il venait de geler sur place, incapable de bouger, ni même de tourner son regard vers le propriétaire de cette main, cette magnifique et chaude main aux doigts longs et fins, donc les ongles étaient parfaitement coupé, peut être même manucuré de part leur brillance. Ce contacte sur sa peau eu l’effet d’un électrochoc.

- Laissez, il est simple de voir que cette boisson ne vous convenait pas, et j’en suis un peu le fautif.

Nino fut surpris que ses poumons réclame de l’oxygène, depuis quand c’était il arrêté de respirer ?
Il ne bougeât pas d’un centimètre, seul sa tête se tourna vers l’Idole dont le sourire éclatant n’avait de cesse de rendre le cœur de Nino hors service. Ses yeux étaient doux et prévenant, avec un air inquiet et sincèrement désolé.

Nino trembla un peu, tout son corps était brûlant, ses sens aux aguets, mais son cœur.. Son cœur tambourinait sa mince cage thoracique, si il pouvait lui parlait il l’entendrait dire « Fuis Abruti ! Dégage de là ! Tu sais comment ça va se finir non ?! ».
Il inspira doucement, dégageant son esprit des appels de son cœur et réfléchit aussi vite que son cerveau le permettait.
Là, sans même faire d’effort sa cible lui offrait presque la canne pour le pêcher sans même placer d’hameçon. Soit il s’en servait sens remords pour le rapatrier un peu plus près de  son but soit il prenait ses jambes a son cou.
« De tel dilemme ne devrait pas exister » pensa t-il.

Un flash lui vint par bribes dans son esprit embrouillé : « N’oublie pas que c’est la seule soirée…l’atteindre…Liberté…Chance…filer.. »

Le message de son ami clignoté dans sa tête comme un panneau attrayant pour une nuit de plaisir. Une bien de grande partie de lui savait qu’il avait raison, « de tel chance ne se reproduise jamais ! Pourquoi se priver ? Il t’offre pratiquement de le prendre dans un lit ! » L’esprit de Nino fut submergé par des pensées insensées et des raisons erronées qu’il s’offrait pour sauter le pas.

Il ramassa soigneusement ses billets dans son porte feuille, le rangea dans sa poche et sourit tendrement au chanteur.

- Puis que vous m’offrez ce verre, laissez moi vous offrir un café ou quelque chose de plus soft dans un endroit moins  oppressant une prochaine fois.
Nino lui offrit son sourire « let's in fire », avec un regard tendre et confiant.

Le chanteur le regarda étonné ouvrant sa bouche à plusieurs reprises ne sachant quoi dire.
Il était véritablement gêné et incertain. Nino rajouta.

- Pour vous remercier … Je ne vous ai pas demandé votre nom..

La bouche de l’idole s’ouvrit dans une forme nette et ovale tel un « O », son expression mi étonnée mi horrifié se changea en un sourire chaleureux et reconnaissant.
Il n’aimait être traité comme l’idole multi-facette et a l’aura mystérieuse, « Mrs. Rain », non ce qu’il voulait c’était être vu en tant que Ohno Satoshi. A ses début on lui avait assuré par bien des arguments qu’un nom de scène serait bénéfique, il avait accepté, mais, aujourd’hui il détestait plus que tout qu’on ne le reconnaisse que par ce nom de scène, ce personnage énigmatique qu’il avait crée et non pour « lui », Ohno Saroshi.
Cet home venait de bouleverser quelque chose en lui, de secouer une parcelle qui dormait jusque là au fond de son être.
La curiosité d’en découvrir la provenance, d’en expérimenter l’envie, affaibli instantanément toutes ses barrières.

Le charme quasi naturel de l’homme se tenant en face de lui mais aussi, son sourire rassurant, lui valu une perte totale de l’emprise qu’il pouvait avoir sur sa raison. L’alcool lui sommant de lâcher prise.

- J-Je.. J’accepte avec plaisir. Dit-il sans réelle conviction.

Nino rayonna d’autant plus à cette réponse, son cœur battant la chamade.

- Très bien, échangeons nos numéros pour convenir d’une date.
- O-oui..

Ils sortirent leurs portables échangèrent leur numéro  Lorsque Nino lui demanda a quel nom il devait nommer son nouveau contacte l’idole lui répondit dans un sourire aussi destructeur que le soleil songea Nino.

- Ohno Satoshi, E-Et vous ?
- Ninomi.. Nino Kazunari.

Ils sourirent tout deux, Nino non sans un pincement au cœur, il venait de lui mentir pour la seconde fois..
Se réjouir de le revoir ou se maudire d’avoir réussi l’amorçage ?
Un combat contre lui-même fit rage entre joie et dégoût.

- A une prochaine.. Oh’chan.

Il sourit faiblement, au final la joie de le revoir et d’avoir la chance de l’appeler par son nom le rendait excessivement heureux.
Il se détourna de son petit bout de paradis et sorti précipitamment de ce doux enfer, « quel paradoxe » sourit-il amèrement.
Il laissa derrière lui un Ohno Satoshi comblé et déjà anxieux a l’idée de revoir cet homme énigmatique et téméraire.

-Ja ne.. Nino..
Il ne pouvait déjà plus détacher son regard de ce petit homme au coté tout aussi mystérieux que son propre personnage.


******

******

Cela faisait trois jours, trois longs jours que Nino se demandait seulement si il serait capable de voir le soleil se lever le jour d’après. Il était tiraillé entre l’excitation, l’impatience mais aussi la haine de ce qu’il était inexorablement entrain de faire, pourtant l’envie prenait le pas sur tous ses tourments, et il restait ainsi prostré sur son canapé, ses genoux appuyés contre son torse, le regard vide, fixant l’écran noir de son portable sur la petite table du salon, d’ans l’espoir que celui-ci s’anime, chantonnant l’une des magnifiques mélodies de son idole, sa préférée « Song for me », comme sonnerie personnalisé en cas de réception de quoique ce soit provenant de lui.

C’est la première fois de sa vie que son corps réagissait à l’unisson avec son cœur, il y a des années de cela, il avait banni tous sentiments pouvant troubler son travail et sa santé mentale par la même occasion.

- Mais qu’est-ce que je suis entrain de faire là ?.. Soupira-t-il.

Oui, rien de tout cela ne lui ressemblait, mais au fond, c’est comme si il avait toujours désiré cette sensation, cette emprise sur son cœur.

C’est la tête lourde et le corps mou qu’il alla se doucher dans l’espoir de se vider l’esprit de toutes ces questions qui le hantent un peu plus chaque minute.
L’eau chaude courait sur son corps à la peau d’un pâle maladif, ses muscles se détendirent un peu au contact de cette douce chaleur, mais parmi cette multitude  de gouttelettes vivifiante, quelques gouttes salées ayant un goût de regret, fuyaient de ses yeux inexpressifs.

- Bordel ! Je suis pathétique..

Peu importe à quel point il se dénigrerait, aucuns mots, aucunes douches aussi chaudes soient-elles, ne pourront le laver de ses remords.

« Je me dégoûte ! Si ! Si… Si seulement je ne l’avais pas rencontré.. Oui.. si seulement »

******

- Hey Nino ! Alors comment ça se passe avec ta nouvelle cible ? Tu y prends du plaisir haha ?
- La ferme Masaki ! Cracha t-il
- … Oww qu’est-ce qui me vaut cette agression ?
- …
- Nino.. Tu sais, je pense qu’il vaudrait mieux que tu laisses cette mission a quelqu’un d’autre.. Normalement Jun est lib-
- Non ! Je-Je vais le faire ne te soucies pas de moi se sera bientôt terminé.
- Mais Ni-
- Masa, je te remercie mais tout va bien, il n’y a aucun problème.
- Si tu le dis.. Tu veux aller boire un coup ?
- Non désolé ce soir j’ai prévu autre chose, en bien meilleure compagnie.
- Ahh je vois ! Et bien je vais te laisser alors, pense a me tenir au courant et pas que pour le travail.. Nous sommes amis ne.
- Merci Masa, ja ne.

Nino raccrocha rapidement son portable le jetant à quelques mètres plus loin sur le canapé.
Il soupira lourdement, reprit sa manette de wii pour conduire Mario a la princesse Peach mais, a part entendre le son strident de la défaite il n’arrivait a rien de bon.

- Merde !

« Pourquoi.. »

******

C’est allongé sa chemise largement ouverte, sur son canapé,  semi-conscient que Nino buvait sa sixième bière, avec pour fond sonore « In Between » qui ne cessait de tourner en boucle.


- Merde Merde Merde ! Qu’est-ce que je fous ?!

Nino se souvint des paroles de son ami un peu plus tôt :
« Nino.. Tu sais, je pense qu’il vaudrait mieux que tu laisses cette mission a quelqu’un d’autre.. Normalement Jun est lib-»

- Bordel non Masaki ! Je ne peux pas laisser quelqu’un d’autre le toucher ! Merde ! Pourquoi ça fait si mal..

Il jeta sa main libre sur son visage, frottant celle-ci frénétiquement sur son expression fatiguée.

« Ce n’est pas juste.. Il n’avait pas le droit d’entrer dans ma vie et de tout troubler ! »

Une autre gorgée forcée de cette boisson amère accompagnée d’un picotement aux yeux qui ne signifiait rien d’autre qu’une nouvelle vague de larmes.
Nino se sentait pitoyable d’avoir de tels sentiments.

- Aussi pathétique que Jun sans perma-

Il fut coupé dans sa phrase comme dans sa respiration.
C’est comme si tous les événements de ces trois derniers jours venaient d’être balayés en une fraction de seconde part une formule magique, une mélodie inestimable, une voix incomparable.

Il n’en croyait pas son ouïs ! Non ce n’était pas possible ! Sérieusement ?

Il se releva rapidement, trop rapidement, jeta sa canette au loin et s’élança vers ce petit objet aux grandes promesses malgré son étourdissement. Une fois entre ses mains moites il fixa intensément l’écran qui s’animait joyeusement. Son cœur battait a cent a l’heure dans sa fine cage thoracique, ses yeux piquaient face aux couleurs excessivement lumineuses et son crâne lui dictait de se calmer.
C’est comme si tous ses neurones étaient de nouveaux en action, les vapeurs d’alcools étant déjà un bien lointain souvenir tout comme son état de dépression.

- Merde ! Respire Kazu.. Ce n’est rien, il suffit juste de répondre, ce n’est pas comme-ci ça faisait des jours que tu désespérais de ne plus jamais le revoir hein !

Il respira profondément, inspirant l’air chaud et nauséabond de son salon, n’ayant pas était renouvelé depuis 3 jours. Il essuya les quelques larmes qui s’étaient formaient aux creux de ses yeux d’un revers de main, puis se décida a ne plus agir comme une ado devant son premier amour.

Il souffla un bon coup puis pressa la touche « décrocher » de son portable.

- Bonsoir Oh’chan. Sourit-il

- Bonsoir Oh’chan. Sourit-il
- Ni-Nino-san ?
- Tu peux seulement m’appeler Nino, Oh’chan.
- Nino..

Une chaleur d’une intensité inexplicable se diffusa dans le frêle corps de Nino. Son sang circulait à une vitesse incroyable commandé par un cœur qui ne contrôlait plus ses battements.

- Co-Comment vas-tu ?
- Bien mieux maintenant.. Dit-il plus pour lui-même.
- …
- Oh’chan ?
- O-Oui, je.. Je voulais te demander si de-demain tu serais libre pou-
- Oui bien sûr !
- Vraiment ?
- Ce serait avec plaisir, Sourit-il
- Nou-Nous pouvons nous rejoindre au café Arashi pour 16h.
- Très bien, j’y serais.
- Merci Nino..

Nino sentit toute la joie et l’euphorie du moment faire chuter son cœur loin dans son estomac, le rendant nauséeux de lui-même.

- Me-Merci ?
- Oui.. Je sais que l’on ne se connait pas vraiment.. Mais j-je me sens « moi » avec toi, Merci Nino.

Ohno laissa échapper un petit rire gêné.
Tandis que l’estomac de Nino jouait au tsunami émotionnel.

- Oh’chan.. Tu sais.. J-Je.. Il faut qu-
- Ah désolé Nino, je dois raccrocher, on se voit demain, ja ne~

Nino avala difficilement le peu de salive qui pouvait rendre sa gorge un peu plus fluide.

- Ou-oui à demain Oh’chan, ja ne.

Cette dernière phrase fut suivie de l’horrible « Tut TutTutTut.. », résonnant comme une cloche mortuaire aux yeux de Nino.
Son estomac déjà bien retourné menaçait de tout relâcher, il s’empressa d’aller dans sa salle de bain et s’effondra à genoux face à la cuvette des toilettes. Le peu de nourriture qu’il avait ingurgité et les litres de liquide âcre ne restèrent pas plus longtemps dans son organe fatigué.

Une fois son corps vidé de son horrible mélange de dégoût de soi et de remord, il se rinça la bouche pour éradiquer ce goût acide de labile.
Le reflet qu’il vit dans son miroir l’exaspéra.. « Une épave », il n’y avait aucun autre mot pour le décrire.

- J-Je..

« Ce n’est pas ce que je voulais, crois-moi.. »

******

Nino n’avait pas vraiment dormi de la nuit, et lorsque le soleil réchauffa quelque peu son salon jusqu’ici plongé dans une atmosphère sinistre, il se décida à prendre une douche pour effacer toutes traces de ses doutes.

Cette nuit là, il avait pris sa décision.. Plus rien ne le ferait douter sur ce qu’il allait faire. Il n’en avait pas le droit.

« C’est fini.. Je gagnerai définitivement contre mes stupides sentiments !.. Sinon je risquerais de perdre bien plus..Me perdre moi-même »

******

16h arriva bien trop rapidement selon Nino, dont les nerfs étaient prêts  à lâcher pour le laisser pleurer seul dans le noir tout recroquevillé sur lui-même.
Il portait une tenue tout à fait simple, mais, suffisamment moulante pour attirer tous les regards affamés lors de son passage dans la rue menant au café Arashi. En rentrant dans le café il fut surpris de voir à quel point ce lieu respirait le naturel et la bienveillance.

Un homme d’une beauté presque inhumaine et au corps visiblement bien entretenu l’accueillit avec un magnifique sourire.

- Bienvenue au café Arashi ~

Nino lui sourit simplement en retour.

- Êtes-vous seul ?

Avec gêne et surprise Nino répondit rapidement.

- C-comment ?

Une voix venant de derrière lui répondit gaiement.

- Une table pour deux Sho-chan.
- Oh ! Satoshi-kun ! La table habituelle c’est ça ?
- Oui s’il te plait
- Très bien !

L’homme repartit toujours aussi souriant et amicale, laissant un Nino abasourdi et extrêmement gêné accompagné de l’artiste visiblement habitué à cet endroit et ses employés.
Il n’osa pas se tourner vers le chanteur.. Encore honteux de s’être trompé sur le sens de la question.

- C’était le gérant de ce café Sakurai Sho, mon ami d’enfance.

« Bien sûr… Comment j’ai pu passer outre ses connaissances lors de ma lecture du dossier.. AH je sais ! J’étais trop occupé à m’extasier ou à m’apitoyer » pensa amèrement Nino.
C’est avec un courage titanesque qu’il se tourna vers l’idole lui offrant son meilleur masque de séducteur.

- Oh vraiment ? C’est un magnifique endroit, on s’y sent à l’aise, bien plus qu’à ces soirées costard/cravate. Il rit sans réel conviction.
- Oui c’est tout à fait ça, j’aime énormément venir ici, c’est mon petit havre de paix en quelque sorte.

Nino se tritura les doigts dans l’inconfort du moment, il n’arrivait pas à penser intelligemment.

Le propriétaire du café arriva rapidement comblant cet horrible silence pour le plus grand bonheur du séducteur.

- Votre table est prête ! Je vous invite à y prendre place.
- Merci Sho-chan.

Ce fut la deuxième fois qu’il appela  le propriétaire avec ce surnom affectif toujours accompagné d’un regard tendre.. Et Nino commençait à en être envieux voir irrité.

Une fois assit à leur table habilement placée dans le fond du salon intérieur, Nino prit le temps de détailler Ohno. Celui-ci portait un simple jean dépareillé, un t-shirt blanc à motifs dont une chaîne argentée en apportait de l’élégance,  surplombé par un gilet à grosse maille bleu marine, le tout agrémenté d’une casquette et paire de basket en toile blanche.

Nino avala difficilement, subjugué devant cette simplicité mais beauté invraisemblable. C’est avec désir qu’il renifla l’air dans l’espoir d’en capturer l’essence du chanteur.

- Je suis heureux de te revoir Nino-sa-.. Nino. Sourit-il
- Moi aussi Oh’chan
- T-tu veux boire ou manger quelque chose ?
- Oh.. Euh oui un café sera bien.
- Très bien, Sho-chan !
- Oui ?
- Deux cafés et pancakes s’il te plait.
- Tout de suite ~
- Mais je n’ai-
- Les pancakes de Sho-chan sont délicieux il faut que tu y goûtes.
- D-d’accord.

Un autre silence inconfortable les entoura, mais, bizarrement ce n’était pas si mal que ça. Dans ce silence c’est comme s’ils se comprenaient sans même à avoir un mot à dire.

Cette tranquillité fut coupée par l’arrivée de l’ami de l’idole, tenant un grand plateau comportant deux tasses de café fumantes et deux assiettes remplies d’une pile de pancakes chacune, qu’il déposa avec délicatesse face a eux.

- Voila vos commandes.
- Merci
- Merci Sho-chan
- Prenez votre temps.

Il repartit avec ce même sourire contagieux pendu à ses lèvres.
Ohno lui sourit l’invitant à commencer sa dégustation des crêpes épaisses.

- Délicieux.. Souffla Nino après en avoir goûté un bout élégamment coupé.
- N’est-ce pas ! Le chanteur ria simplement dégustant lui-même son assiette avec intérêt.
- Tu viens souvent ici ?
- Humm.. Lorsque mon travail me le permet.. Tu.. Tu sais qui je suis ? Dit-il gêné.
- Oui, Ohno Satoshi.
- Oui.. Mais-
- Je m’en suis rendu compte quelques temps après mais.. Je préfère te connaitre en tant qu’Ohno Satoshi si tu n’es pas contre..

Le chanteur avala bruyamment avant de toussoter.

- Je-J’aimerai bien.
- Alors faisons comme ça !

Pendant le temps qu’ils prirent à manger et siroter leurs cafés, ils ne cessèrent de parler de tout et de rien. C’était une atmosphère totalement nouvelle pour Nino. Il n’avait jamais connu cette attirance envers quiconque avant. Ce sentiment d’être complété, apprécié pour ce qu’il est vraiment.. Il avait beau se cacher derrière un masque, sa personnalité et son vrai « Moi » se reflétaient sans qu’il ne puisse s’en empêcher.

« Ça ne va pas.. Je n’arrive pas à me cacher derrière un masque »

Le ciel avait pris bien trop vite une teinte sombre, Nino jura mentalement lorsqu’il vit l’idole regarder son portable avec tristesse et résignation, ne sachant que trop bien ce que ça signifiait.

Ohno le fixa avec une expression désolé avant de lui sourire faiblement.

- Je suis désolé Nino.. J’aurai aimé rester beaucoup plus longtemps mais.. Demain j’ai un travail important assez tôt.
- Je comprends Oh’chan, ne t’inquiète pas.

« Non je te mens.. Reste s’il te plait.. »

- Je vais payer l’adition ne t’en préoccupe pas, j’ai vraiment passé un très bon moment, Merci Nino.
- Merci Oh’chan..

« Qu’est-ce que je suis entrain de faire ? Dire au revoir a un ami ?.. Je.. Je dois.. »

Ohno se leva et se dirigea vers le comptoir suivi de près par Nino. Il paya son ami et promis de revenir très vite comme à son habitude.

- Au revoir et merci ! A très bientôt j’espère, Oh ! Et Satoshi-kun appelle moi d’accord.. ~
- O-oui ! Rougit-il

Nino salua simplement le propriétaire le remerciant pour son hospitalité, n’aimant pas vraiment la proximité qu’il entretenait avec son idole.

Une fois sorti du petit café Ohno se tourna vers Nino tout en ayant l’air de chercher ses mots.

- Je.. On pourra se revoir.. Comme ça ?
- Bien sûr ! Nino répondit sans même réfléchir.

Le visage d’Ohno prit une légère teinte rosé au niveau de ses petites joues boudinées. Il sourit timidement puis, s’en prévenir vint voler un simple baiser.

Nino n’en revenait pas, la douceur de ses lèvres, chaudes et moelleuses contre les siennes, la soudaineté de son geste mais aussi la gêne non dissimulé sur son visage poupin après son acte.

- Je.. J’y vais ! Ja ne Nino ~

Nino n’eut pas la rapidité d’esprit pour lui répondre, et la vitesse à laquelle celui-ci s’était littéralement enfuis ne lui avait pas vraiment permis ce luxe. Il le fixa disparaitre parmi une multitude de personnes, avant de lui-même bouger son corps encore en état de choc.

La tendresse de son geste, le côté maladroit et soudain.. Nino ne contrôlait plus rien et c’était bien ça qui l’effrayait autant que ça l’attirait. C’est inconsciemment qu’il caressa ses lèvres du bout de ses doigts tout en marchant sans réellement savoir où il allait.

« Qui a mordu a l’hameçon de qui ?.. Je me le demande... »