Crazy Family

Chapitre 1

Pourquoi ? Pourquoi était-ce arrivé ? Pourquoi ? Telles étaient les pensées de Sakurai Sho depuis le début de la crémation de sa mère. Il était seul dans la salle. C’était normal puisqu’ils n’avaient aucune famille. Son père ? Il ne l’avait jamais connu, il était parti peu après sa naissance. Il était seul à présent. Sa mère venait de perdre la vie dans un accident de la route. Qu’allait-il faire ? Vendre leur appartement ou y rester ? Il avait tout de même 27 ans, il pourrait vendre leur vieil appartement et s’en offrir un neuf pour enfin commencer une nouvelle vie tout seul. Mais il n’en avait pas plus envie que ça à vrai dire…
Après l’incinération, on lui rendit les cendres de la défunte dans une urne. Il sortit alors du crématorium et marcha jusqu’au cimetière où un homme l’attendait. Il pleuvait à seau et il n’avait rien à se mettre sur la tête mais il s’en fichait complètement. Après avoir posé une dernière fois la main sur l’urne encore chaude, l’homme referma le columbarium à l’aide d’une plaque de marbre qu’il vissa. Sur cette plaque on pouvait lire : » Sakurai Youko 28 mai 1952 – 3 mai 2009 »
L’homme le laissa seul devant la plaque et une fois qu’il fut vraiment seul, Sho pleura, il pleura toutes les larmes de son corps sans se retenir. Il n’avait personne, personne qui pouvait l’aider et le soutenir dans cette épreuve, même pas un ami.
Soudain, il remarqua qu’il ne pleuvait plus. Du moins au-dessus de lui. Il releva la tête et vit un homme en costume noir, tenant un parapluie transparent au-dessus de sa tête. L’homme lui sourit.
- Qui êtes-vous ? demanda Sho sans se relever.
- Permettez-moi de me présenter, je m’appelle Kashiyama, je suis le majordome des Ninomiya.
- Que me voulez-vous ?
- Il se trouve que mon employeur, Ninomiya-san lui-même, est votre père, Sakurai Sho-kun.
Le jeune homme resta interdit suite aux paroles du majordome. Il se releva pour lui faire face.
- Je ne crois pas un traitre mot de ce que vous dites et puis d’abord, comment connaissez-vous mon nom ?
- Je vous l’ai dit, c’est votre père qui m’emploie.
- Foutaises, laissez-moi tranquille, ma mère est morte, j’aimerais être seul.
Sho s’éloigna d’un bon pas pour s’éloigner au plus vite de cet homme étrange. Celui-ci l’interpela cependant.
- Sakurai-kun, écoutez-moi, je peux vous expliquer.
Le concerné regarda son interlocuteur.
- Je vous accorde 10 minutes pas plus.
Le majordome sourit et emmena Sho vers une limousine. Une fois à l’intérieur, l’homme s’assit sur un siège en face de lui.
- Vous allez enfin m’expliquer oui ou non ? dit Sho qui commençait à perdre patience.
- J’y viens ne vous en faites pas. Tout d’abord, votre père n’a jamais abandonné votre mère. C’est l’inverse qui est arrivé…
- Je vous demande pardon ?
- Laissez-moi vous raconter.
Le jeune homme s’enfonça un peu dans le siège de la luxueuse voiture et croisa les bras sur sa poitrine attendant le récit de Kashiyama.
- Il y a 27 ans, le 25 janvier 1982, vous naissiez de Sakurai Youko et Ninomiya Yukinari, mon maître. Quelques jours après, votre père perdit son travail et comme évidemment il se devait de subvenir aux besoins de sa famille, il chercha du travail pendant plusieurs semaines en vain. Comme il désespérait de ne pas retrouver un emploi, il sombra dans l’alcoolisme. Votre mère tenta de nombreuses fois de le raisonner mais n’y parvint pas, son mari devint peu à peu violent et la battait de plus en plus souvent. Une nuit, après une grosse dispute entre vos deux parent qui s’était terminée par les coups, votre mère décida de s’enfuir pour son bien et surtout le vôtre. Elle avait peur qu’un jour la colère de mon maître soit telle qu’il s’en prenne à vous.
- Qu’est-ce qui me prouve que tout ceci est vrai ?
L’homme sortit un bout de papier de sa poche et le tendit à Sho.
- C’est une lettre que votre mère a laissée, la nuit de son départ.
Le jeune homme se saisit du papier et le lut, c’était bien l’écriture de sa mère. Alors il disait vrai. Il rendit la lettre à Kashiyama.
- Dites-m’en plus.
- C’est le départ de votre mère qui a fait réagir mon maître, ce jour-là, il s’est repris en mains et s’est fait aider pour son alcoolisme. Il a trouvé une place comme vendeur dans un konbini et faisait de son mieux pour gagner sa vie. Mais jamais, jamais il ne s’est remis de vous avoir perdu. Bien sûr il a essayé de nombreuses fois de retrouver votre mère mais elle a tout fait pour que son ex-mari ne la retrouve jamais. 2 ans après, il y a eu une coupure de courant dans toute la ville et il ne pouvait plus sortir du magasin car les portes automatiques ne fonctionnaient plus. Par chance, il n’était pas seul, une jeune femme faisait des courses à ce moment, il a alors décidé d’aller vers elle et ils ont fait connaissance. Il apprit que cette charmante jeune femme avait déjà été mariée et qu’elle avait un fils d’un an prénommé Masaki. Il apprit également qu’elle était l’héritière d’une grosse entreprise. Mais peu lui importait, ce fut le coup de foudre pour tous les deux et ils se donnèrent plusieurs rendez-vous. Par la suite, il rencontra ses parents qui lui proposèrent de travailler dans l’entreprise. Mon maître accepta et gravit rapidement les échelons jusqu’à arriver au poste important de vice-président. Entre temps, lui et madame ce sont mariés, il adopta ainsi Masaki son beau-fils et devint le meilleur père qui soit pour lui. Sans doute, voulait-il se racheter pour ne pas avoir été le même avec vous. En mai 1985, les parents de madame nous quittèrent suite à un accident de la route. Ils héritèrent ainsi de l’entreprise et de toute leur fortune et le mois suivant, le 17 juin plus exactement, madame donna naissance à des jumeaux, Kazunari et Riisa.
Sho ne disait rien, prenant le temps de digérer tout ce qu’il venait d’apprendre : 1) Son père s’est remarié, 2) il est devenu très riche, 3) Il a trois autres enfants.
- Sakurai-san ?
- Ha…Hai.
- Si vous le voulez bien, quelqu’un a envie de vous rencontrer.
- Eh ?
Kashiyama ne répondit pas mais apporta un ordinateur et le posa devant Sho. Il l’ouvrit ensuite et le jeune homme put y voir un homme passé la cinquantaine qui le regardait le sourire aux lèvres.
- Eh ? répéta-t-il.
- Comme je suis heureux de te voir Sho…dit l’homme. Je suppose que Kashiyama t’as expliqué ?
- Hai…
- Je voudrais m’excuser pour mon attitude, j’aimais énormément ta mère, mon alcoolisme m’a fait faire des choses que je regrette profondément, crois-moi. Je sais qu’elle est morte à présent mais si elle peut m’entendre, j’aimerais qu’elle sache que je veux m’excuser.
- …
- Ma seconde épouse me rend très heureux mais elle ne pourra jamais remplacer ta mère.
Mais où voulait-il en venir ? Cet homme le tutoyait soudainement et cela le gênait terriblement, bien sûr il s’agissait de son père mais il n’en était pas moins un inconnu. Il lui parlait comme s’ils ne s’étaient simplement pas vus depuis quelques années mais Sho n’avait rien à lui dire à cet homme. Il ne l’avait jamais vu, ne l’avais jamais connu et voilà qu’il débarquait dans sa vie comme si de rien n’était.
- Sho… j’ai quelque chose à te demander, je…
- Non, attendez ! Attendez ! D’accord vous êtes mon père mais on ne se connait pas, je ne vous avais jamais vu avant aujourd’hui alors je pense que vous feriez mieux de me laisser tranquille, je veux rester seul.
Sho voulut sortir de la voiture mais le majordome verrouilla les portières.
- Eh ! laissez-moi sortir ! Je vous préviens, je vais porter plainte dès que je serai sorti !
- Sakurai-san vous feriez mieux d’écouter la requête de mon maître.
- Je veux sortir je vous ai dit ! laissez-moi en paix ! je ne vous connais pas !
- Sakurai-san, écoutez Ninomiya-san et je vous ouvrirai.
- Vous êtes sadique !
- Je ne fais qu’exécuter les ordres, monsieur.
Le jeune homme voulant sortir le plus vite possible n’eut d’autre solution que d’aller se rasseoir et d’écouter son père. Mais quelle était cette requête ? Sans trop savoir pourquoi, cela ne lui disait rien de bon.
- Je disais donc que je voyage beaucoup pour mon travail. Mes enfants sont seuls…
- Ils sont adultes non ? Ce ne sont plus des enfants, je ne vais pas servir de baby-sitter.
- Non, ce n’est pas ça ! rit Ninomiya-san.
Sho, lui, n’avait pas envie de rire.
- Hum…bon…Je voudrais que tu sache que j’ai passé les 27 dernières années à vous chercher toi et ta mère. Je voulais lui prouver que j’avais changé, certes je me suis remarié, mais je voulais te voir. Et maintenant que je t’ai retrouvé, j’aimerais que mes 4 enfants soient réunis. Sho…viens habiter chez nous.
- Quoi !? Non, je ne peux pas ! je vous ai déjà dit qu’on ne se connaissait pas ! alors vos enfants…
- S’il te plaît Sho…tu ne vas pas rester seul.
Le jeune homme baissa un peu la tête. Ça ne l’enchantait pas tellement d’être seul dans un vieil appartement mais d’un autre côté, vivre avec des étrangers n’était pas mieux.
- Je ne sais pas.
- Je te donne une période d’essai d’un an.
- Chotto matte ! un an…c’est un peu…
- C’est un défi que je te lance.
- Pardon ? c’est un défi maintenant ?
- Disons que oui, tu restes un an chez nous et à la fin, tu choisis si tu veux rester ou retourner dans ton appartement seul et ne plus nous revoir de ta vie. Marché conclu ?
- Bien…c’est d’accord, je viendrai.
- Aaaah ! je savais que tu finirais par accepter ! sur ce, je dois y aller, bonne chance !
Et l’écran devant noir.
- Ch…
- Puis-je vous raccompagner chez vous jeune maître ?
- Euh…Je…oui je veux bien.
- Détendez-vous, désirez-vous quelque chose à boire ?
- Euh…non merci.
- Bien.
Kashiyama ne dit plus rien et laissa Sho seul à l’arrière du véhicule. Un an. Il devrait vivre un an en compagnie d’une bande d’inconnu sous prétexte qu’ils étaient ses frères et sœurs. Il se passa les mains sur le visage pendant que la limousine démarrait. Ça ne pouvait être qu’un rêve. Bientôt il allait se réveiller dans son lit, dans son appartement et devrait se préparer pour les funérailles de sa mère. Oui, il allait se réveiller.

*****

Pourtant le lendemain, il dût se rendre à l’évidence, tout cela était vrai. Kashiyama devait venir le chercher le surlendemain. D’ici là, il avait du temps pour lui et pour préparer ses affaires. Il se leva et s’étira brièvement avant d’aller prendre une douche froide pour se réveiller. Il but ensuite un café après avoir enfilé un vieux t-shirt et un pantalon de training. Il voulut commencer à emballer ses affaires mais il n’en eut bientôt plus le courage et alla s’asseoir sur le canapé. C’est alors que ses yeux se posèrent sur les affaires de sa mère qu’il avait emballées quelques jours plus tôt. Comment sa situation avait-elle pu changer en si peu de temps ? D’ici deux jours il habiterait dans une maison luxueuse avec trois personnes dont il ne connaissait rien et un majordome, le tout pendant un an. Il soupira et alluma la télévision.

*****

Le jour venu, Kashiyama vint sonner chez Sho. Celui-ci sortit alors sa valise et quelques cartons puis ferma la porte à clé. Voyant que son nouveau maître voulait tout prendre lui-même, le majordome se saisit de quelques-uns de ses bagages.
- Laissez-moi faire monsieur.
- Non, non, je vais les prendre c’est bon Kashiyama.
- Sakurai-san, vous avez une valise et trois cartons à porter, laissez-moi les cartons, cela fait partie de mon travail.
- Mais je…
- Sakurai-san, vous devez vous habituer à votre nouveau style de vie. Rit le majordome.
Le jeune homme céda et Kashiyama prit ses cartons avant de se diriger vers l’ascenseur.
Une fois dehors, l’homme déposa les cartons et la valise de son jeune maître dans le coffre de la limousine. Il ouvrit ensuite la portière arrière et laissa monter Sho. Le jeune homme s’installa confortablement et boucla sa ceinture. Kashiyama abaissa la vitre séparant le conducteur et le passager.
- Tout va comme vous voulez jeune maître ?
- Je…euh…oui…
- Vous êtes anxieux ?
- Qui ne le serait pas à ma place ? Kashiyama ?
- Oui monsieur ?
- Comment sont-ils mes…frères et sœurs ?
- Aaaah…eh bien, Masaki est un gentil garçon, toujours très joyeux et spontané mais surtout très sensible, parfois trop.
- …
- Pour ce qui est des jumeaux, ils ont tous les deux un caractère fort même si Riisa-chan est plus tolérante que son frère et plus amicale au premier abord. C’est une gentille fille. Kazunari, lui, hum…il n’est pas méchant du tout mais il a mauvais caractère et il est méfiant. Une fois qu’on le connait bien il n’en est plus rien…enfin son caractère reste le même mais il est plus agréable à vivre. Il ne faut surtout pas être sur son chemin lorsqu’il est énervé. Il est surtout très protecteur envers sa sœur jumelle et la place constamment sur un piédestal.
- Et ils sont au courant de ma venue ?
- Oui.
- Et qu’en pensent-ils ?
- Ne vous en faites pas Sakurai-san, tout ira bien. Sourit le majordome.
La vitre remonta lentement. Cela n’aidait pas du tout Sho.

Chapitre 2

Une vingtaine de minutes plus tard, la limousine se gara devant une immense maison d’allure moderne. Le jeune homme en descendit et découvrit un jardin tout aussi impressionnant que l’habitation. Il observa le lieu longuement d’un drôle d’œil quand Kashiyama le sortit de ses pensées.

- Vous pouvez entrer monsieur, j’apporte vos bagages.
- Vous êtes sûr que…
- Allez-y.

Sho ne dit rien et s’avança vers le porche de la maison. Il posa une main sur la poignée de la porte et l’actionna. Dans le hall d’entrée, rien d’anormal. Alors le jeune homme fit comme chez lui et retira ses chaussures, c’est alors qu’un énorme poids plein de poils lui sauta dessus et s’empressa de relaver son visage. Sho, effrayé, ne put que crier.

- Au secours ! à l’aide ! Sauvez-moi !
- Balzac ! je t’ai déjà dit de ne pas sauter sur les gens comme ça ! fit une voix tout en retirant l’animal du visage du jeune homme.

Sho vit alors un visage au-dessus du sien plaqué au sol.

- Excuse-le il se comporte comme ça avec les inconnus, je suis désolé.
- Ce…ce n’est rien. Fit le jeune homme en se relevant.
- Ah ! Alors c’est toi notre frère ? Aiba Masaki enchanté ! dit l’autre en lui serrant la main.
- Sakurai Sho…
- Je suis content de te voir ! j’espère qu’on s’entendra bien !
- Sakurai-san ? et si nous vous montrions votre chambre ? fit Kashiyama en entrant. Oh, je vois que vous avez déjà fait connaissance avec Masaki-kun.
- Attendez Kashiyama je vais vous aider à porter ses bagages. Dit le concerné.
L’homme soupira mais esquissa un sourire.

                                        *****

- Et voilà, c’est ici. Dit le majordome en posant les cartons parterre.
- C’est juste à côté de ma chambre. Fit Masaki.

Le majordome ouvrit la porte et laissa entrer Sho d’abord. La chambre était spacieuse et décorée simplement en bleu. Un lit double trônait au milieu de la pièce, il y avait une commode à gauche et une garde-robe près d’une large fenêtre sur le côté droit. Le jeune homme s’approcha donc de la vitre et regarda à travers. Une magnifique vue du jardin entier s’offrait à lui.

- Cette chambre est-elle à votre goût monsieur ?
- Oui, merci. Dit-il en s’inclinant légèrement.
- Je pose vos affaires ici.
- La vue est belle hein ? et alors quand il neige c’est merveilleux ! fit Masaki en déposant à son tour les affaires de son nouveau frère.
- Sans doute…
- Bon, nous vous laissons déballer vos affaires, Masaki viendra vous chercher pour le dîner.
- Compte sur moi ! fit ce dernier. À plus tard Sho-kun !

Le jeune homme regarda le majordome et Masaki s’en aller. Lorsqu’ils furent sortis, il se laissa tomber sur le matelas. Un matelas neuf et particulièrement confortable et moelleux. Il aurait presque fait une sieste s’il n’avait pas trois cartons et une valise à  déballer. D’un coup il se releva et se mit au travail, si bien qu’en une heure à peine il eut terminé. Il fut pris d’une grosse soif et chercha immédiatement à y remédier. Il sortit de sa chambre et descendit le grand escalier qui menait au rez-de-chaussée. Sho chercha ensuite la cuisine et la trouva rapidement mais lorsqu’il y pénétra il tomba sur un jeune homme à peine plus vieux que lui en train de préparer du café, portant comme seul habit….un caleçon. Il le regardait d’un air vague comme si la situation n’avait rien d’extraordinaire. En revanche sho, lui, était atrocement gêné.

- Je…je…je suis désolé je…j’avais soif et je voulais…boire un verre d’eau je…reviendrai plus tard.

Le jeune homme voulut alors s’éclipser mais l’inconnu prit la parole.

- Du calme, on dirait que t’as jamais vu un homme en sous-vêtements, t’en es bien un au moins ?
- Bien sûr que j’en suis un !
- Je t’ai jamais vu ici avant, t’es le nouveau jardinier ?
- Je…non..euh…
- Ah ! j’y suis c’est toi le fils caché de Ninomiya-san ? Yo ! Ohno Satoshi desu !
- Sa…Sakurai Sho…
- Bon, c’est pas que j’ai pas envie de papoter avec toi mais le café est prêt alors salut !

Sur ce, le jeune homme quitta la pièce avec ses cafés. Sho resta immobile quelques instants le temps de se remettre de ses émotions. Un homme, en caleçon, qui a visiblement passé la nuit ici et qui ne faisait pas partie des enfants, préparait du café ici-même il y a à peine quelques secondes. Qui était-il ? Probablement le petit-ami de la fille Ninomiya.  Il s'efforça de ne plus y penser et se servit un verre d’eau.

                                        *****

Ohno remonta dans la chambre avec les cafés. Il referma la porte délicatement et posa son plateau sur la table au fond de la pièce. Il grimpa ensuite sur le lit pour se pencher sur le visage de la personne encore endormie toute emmitouflée dans la couette malgré la saison. Il déposa ensuite un baiser sur sa joue. La forme sous les draps remua et se retourna sur le dos avant de regarder le jeune homme qui avait osé la réveiller.

- Bonjour.
- Yo ! Tu ne devineras jamais qui j’ai croisé en bas.
- Mon père ?
- Non, ton frère.
- Mas’ ? Satoshi arrête de boire, tu le vois à chaque fois que tu viens ici.
- Mais non, le fils caché de ton père.
- Celui-là…Je pensais qu’il n’arrivait que ce soir.
- Il faut croire que non, tu aurais dû voir sa tête quand il m’a vu en calbar dans la cuisine !

Ohno vit de l’orage passer dans les yeux de son âme sœur.

- Euh...Nino?

Ledit Nino se jeta sur son amant et se plaça à califourchon sur lui avant de plonger son regard noir dans le sien et de l’embrasser passionnément. Il mordilla un peu sa lèvre inférieure puis se sépara de lui et lui glissa à l’oreille tout en faisant glisser ses doigts sur le torse de son aimé : « tu n’es qu’à moi et à personne d’autre, est-ce que c’est compris ? je suis le seul à avoir le privilège de savoir ce que tu caches au fond de ton pantalon. » Sa victime fut parcourue d’un frisson et acquiesça en se mordant la lèvre. Nino se redressa ensuite et regarda à nouveau son amant avant d’attraper l’un de ses téton et de le pincer fortement. Ohno poussa un cri de douleur pendant que son tortionnaire roulait de nouveau sur le côté en riant.

- Aïe ! Nino-chan tu m’as fait mal ! C’est pas drôle !
- C’est de ta faute, t’as pas besoin de descendre en caleçon quand tout le monde peut te voir !
- Notre relation n’est secrète pour personne que je sache.
- Pour lui bien, ça pourrait être amusant non ? dit-il avec un petit sourire en coin.
- Comment veux-tu qu’on lui fasse croire qu’il n’y a rien entre nous alors qu’il m’as vu faire deux cafés en sous-vêtement?
- Il peut très bien penser que tu es le petit copain de Riisa.
- Je ne te comprends pas, tu viens de dire que je devais t’appartenir.
- Je partage tout avec ma jumelle, elle est l’exception, allez Toshi, juste pour rire.
- Et tu vas dire quoi à ta sœur ?
- Juste la vérité.
- Jun va te tuer.
- Je m’en fous de lui, il peut râler autant qu’il veut.
- Je rectifie Jun, va ME tuer !
- Et tu crois que je le laisserai faire ? Il devra d'abord me passer sur le corps!
- Je suis perdu.
- Oi !

Nino fila une tape à son amant.

- Ok ! je marche avec toi ! ce que tu peux être sournois !
- C’est pour ça que tu m’aimes !

Le jeune homme se leva et enfila son boxer et son peignoir avant d’aller rechercher les cafés sur la table et de poser le plateau sur le lit. Celui-ci prit le sien et en but une gorgée.

- Beuah ! c’est tout froid !
- C’est encore la faute de tes bêtises !
- Mes bêtises t’emmerdent !
- Tout de suite les gros mots, surveille un peu ton langage va ! tu es peut-être mignon gentil, intelligent et super doué au lit mais tu as mauvais caractère et tu parles mal.
- Tais-toi un peu Ojii-chan !
- Comment ça Ojii-chan ?!

Son amant ne répondit pas mais posa sa tasse sur le plateau et se leva avant de prendre un paquet de cigarettes dans un tiroir ainsi qu’un briquet. Il se dirigea ensuite vers son balcon et s’y réfugia, plissant un peu les yeux à la lumière du jour. Il coinça sa clope entre ses lèvres et l’alluma, tira dessus et en recracha la fumée. Il s’appuya contre la rambarde et regarda au loin, l’air contrarié. Ohno s’approcha de lui et fit de même.

- Tu n’avais pas arrêté de fumer toi ?
- J’en grille une quand je suis énervé.
- Tu as intérêt à ce que ta sœur ne te voit pas.
- …
- C’est à cause de ton frère ?
- Ce n’est pas mon frère !
- Techniquement, si. Vu que vous avez le même père.
- Merci, je sais ! j’ai jamais vu ce type de ma vie moi, ce n’est pas un frère pour moi. Mon père n’en avait jamais parlé, j’ai l’impression d’avoir été trahi !
- Il ne doit pas être méchant.
- Je m’en fous ! je veux qu’il s’en aille.  Dit-il avant de tirer rageusement sur sa cigarette.

Ohno soupira et observa le paysage en silence pendant que son amant continuait à fumer les sourcils froncés.

                                         *****

- Quoi !?
- Rooh allez Riisa…tu peux bien faire ça pour moi, juste devant lui !
- Je me demande pourquoi je le ferais alors que tu ne fais jamais rien pour moi!

Nino se laissa tomber sur le lit de sa sœur et passa ses bras derrière sa nuque.

- Promis cette fois-ci je te le revaudrai ! allez s’il te plaît !
- Et tu oublies que je suis avec Jun?
- J'en ai rien à faire de ton petit copain!
- Kazu...
- Allez Rii-chan! S'il te plaît c'est juste pour rire.

La jeune fille soupira puis se tourna vers Ohno appuyé contre un mur de sa chambre.

- Tu t'es laissé amadouer par lui? Alors que t'es censé être le plus vieux dans l'histoire?
- Tu sais bien que je ne peux pas lui résister.
- il t'a fait un truc cochon pour que t'accepte?
- Quoi!? Nan!
- Ce serait bien la première fois...
- T'as l'air bien au courant de notre vie amoureuse...
- Entre jumeaux on se dit tout, t'inquiète il ne me raconte pas un seul détail.
- Ne me dis pas que tu lui raconte tout ce que tu fais avec Jun?
- Ben...
- J'y crois pas. Fit le plus vieux en se prenant la tête dans les mains.

Nino se redressa d'un coup.

- C'est pas que le fait que Toshi soit choqué ne m'intéresse pas mais tu comptes marcher?
- Kazu!
- mais quoi?

Sa jumelle s'approcha de lui et le saisit par les épaules avant de plonger son regard dans le sien. Aussitôt le jeune homme comprit que cela voulait dire non.

- pfff très bien je lui dirai la vérité s'il pose des questions.
- sage décision. Répondit sa soeur.
- tu crois pas qu'il va sauter au plafond? Demanda Ohno.
- honnêtement s'il a envie de partir je ne le retiendrai pas.
- Kazu!
- Quoi? Je rêve ou tu accepte le fait que ce type vienne vivre ici? Tu veux pas non plus me remplacer par lui?
- Qu'est-ce que tu raconte? Je ne peux pas te remplacer...
- Merci.
- C'est vrai quoi, si dieu a décidé de me donner un frère comme toi c'est sûrement un de ces test pour vérifier si je mérite ma place au paradis.
- Oi! De quel droit parle-tu à ton aîné de cette manière?
- De un, t'as que 10 minutes de plus que moi et de deux, c'est Masaki l'aîné t'as oublié?
- je sais mais de nous deux c'est moi le plus vieux!
- Je viens de le dire, d'à peine 10 minutes!
- 10 minutes c'est 10 minutes!!
- Eh oh! Calmez-vous vous deux on s'en fout de qui est plus vieux, il est l'heure de manger.

Nino se sépara de sa soeur et passa son bras autour des épaules de son compagnon.

- Toshi, tu dois être né avec une malformation très rare qui fait en sorte que ton cerveau soit en même temps ton estomac.
- Oi!
- Bon, allons manger! Fit Riisa en poussant les deux jeunes hommes vers la sortie.

                                    *****

Sho était endormi sur son nouveau lit lorsque quelqu'un frappa à la porte de sa chambre. Non sans sursauter, il se leva péniblement et alla ouvrir à celui qui avait osé le déranger. Il tomba alors sur Masaki plus joyeux que jamais.
- Yo! T'es bien installé? Je suis venu te chercher pour dîner!
- ah oui... Fit le jeune homme avant de le suivre et de refermer la porte doucement.
- Tu vas pouvoir faire la connaissance de toute la famille, sauf nos parents bien sûr, juste les jumeaux en fait et un ami de la famille qui passe la moitié de son temps ici.
- So ka...
- T'en fait pas, si mon frère t'embête t'as qu'à me le dire.

Le jeune homme ne dit plus rien, se laissant guider pas son hôte jusqu'à la salle à manger où il retrouva l'homme qu'il avait vu cet après-midi ainsi que deux autres qu’il supposa être les jumeaux. L’un des deux, le garçon (il avait oublié son nom) trônait en bout de table et le regardait méchamment.  L’homme aux cafés le regardait d’un air benêt et directement à côté de lui, se trouvait la jumelle. Qui avait l’air aussi commode que son frère. Son compagnon lui désigna une place à côté de lui de l’autre côté de la table. Il s’y installa donc et plaça tout de suite ses mains sur ses genoux. Le jeune homme le regardait toujours aussi durement et tapait ses doigts sur la table, créant un petit bruit très pesant dans le silence de la pièce. Kashiyama amena les plats et les laissa manger en paix. Tous se taisaient toujours et les 5 jeunes gens mangeaient sans se soucier du reste. Soudain, Masaki posa sa fourchette et avala avant de prendre la parole.

- Je suis trop bête ! j’ai oublié de te présenter aux autres !
- Comme c’est dommage…marmonna son frère.
- Kazu…Arrête de faire ta tête de lard ! Donc pour commencer, dit-il en s’adressant cette fois à Sho, Voici Kazunari, mon petit frère et sa sœur jumelle Riisa, et lui c’est Ohno Satoshi, mais on peut l’appeler Oh-chan, il est…
- Mon petit-ami ! Cracha le petit brun en regardant Sho droit dans les yeux.

Alors c’était son petit-ami à lui…

- Ça te défrise ? Continua le jeune homme au regard de braise.
- N…Non…ça…ça m’est égal…
- J’en ai rien à foutre à vrai dire, tout ce que je veux c’est que tu te casse d’ici et vite fait !
- Kazu…souffla Masaki alors que son petit frère sortait de la pièce avec fracas.

Chapitre 3

- Kazu…
- Laisse-le...il a du mal à se faire à l'idée qu'un inconnu vienne vivre chez lui. Dit Ohno en continuant à manger l'air de rien.

Au moins ils étaient deux.

- Et toi? C'est quoi ton nom? Demanda Riisa.
- Sakurai Sho desu...dit-il.
- Ça t'embête si je t'appelle Sho-kun?
Le jeune homme secoua la tête.
- Ne Sho-kun, je crois que je t'aime bien tout compte fait...continua-t-elle.
- Excuse Kazu, il se fâche assez souvent.
- Ce n'est rien...dit Sho avec un sourire.

Ils continuèrent à manger, parlant de tout et de rien et chacun remonta dans sa chambre après le dîner. Ohno pénétra alors dans la chambre de son aimé. Remarquant son absence, il ouvrit la baie vitrée et le trouva appuyé contre la rambarde du balcon, une cigarette à la main.

- Nino... Fit-il en le rejoignant.
- Quoi!
- C'était pas très gentil ce que tu lui as dit, tu sais il est vachement plus agréable que toi !

Le jeune homme haussa les épaules et tira sur sa cigarette.

- et que comptes-tu faire? Me punir? T'es pas mon père! Et même si tu l’étais tu serais bien loin, peinard, dans un autre pays et tu t'en foutrais de notre cas.
- Ne dis pas ça...Tu ne t'es pas imaginé un instant ce qu'il ressent lui?
- Comme je l'ai dit, il peut partir. Dit Nino plus calmement.

Son compagnon soupira.

- Kazu...essaye au moins de ne pas l'insulter...
- Je ne l'ai pas insulté! Et puis on s'en fout de ce type, pourquoi tu veux absolument que je sois sympa avec lui?

Ohno ne répondit pas, ce qui alerta son amant. Ce dernier écrasa sa cigarette et se retourna vers lui.

- Oi...Toshi...tu pleures?

Celui-ci essuya son visage avec sa manche.

- Quand je pense que tu as la chance d'avoir une famille et que tu t'en fiche complètement...tu ne sais même pas la chance que tu as...

Nino le prit par la main et le fit entrer dans la chambre avant de le faire asseoir sur le lit. Il prit ensuite le visage de son aimé entre ses mains et essuya ses larmes d'un revers de pouce.

- Toshi...je t'assure que j'aime ma famille, Riisa, Mas', mes parents et toi, vous êtes ma famille et nous sommes la tienne. Mais lui, je ne l'ai jamais vu de ma vie, ce n'est pas un frère pour moi et ce même avec toutes les preuves du monde. Je reconnais que j'y vais un peu fort mais...ça sonne comme une trahison de mon père pour moi...tu comprends? je n'y peux rien...Allez, ne pleure plus.

Le jeune homme renifla.

- C'est fini? Demanda Nino.

Son amant hocha la tête et il le prit dans ses bras.

- Je t'aime Toshi.

Nino prit ensuite délicatement le visage d'Ohno entre ses mains et le regarda dans les yeux quelques secondes avant de l'embrasser doucement. Puis approfondit le baiser de plus en plus. Le plus vieux glissa alors ses mains sous le t-shirt de Nino et caressa son torse de ses mains si habiles, lui faisant lâcher un gémissement qu'il étouffa de ses baisers. En quelques secondes seulement, le t-shirt du plus jeune vola parterre et le sien alla le rejoindre. Ils se séparèrent et Nino inversa la tendance pour se placer à califourchon sur son aimé. Ses doigts glissèrent lentement vers son point sensible mais en grand sadique qu'il était, s'arrêta à la limite de son pantalon et plongea vers ses lèvres pour l'embrasser fougueusement. C'est alors qu'ils entendirent la porte s'ouvrir et une voix s'écrier:

- Pardon! Pardon! Je ne voulais pas! Je cherchais la salle de bain et...

Nino relâcha son petit ami en grognant et s'avança vers son demi-frère.

- Ça va ? tu t'es bien rincé l'œil?
- Je...euh je...non...
- Ta salle de bain elle est au fond du couloir à ton étage !
- Je...euh...merci.

Et Nino claqua la porte. Il se retourna alors vers le lit où son amant n'avait pas bougé.

- Alors où en étions-nous ? Demanda-t-il en reprenant les choses en mains, un petit sourire ornant son visage.


Sho remontait l'escalier qui menait au 2e étage ne croyant toujours pas ce qu'il avait vu. Il s'en doutait bien en même temps, mais de là à voir cela un jour... L'annonce qu'un couple gay habitait ici ne le dérangeait pas mais il n'avait jamais imaginé les surprendre en pleine action. Il arriva dans le couloir et avança jusqu'au fond avant d'ouvrir la porte. Par chance, il n'y avait personne ici. Il souffla et verrouilla la porte à clé avant de se déshabiller et de se glisser sous la douche. Il laissa glisser d'abord l'eau chaude sur lui, les yeux fermés. Puis il repensa à sa mère, sa mère si prévenante, si gentille. Elle ne criait jamais et pourtant, rien qu'en un regard, il savait lorsqu'il avait fait une bêtise. Elle n'avait jamais essayé de refaire sa vie, préférant la lui dévouer. Lorsqu'il était petit, elle le conduisait à l'école et partait directement travailler. Elle ne revenait qu'à 18h pour le prendre à la garderie et rentrer. Chaque jour, elle écoutait son fils raconter ce qu'il avait fait, vu ou entendu et elle préparait le dîner, mangeait avec lui, lui donnait son bain et le mettait au lit. S'il n'avait jamais compris avec ses yeux d'enfants, en devenant adulte tout était devenu clair. Maintenant elle n'était plus là et il était forcé à vivre avec une bande, oui il pouvait le dire, de fous! Le jet de la douche masqua alors de grosses larmes qui coulaient sur son visage. Il ne voulait pas d'une vie pareille, il voulait que sa mère revienne. Malheureusement, il savait bien que c'était impossible et c'était cela qui le rendait si triste. Mais bon, il ne pouvait rien faire, une promesse était une promesse et sa mère lui avait appris à toujours les tenir. Il sortit enfin de la douche et enfila un pantalon de training et un t-shirt avant de quitter la pièce. Il retrouva ensuite sa chambre et s'allongea sur son lit mais il ne dormit pas de suite. Il songea à acheter un calendrier pour barrer chaque jour qui passait mais il abandonna vite l'idée en pensant que c'était trop stupide. Il préféra regarder par la fenêtre mais il n'y vit que son reflet. Il n'avait pas sommeil non plus. Il se leva donc et décida de se promener un peu. Au rez de chaussée, il trouva le salon, immense et tapissé d'étagères contenant des centaines de livres. Un mur restait cependant inoccupé par ces meubles mais il était assiégé par des photos de familles, des photos des enfants. Il s'approcha et regarda de plus près les clichés il pouvait y voir des photos de toute la famille réunie dans le salon. Visiblement prises chaque année puisqu'il voyait évoluer les personnages s'y trouvant. La première par exemple ne montrait que le couple et Masaki qui ne devait avoir que deux ans assis sur les genoux de son père, sa mère étant enceinte. La suivante montrait la même scène mais cette fois les jumeaux, encore bébés, avaient pris place sur les genoux de leurs parents et leur grand frère était assis au milieu et ainsi de suite sur de nombreuses photos. Puis l'une d'elle changea car un jeune homme était venu se rajouter aux enfants devenus adolescents. Il reconnut Ohno âgé d'environ 16 ans et collé à Kazunari qui n'en avait alors que 12. À cette époque, et heureusement, ils ne ressemblaient qu'à deux meilleurs amis et d'ailleurs Masaki venait s'ajouter au duo chacun un bras autour des épaules du plus jeune. La dernière qui avait été prise datait d'il y a deux mois selon la date inscrite dans un coin. Cette fois, les parents étaient assis sur le canapé avec Riisa et les trois jeunes hommes se tenaient derrière eux. Pourquoi Ohno se tenait-il avec eux sur une photo de famille depuis si longtemps? Kashiyama ne lui avait pas parlé de lui l'autre jour. Bah... Ce n'était pas ses affaires après tout. Il se retourna et sursauta lorsqu'il vit le majordome, assis dans un fauteuil, un ouvrage en mains.

- Bonsoir. Dit-il.
- Bon...bonsoir.
- Vous regardiez les portraits de famille, jeune maître?
- Ou...oui.
- Asseyez-vous donc, j'ai besoin de compagnie. Sourit-il.

Le jeune homme s'exécuta et Kashiyama posa son livre sur la table basse avant de se reconcentrer sur son jeune maître.

- alors ? Quelle est votre question?
- Hein?

Comment avait-il deviné?

- Sakurai-kun, je le vois à votre visage, quelle est votre question?
- Je...je me demandais...pourquoi Ohno-san apparaît-il si tôt sur les photos de famille?
- Et bien, Satoshi-kun était un camarade de classe de Masaki, il avait redoublé une fois. Il a été abandonné dès sa naissance par ses parents biologiques. Il a été ensuite adopté par les Ohno, mais il ne les a jamais vus, ils étaient bien trop occupés pour se soucier de leur enfant adoptif. Il vivait donc seul avec un majordome dans une immense maison. Peu à peu, Masaki l'a ramené de plus en plus souvent chez nous et il a fini par y rester. Ses parents n'en avaient que faire de lui. Ninomiya-san le considère un petit peu comme l'un de ses enfants même s'il reste le fils des Ohno. Tout le monde ici l'aimait beaucoup mais plus particulièrement Kazunari qui le voyait déjà comme son meilleur ami, ils ne se quittaient plus malgré leur différence d'âge. Puis petit à petit, ils sont tombés amoureux l'un de l'autre.
- Cela fait combien de temps entre eux?
- À peu près...3 ans. Oui, 3 ans.
- Et Ninomiya-san n'a rien dit?
- Non, mais certainement pas parce qu'il s'en fichait, au contraire, il était même heureux pour eux. Vous savez, malgré le fait qu'ils soient à l'étranger très souvent, monsieur et madame aiment énormément leurs enfants, Kazunari pense que non mais c'est tout le contraire.
- So...ka. Merci Kashiyama.
- C'est un plaisir monsieur. Maintenant si je puis me permettre, nous ferions mieux d'aller nous coucher.

Sho sourit. Le majordome le raccompagna jusqu'à sa chambre et lui souhaita une bonne nuit avant de le laisser. Le jeune homme se glissa dans les draps et ferma les yeux. Il ne tarda pas à trouver le sommeil et s'endormit tout en pensant à cette journée qui venait de se terminer.

*****

Riisa retrouva son frère jumeau et son compagnon, l’air fatigué et les cheveux en bataille. Tous deux buvaient leur café matinal dans la cuisine et la saluèrent lorsqu’elle passa le pas de la porte.

- Yo ! Lâcha Nino.
- Salut vous deux, vous avez encore passé la nuit à vous envoyer en l’air ou je rêve ?
- N’importe quoi…qu’est-ce que tu racontes ? fit Ohno en passant sa main dans ses cheveux.
- Juste la vérité, je suppose que c’est pas de la chambre du nouveau qu’ils provenaient ces gémissements.
- Oi ! crie plus fort tant que t’y es ! fit son frère.

La jeune fille prit une grande inspiration comme pour se mettre à hurler mais son jumeau l’arrêta de justesse en posant sa main sur sa bouche.

- T’es folle !
- Je te fais marcher Kazu ! rit-elle avant d’aller inspecter le contenu du frigo.

Le jeune homme se rassit et continua à boire son café, l’air contrarié.

- Au fait, je ne vous l’ai pas dit mais Jun passe me prendre pour le déjeuner.
- Tant mieux pour toi, amuse-toi bien ! fit Nino.
- J’y compte bien !
- Tant mieux, ça nous permettra de rester entre hommes. Dit Ohno. On pourra faire plus ample connaissance !

Le plus vieux regardait son amant d’un œil insistant.

- Hors de question. Répondit simplement Nino.
- T’es vraiment impossible ! il est vraiment gentil en plus, je suis sûre qu’il y a moyen que vous vous entendiez. Dit sa sœur.
- Mais je ne veux pas m’entendre avec lui, je veux qu’il parte.
- Encore avec ça ? mais tu sais pourtant qu’il ne s’en ira pas de sitôt, tu te souviens de ce que papa nous a dit ?
- Qu’il resterait ici pendant une année s’il ne reste pas pour toujours…ronchonna Nino.
- Exact.
- N’essaie pas, j’ai déjà tenté ma chance hier soir et ça n’a rien donné. Dit Ohno chipotant dans sa tasse de café avec sa cuillère.
- Kazu…fais un effort, sois poli au moins avec lui, au lieu de lui dire de partir à tout bout de champ !
- M’en fout.
- Raaaaaah ! tu sais quoi ? fais ce que tu veux ! j’en ai assez de ton sale caractère ! Sho-kun est vraiment gentil et tu refuses de le voir ! On ne te demande pas de le considérer comme ton frère, seulement d’être plus agréable avec lui !

Et sur ce, Riisa quitta la pièce pour remonter dans sa chambre, laissant le couple tout seul.

- Waouh ! jamais je ne l’avais vue comme ça auparavant, t’es vraiment incroyable !
- Merci.
- C’était pas un compliment. Dit sèchement Ohno avant de quitter la pièce lui aussi.
- Oi ! Toshi ! reviens !

Mais son compagnon ne se retourna pas. Nino soupira et se passa une main sur le visage. Ce Sho commençait sérieusement à mettre le bazar entre eux trois et il n’était là que depuis 24 heures ! il vida leurs deux tasses dans l’évier et décida d’aller s’aérer un peu dans le jardin.

Chapitre 4

Ohno retrouva Riisa dans sa chambre après avoir frappé. Elle était assise sur son lit, les genoux repliés contre elle. Le jeune homme s'approcha et s'assit à ses côtés.

- pourquoi tu te mets dans un état pareil ? Tu sais bien qu'il a un caractère de cochon.
- Depuis que notre père nous a annoncé la venue de Sho-kun, il n'a pas arrêté de se renfrogner. J'ai presque du mal à le reconnaître, je ne veux pas le perdre.
- Moi non plus je ne veux pas le perdre, mais il va finir par se calmer, tu le connais.
- hum, mieux que n'importe qui si je puis dire. Sourit-elle.
- Pour l'instant il fait juste sa tête de mule, je te jure, pire qu'un gosse.

Riisa eut un petit rire et embrassa son ami sur la joue.

- Merci Satoshi, heureusement que tu es là.

Le jeune homme sourit et ébouriffa les cheveux de son amie.

- Maieuh! Je suis pas une gamine!
- Non, tu as raison.
- Et laisse-moi maintenant, je dois me préparer pour mon rendez-vous!
- Ah! So ka! Je te laisse alors, à plus! Dit-il en se levant du lit pour sortir.

Une fois dans le couloir, Ohno se dirigea vers sa propre chambre, prit des vêtements propres et se rendit dans la salle de bain, bien décidé à prendre une douche.

*****

Pendant ce temps, Nino était sortit dans le jardin et se dirigeait vers la niche de Balzac. Enfin, il s'agissait plutôt d'une cabane aménagée que d'une niche pour chien. Il ouvrit la porte et fut accueilli par un golden qui lui sauta dessus, le faisant basculer en arrière dans la pelouse.

- haha! Balzac, arrête! Fit-il en riant alors que le chien lui relavait tout le visage.

Il finit enfin par calmer l'animal et le fit asseoir parterre à ses côtés. Il le caressait tout en lui faisant la conversation, depuis qu'il était enfant, c'était un moyen pour lui de se calmer et de penser à autre chose. Pour ses 10 ans, son père lui avait offert un chiot. Il était aussitôt devenu son meilleur ami et le jeune garçon l'avait appelé Kuro, en référence à son pelage noir comme l'ébène. L'animal était mort quelques années auparavant, causant le chagrin de son maître et fut finalement remplacé par Balzac.

- Tu es avec moi mon petit père? À moins que tu ne l'aime plus que moi cet intrus?

Le chien baissa la tête comme pour s'excuser d'avance.

- Si même toi tu t'y mets...

Il se fit alors lécher la figure en signe d'affection.

- Ok j'ai compris, tu nous aimes tous les deux, je ne vais pas te forcer à choisir, tu n'es qu'un chien après tout. Sans vouloir te vexer...

Le jeune homme se releva et se mit en route vers la maison avec son animal. Arrivé à la porte-fenêtre du salon, il laissa entrer balzac en premier qui alla simplement se coucher sur le tapis.

- Sois sage d'accord? Je vais prendre une douche et je reviens.

Nino se dirigea alors vers l'escalier et monta à l'étage, ne trouvant pas Satoshi dans leur chambre, il pensa alors à leur salle de bain. Il sortit dans le couloir et colla son oreille à la porte de la salle d'eau. De l'eau coulait dans la douche.

- Et merde! Grommela-t-il.

N'ayant pas envie d'attendre, il gravit un autre étage et décida de s'inviter dans la salle de bain de son grand-frère. Il commença alors à se déshabiller et pénétra dans la cabine de douche. Il fit couler l'eau et soupira d'aise alors que tout son corps était réchauffé par l'eau chaude.

*****

Sho, se réveilla lentement. Il avait plutôt bien dormi. Le jeune homme jeta un coup d'oeil à son réveil et constata qu'il était déjà plus de onze heures. Il s'étira et se redressa pour finalement se lever. Il alla ouvrir les rideaux et plissa les yeux à la lumière du jour avant d'aller prendre des vêtements dans sa garde-robe. Il sortit alors de sa chambre et se dirigea nonchalamment vers la salle de bain. Il ouvrit la porte et telle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit Kazunari complètement nu en train de se sécher. Celui-ci l'aperçut et sombra dans une colère monstre.

- Pardon!! S'écria sho en refermant la porte.

Il voulut s'éloigner mais elle se rouvrit et son demi-frère en sortit, furieux et portant une simple serviette pour cacher ce qui devait l'être.

- Cette fois c'est sûr tu t'es bien rincé l'oeil!! Nan mais ça va pas?! On t'as jamais appris à frapper avant d'entrer? Espèce de voyeur! C'est déjà la deuxième fois, ça peut pas être une coïncidence!
- Je suis désolé, je...
- T'es désolé? Tu dis que t'es désolé? J'en ai rien à foutre qu'on soit frères ou pas, casse-toi! Je veux pas de toi dans ma vie, elle est très bien comme elle est!

Sho ne savait que dire. Soudain, contre toute attente, il fronça les sourcils et lui répondit sur le même ton.

- Ben c'est parfait tiens! J'ai pas demandé à venir vivre ici moi! C'est ce vieux fou qui m'y a obligé! Tout ce que je veux c'est me tirer d'ici et en vitesse, je préfère franchement la vie en solo!
- Ben vas-y alors qu'est-ce que t'attends?
- Rien du tout! Je vais remballer mes affaires.

Et sur ce, le jeune homme, énervé, se retourna vers sa chambre et s'y réfugia. Il ouvrit alors sa valise et la remplit de ses affaires de même que ses trois cartons. Au moment de sortir, Ce fut Masaki qui entra en trombe dans la pièce, cognant Sho au passage avec la porte.

- Itai! Lâcha la victime.
- Oh pardon! S'excusa son visiteur en refermant la porte.
- Ce n'est rien, de toute façon je m'en vais, tu sais où est passé Kashiyama? J'ai besoin de lui pour rentrer.
- Tu ne bougeras pas d'ici.
- Je ne trouve pas ça drôle, je ferais mieux de partir, comme ça nous pourront reprendre nos vies respectives, je n'ai pas ma place ici.
- Je suis sérieux Sho-kun, c'est à cause de Kazu? Il te cause du soucis?
- On s'en fiche. Je n'ai jamais voulu venir ici.
- Reste s'il te plaît!

Le jeune homme qui avait déjà la main sur la poignée, arrêta son geste et se tourna vers son interlocuteur.

- Et pourquoi hein? Pour me faire insulter chaque jour que dieu fait?
- Tu n'es là que depuis une journée et tu vas peut-être trouver ça stupide mais... je t'apprécie beaucoup tu sais?
- Euh...
- Non! Non! Je ne suis pas gay!! Je te rassure, je sais que c'est un défaut mais je m'attache très vite aux gens, j'ai pas envie que tu partes comme ça, surtout qu'il n'y a que mon frère qui ne t'aime pas.

Sho réfléchit un instant. Il n'avait vraiment pas envie de rester dans cette maison mais quelque chose l'empêchait étrangement de s'en aller. Il voulut ouvrir la bouche pour répondre mais il fut coupé par des éclats de voix provenant du couloir.

- Itai! Toshi arrête tu me fais mal!
- Tu vas t'excuser maintenant!
- Tu rêves ou quoi? Lui aussi il veut partir de toute façon!
- Forcément! T'as vu comment tu te conduis avec lui? Je ne t'ai jamais vu aussi insultant envers quelqu'un!
- Mais il est entré dans la salle de bain quand je me séchais! Et il nous a surpris en pleine action hier soir!!
- Il n'a pas fait exprès! La maison est immense et personne ne la lui a fait visiter! Et pour ce qui est de la salle de bain t'avais qu'à attendre ton tour pour aller dans la nôtre!
- Je fais ce que je veux chez moi!
- T'es vraiment incorrigible, je me demande ce que je fais encore avec toi!
- Si ça ne te plaît pas, tu prends tes clics et tes clacs et tu t'en va avec lui!
- C'est ce que je comptais faire!
- Très bien!

Sho eut comme la sensation d'un poids tombant au fond de son estomac. Ils allaient se séparer, tout ça à cause de lui. Il fallait qu'il parte et à tout prix, il ne voulait plus être la source de conflits.

- Je m'en vais.
- Non attends!

Mais le jeune homme n'écouta pas Masaki et sortit de la chambre. Dans le couloir, il tomba sur son demi-frère. Il avait l'air tout aussi en colère que 20 minutes plus tôt mais cette fois, des larmes coulaient silencieusement sur ses joues.

- Tu t'en va? Lui demanda-t-il.
- Je...
- J'espère que t'es content de toi, je viens de perdre une des personnes les plus chères à mes yeux par ta faute.
- Je ne veux pas être source de conflits dans cette famille, alors je vais m'en aller. Ne vous séparez pas tous les deux. Je n'ai jamais voulu vivre ici...

Le jeune homme peina ensuite à descendre l'escalier avec ses 3 cartons et sa valise. Une fois arrivé en bas, il vit un jeune homme assis au salon, un thé à la main. Il le regarda d'un drôle d'air. Sho se sentait quelque peu intimidé par cet homme qui semblait respirer la coolitude et il était sûr de l'avoir déjà vu. Il le salua brièvement et sortit de la maison.

*****

Jun but une gorgée de son thé tout en se demandant qui était cet homme qu'il venait de voir à l'instant. Bah...sûrement un homme de ménage qu'on venait de virer. Il ne s'inquiéta pas plus et continua d'attendre sa petite amie. Ohno passa devant lui visiblement en colère, il ne le vit même pas et claqua la porte à son tour. Suivit ainsi Riisa et son frère aîné complètements paniqués.

- Ils sont déjà partis!
- C'est pas vrai...gémit la jeune femme.

Jun se leva pour embrasser sa bien-aimée.

- Désolée Jun, on a un petit souci à régler! Fit celle-ci avant de se précipiter dehors également avec Masaki.

Le jeune homme resta alors seul. "Quelle famille quand même..." Se dit-il. Il décida donc de se rasseoir et de continuer à boire son thé.

*****

- Sho-kun! Satoshi! Ne partez pas! Criait Riisa en courant à leur rencontre.

Son frère suivait derrière. Les deux fugitifs bien que séparés par au moins 3 mètres, se retournèrent. Sho se rapprocha du plus vieux et les deux autres arrivèrent finalement à leur hauteur.

- Satoshi, tu ne peux pas abandonner Kazu comme ça! Pas pour ça! Et toi Sho-kun, je t'en supplie reste!
- Pourquoi? Demanda ce dernier. Je vous ai déjà dit que je n'avais pas ma place dans cette famille.
- Bien sûr que si, nous on a envie que tu fasses partie de la nôtre. Ne masaki? Fit-elle en se retournant vers lui.
- Hum!
- Et toi Satoshi j'en suis sûre aussi.
- C'est vrai que moi aussi je t'apprécie Sho-kun. Mais je comprends parfaitement que tu préfères vivre loin des insultes de Kazu.
- C'est vrai que c'est encore un problème à régler...si tu reviens on fera tous en sorte qu'il te respecte!
- Sho-kun! Onegai! Fit Masaki.

Le jeune homme regarda les trois autres un par un. Il fut à nouveau prit du même sentiment que quelques minutes plus tôt, ce sentiment qui l'empêchait de quitter la maison. Il n'arrivait cependant pas à le décrire, ce qui l'énervait beaucoup en soi.

- D'accord...soupira-t-il. Je reste, mais je ne veux pas que ça vous dérange!
- Mais tu ne nous dérange pas voyons! Fit Masaki. Allez viens, on va aller remettre tes affaires en ordre.

Sho esquissa un sourire.

- Satoshi-kun, tu reviens aussi! Crois pas que tu vas partir pour si peu! Ajouta le plus grand.
- Hai, hai...

Ainsi, il rentrèrent tous les quatre dans la maison.

*****

Jun attendait toujours patiemment au salon, son coude appuyé contre l'accoudoir du fauteuil dans lequel il était assis lorsque les 4 jeunes gens refirent apparition. Riisa l'embrassa directement en entrant et Ohno et Masaki le saluèrent brièvement. Restait Sho qui s'avança timidement dans la pièce et se posta devant lui.

- Jun, voici notre demi-frère Sakurai Sho-kun, il est le premier fils de notre père. Dit la jeune femme.

Le jeune homme se leva de son fauteuil et serra la main de Sho qui le trouva beaucoup plus sympathique qu'en apparence.

- Matsumoto Jun, enchanté.
- Moi de même.
- On a quelques soucis entre lui et Kazu, excuse-nous. Dit Riisa.
- Ce n'est rien. Sourit son petit ami.
- on y va?
- Hai. Ravi de t'avoir rencontré Sho-kun.
- Tout le plaisir est pour moi. Répondit le concerné.
- Pas de bêtises vous deux hein?
- Haaaai! Aniki. Dit la jeune femme déjà hors de la pièce avec Jun.

Masaki soupira.

- Bon, toi Satoshi-kun tu vas aller faire la paix avec Kazu et toi Sho-kun tu viens avec moi, on va ranger tes affaires.
- C'est gentil mais...commença ce dernier.
- tatata! Tu viens avec moi!

Le jeune homme attrapa deux des caisses de son frère et se dirigea vers l'escalier. Sho n'eut d'autre choix que de le suivre. Satoshi resta alors seul quelques instants mais ne tarda pas à monter lui aussi pour aller retrouver son compagnon.

Chapitre 5

Nino pleurait en silence sur son lit. Il n'arrivait pas à croire qu'il avait perdu son compagnon à cause de Sho. Était-ce d'ailleurs la faute de Sho ou la sienne? Plutôt la sienne tout compte fait. Mais il ne supportait pas qu'un inconnu s'immisce soudainement dans sa propre famille. D'accord il était le fils de son père mais il ne savait rien de l'ancienne vie de celui-ci avant quelques jours plus tôt. Il se passa la main sur le visage, effaçant ses larmes mais ses yeux rougis le trahissait encore. Il renifla. Quelqu'un frappa à la porte de sa chambre. Le jeune homme permit à son visiteur d'entrer de sa voix cassée par les sanglots. La porte s'ouvrit. Ohno apparut dans la pièce, Nino ne sut que dire, des centaines de mots se bousculaient dans sa tête mais aucun ne parvint à franchir ses lèvres. Son amant se dirigea vers lui, s'assit sur le lit avant de le prendre dans ses bras. Il ne put que se remettre à pleurer.

- Toshi...sanglota-t-il.
- Je suis là...je ne partirai plus, excuse-moi.

Nino le repoussa et sécha ses larmes.

- Non...c'est moi qui suis désolé, je n'ai pas été correct avec Sho-kun. Mais...j'ai peur Toshi, j'ai peur que Mas', Riisa et toi vous me laissiez pour lui...
- tu plaisante ou quoi? Jamais on ne ferait cela, Kazu, tu es la personne que j'aime le plus au monde, Tu es le frère jumeau de Riisa et le petit frère de Masaki, ce sont des liens que personne ne pourra défaire et tu le sais. Ne serait-ce que le lien qu'il y a entre ta soeur et toi, tu le connais et tu sais qu'il ne se brisera pas.
- Oui, je sais.
- Alors tu feras un effort?
- Je ne promets rien...dit-il avec un petit sourire.
- J'aime mieux ça, ton petit sourire sournois a reprit sa place sur ton visage.
- Oi!

Ohno éclata de rire pendant que son amant le frappait à coup d'oreiller. Il recula pour éviter les coups et finit par tomber du lit. Nino ayant perdu l'équilibre lui aussi, s'écrasa sur son compagnon. Tous deux continuèrent à rire pendant quelques minutes puis ils se tournèrent de sorte qu'ils se trouvent l'un en face de l'autre toujours allongés au sol. Ils entrelacèrent leurs doigts.

- On est vraiment qu'une bande de gamins ne?
- Hum. C'est mal? Demanda Ohno.
- Non. Au contraire il faut savoir retomber en enfance de temps en temps.
- Je t'aime Kazu.

Nino embrassa son amant.

- Moi aussi je t'aime, ne t'en va plus même si je te le demande. Tu es tout pour moi.
- C'est promis.

Et ils s'échangèrent un nouveau baiser comme pour sceller un nouveau pacte.

*****

- Ne Sho-kun?

Le jeune homme se retourna vers son interlocuteur, interrompant le rangement de ses vêtements dans l'armoire.

- On se ressemble toi et moi pas vrai?
- Dans quel sens?
- Ben...Nous n'avons qu'un seul parent en commun avec les jumeaux. Chacun un différent en plus.
- Hum.
- Bon sang on vit vraiment dans une famille compliquée. Fit Masaki.

Sho eut un petit rire et continua à ranger ses affaires.

- oh! Sho-kun? Qui est-ce? Demanda son demi-frère.

Le concerné se retourna et se figea lorsqu'il vit le portrait encadré de sa mère entre les mains du jeune homme. Il le lui prit des mains assez violemment et le posa sur sa table de chevet.

- C'est ma mère. Dit-il simplement en retenant tant bien que mal ses larmes.
- Oh...désolé.
- Ce n'est rien. Répondit-il en espérant que Masaki ne poserait pas de questions.
- Elle est vraiment belle...je...je peux te demander ce qu'il lui est arrivé?

Une boule se forma dans la gorge du jeune homme. Il eut du mal à déglutir et se retint à nouveau de pleurer.

- Elle...elle a eu un accident de voiture.
- So...ka... Mon père, mon père biologique je veux dire, il ne m'a pas reconnu mais il n'est pas mort. Il a juste préféré s'en aller plutôt que de s'occuper de moi.
- J'ai vécu toute ma vie avec la même chose en tête, puis j'ai rencontré Kashiyama qui m'a raconté toute la vérité.
- Il était violent...c'est ça?
- Comment le sais-tu?
- Parce qu'il nous l'a dit quelques jours avant ton arrivée.
- Oh...
- je suis désolé Sho-kun.
- Ce n'est rien. Il ne l'est plus je pense.
- Bien sûr que non! Il a été le meilleur père qui soit pour nous, mis à part le fait qu'il était toujours occupé, et aussi loin que je m'en souvienne il t'a cherché pendant des années.
- De toute façon ma mère ne l'aurais jamais laissé me reprendre.
- Hum...

Un bruit sourd se fit entendre au dessus de leur tête. Sho questionna Masaki du regard.

- Oh, c'est rien, juste Kazu et Satoshi qui font sûrement des galipettes.
- Hein?
- Ah t'as pas entendu hier soir? Pourtant ils s'en sont donnés à coeur-joie. T'as vraiment le sommeil lourd dis donc.
- ah...ah bon?

Son demi-frère hocha la tête.

- On entend pas de gémissements pourtant... C'était une fausse alerte alors, je me disais aussi que ça arrivait rarement la journée.
- ...

Voyant la tête que Sho tirait, Masaki ne put s'empêcher de rire.

- Haha! Tu verrais ta tête! C'est drôle!
- Non ça ne l'est pas! Répliqua le jeune homme dont les joues venaient de prendre une teinte rouge pivoine.

Mais il continua à rire. Sho se vexa tout doucement et attrapa un coussin pour le lui balancer à la figure. Masaki, au lieu de l'éviter ou le rattraper, se le reçut en plein visage, bascula en arrière et s'écroula parterre. Voyant qu'il ne se relevait pas, son demi-frère s'approcha de lui complètement terrorisé à l'idée de l'avoir blessé. Il se pencha au dessus de lui.

- Masaki-kun? Appela-t-il.

Il ne répondit pas. Sho insista.

- Masaki-kun!

Toujours pas de réponse. Il s'était sûrement cogné et s'était évanoui. Qu'allait-il faire? Si les autres l'apprenaient ils seraient dans une colère folle, Sho n'imaginait même pas la scène. Il retenta sa chance en le secouant un peu.

- Masaki-kun!!

Ce dernier se réveilla soudainement en poussant un grand cri et se jeta sur son demi-frère qui en fit de même sous l'effet de la surprise. Masaki se mit alors à lui donner des coups à l'aide de l'oreiller qu'il avait reçu dans la figure.

- vengeance!
- Ite! Ça fait mal! Arrête!

Kashiyama arriva en trombe dans la chambre.

- Tout va bien Sho-san? Vous êtes blessé ? j'ai entendu un cri et...

Le majordome se figea net en voyant les deux jeunes hommes l'un au dessus de l'autre, Masaki brandissant son arme au dessus de sa tête.

- Mais que faites-vous au juste? Demanda l'homme.
- On range. Répondit simplement le plus grand en se remettant debout.
- Kashiyama ce n'est pas ce que vous croyez! s'affola Sho.
-Je le sais bien Sho-san, ne vous en faites pas. Évitez de me faire des frayeurs pareilles! Au fait, Masaki-san? Où est passée votre soeur?
- Elle est sortie avec Jun.
- Je vois, je vous laisse alors, bon rangement!
- Merci! Répondit Masaki.

Le majordome s'éclipsa et laissa ainsi ses deux jeunes maîtres seuls. Chacun retourna à sa tâche.

- Ano...Cet homme...Jun-kun...j'ai l'impression de l'avoir déjà vu. Dit Sho.

Son demi-frère le regarda fixement pendant plusieurs secondes avant d'éclater de rire. Il sortit de la chambre sans raison apparente en laissant Sho tout seul. Ce dernier ne se posa pas plus de questions et continua d'arranger ses affaires. Masaki revint alors avec un feuillet qu'il lui tendit. Il s'agissait d'un magazine où figurait le fameux Jun en couverture. Il lut les quelques mots présents sur celle-ci.

- Interview...spéciale...du célèbre acteur...Matsumoto Jun?!
- Hum, Jun-kun est une célébrité c'est pour ça que tu l'as déjà vu. D'ailleurs nos parents n'étaient pas très content de leur relation, mais ils sont toujours ensemble et ils s'aiment tous les deux.

Le jeune homme s'assit sur son lit.

- Donc pour résumer, maintenant ma nouvelle famille se compose de mon père ma belle-mère, toi, les jumeaux dont l'un me déteste, est gay et vit ici avec son petit-ami et sa soeur sort avec une célébrité. J'ai le compte juste où il manque quelqu'un?
- T'as oublié Balzac.
- Balzac?
- Oui, le chien de Kazu, il t'a sauté dessus à ton arrivée, tu te souviens pas ?
- Ah...si.
- Il est adorable, je suis sûr que tu l'aimeras!
- c'est que...j'ai un peu peur des chiens...
- Mais sûrement pas de Balzac, c'est le plus gentil animal du monde.
- Je n'en doute pas mais...

Ils entendirent un nouveau bruit sourd venant de l'étage du dessus suivi de bruits plutôt louches et qui cette fois ne laissa aucun doute sur ce que le couple fabriquait.

- Ah ben j'ai rien dit, ça arrive aussi en plein jour! Rit Masaki.

Sho devint tout rouge, puis, voyant Masaki rire, cela lui donna étrangement l'envie de faire pareil. Et il le fit. Tous deux se mirent à rire si bruyamment qu'ils couvraient les ébats amoureux des deux autres.

*****

Jun raccompagna sa petite-amie chez elle en début de soirée, ayant un drama à tourner juste après il la raccompagna jusqu'en dessous du porche de la maison et l'embrassa.

- À demain. Lui dit Riisa le sourire aux lèvres.
- Ano...demain je ne peux pas, j'ai une séance photo pour une pub et mon drama à tourner.
- So...ka...jaa à Samedi alors? C'est moi qui t'invite!

L'acteur regarda Riisa avec attention pendant plusieurs dizaines de seconde sans piper mot.

- Jun?
- Ah...gomen, à samedi alors.
- À samedi! Dit-elle en l'embrassant tendrement.

Il s'éloigna ensuite pour rejoindre sa voiture. Il s'installa à l'arrière et soupira.

- Ce n'est toujours pas fait? Demanda l'homme au volant.
- Vous dites ça comme si c'était facile.
- Ce n'est qu'une fille à papa bourrée de fric, tu t'en trouveras une autre!
- Mais je l'aime...
- à d'autre! Tu as intérêt à faire vite avant de t'attacher encore plus à elle et que cela ne fasse la une des journaux mondiaux!

Le conducteur ne dit plus rien et démarra. Jun soupira à nouveau. Il se trouvait face à un dilemme et il serait dur à résoudre.

Chapitre 6

- Jun? C'est moi, ça doit faire la vingtième fois que je t'appelle et que tu ne réponds pas. Tu vas bien au moins? J'aimerais juste que tu m'appelle pour me dire que tu vas bien. N'oublie pas que je t'aime.

La jeune femme raccrocha. Son petit-ami n'avait plus donné signe de vie depuis une semaine déjà et elle s'inquiétait pour lui. Si c'était parce qu'il était en tournage il lui aurait dit. Il y avait autre chose. Elle reposa son téléphone sur sa table de chevet s'allongea sur son lit les bras croisés derrière sa nuque. Elle avait faim très faim et pourtant elle avait déjà mangé un paquet de biscuit une demi-heure avant. On frappa à la porte, Kashiyama entra.

- Mademoiselle Riisa, nous allons passer à table.
- J'arrive Kashiyama.
- Bien mademoiselle.

L'homme s'en alla en fermant la porte. La jeune femme se tourna sur le côté, puis se leva et descendit à la salle à manger. Ses trois frère et son ami étaient déjà là. Kazunari et Sho se chamaillaient encore pour une quelconque raison. Malgré les excuses que son jumeau avaient faites au jeune homme, ils continuaient à se charrier de temps en temps. Riisa n'y fit pas attention et s'installa à sa place habituelle à côté de Satoshi.

- Riisa ? Ça ne va pas ? Demanda Masaki.
- Si, si, tout va bien.
- elle a sûrement ce truc là que les filles ont tous les mois. Fit Nino.
- T'es vraiment stupide...soupira la jeune femme.
- Je rigole! Qu'est-ce que t'as alors? Dis-le nous.
- Rien, c'est Jun.
- Qu'est-ce qu'il a encore fait, annulé ou dit? Demanda cette fois Ohno.
- Rien de tout ça mais ça fait une semaine qu'il ne donne plus signe de vie...
- Jun est mort !! Kashiyama sors le champagne!! Cria son frère jumeau.
- La ferme Kazunari!
- Rooh ça va...il est sûrement occupé c'est tout.
- Il me l'aurait dit j'en suis sûre.
- Du calme Riisa-chan je suis sûre qu'il va bien. Lui dit Ohno avec un sourire chaleureux.

La jeune femme esquissa un petit sourire.

- Toi on peut dire que tu sais parler aux femmes...dit son compagnon.
- Mieux que toi en tout cas! C'est ta soeur et t'es même pas foutu de lui parler correctement!
- Je lui parle comme je veux d'abord!
- Mais t'as aucun respect ou quoi?
- Je te dérange?
- Parfaitement!

Nino se leva.

- Tu veux qu'on se batte?
- Eh oh! On se calme vous deux! Intervint Sho.
- T'es réveillé le mort? Je pensais t'avoir achevé.
- Kazu!! Firent les autres en même temps.
- Je rigole...vous avez pas beaucoup d'humour...grogna Nino en se rasseyant.

Kashiyama apporta les plats et laissa ses maîtres manger. Riisa put enfin remédier à sa faim et dévora toute son assiette en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Les 4 hommes la regardaient les yeux exorbités.

- Riisa...t'es sûre que ça va? Demanda Masaki.
- Pourquoi?
- T'as pas vu la vitesse à laquelle t'as mangé ou quoi? Fit Nino.
- J'ai faim j'y peux rien.
- Ouais mais là c'était presque féroce, t'as rien mangé de la journée ou quoi? Demanda Sho.
- Ben si, j'ai mangé à midi mais j'avais vachement faim c'est tout, ça peut arriver.
- Si tu le dis. Fit son frère jumeau en finissant de manger.

*****

Quand elle remonta, Riisa alla directement prendre un bain puis décida de lire un peu au lit avant de dormir. Ainsi, elle choisit sur son étagère un de ses mangas préféré et s'installa confortablement dans son lit. Elle voulu l'ouvrir pour commencer sa lecture lais la sonnerie de son portable l'interrompit. Elle l'attrapa et vit avec joie qu'il s'agissait de son petit ami. Elle décrocha.

- Jun! Je suis contente que tu m'appelles, tu va bien au moins?
- Hum. Daijoubu...
- T'es sûr on ne dirait pas, tu as une drôle de voix.
- J'ai juste...attrapé froid. Ma gorge est un peu enrouée...Heureusement que je ne suis pas chanteur haha!
- Haha!

La jeune femme rit avec lui mais elle sentait bien le mal-être de l'homme qu'elle aimait.

- si tu va bien alors je suis rassurée. Tu ne te surmène pas j'espère?
- Pas du tout, bon, c'est vrai j'ai eu beaucoup de boulot ces derniers temps. Mais j'aurai bientôt quelques jours de repos...Riisa?
- Hai.
- Ça te dit d'aller dîner le week-end prochain?
- Hum. Bien sûr! pourquoi pas?
- Super alors...je passerai te prendre le samedi vers 18h ça...ça te va?
- Hai, je serai prête.
- Ok...jaa à samedi. J'aurai encore beaucoup de boulot cette semaine alors je ne pense pas que je pourrai répondre au téléphone.
- Ah...ce n'est pas grave.
- À Samedi.
- Hai, je t'aime.
- Je t'aime.

La jeune femme raccrocha et soupira. Quelque chose n'allait vraiment pas chez Jun mais quoi? Elle était sûre que c'était bien plus qu'un coup de froid, sa voix tremblait par moment et on aurait même dit qu'il était à deux doigts de pleurer. Elle n'y pensa plus et commença sa lecture, s'il s'agissait de quelque chose de grave il lui aurait dit alors pourquoi s'en faire?

*****

Jun laissa tomber son téléphone à côté de lui sur son canapé et se mit à pleurer, pourquoi devait-il lui faire ça? Il l'aimait tellement. Pourquoi devoir lui briser le coeur?

- C'est fait? Demanda son manager assis sur un fauteuil dans le salon.
- Hai...souffla l'acteur.
- Reste plus qu'à attendre samedi alors...Matsumoto je t'en prie, arrête de pleurer, on s'en fout de cette fille, des comme elle y en a des millions sur terre.
- Il n'y a qu'elle que j'aime.
- Tu sais bien que c'est l'une des politiques de l'agence, si on te voit avec cette fille cela va provoquer un scandale et les scandales sont très mauvais pour ton image. Tu ne voudrais pas que ta carrière montante s'écrase sur le sol à mi-chemin? Ce serait dommage. Fit l'homme avec un sourire malsain. Bon, je m'en vais, j'ai d'autres rêves à briser, hahaha!

Le manager se leva et quitta l'appartement du jeune homme. Jun se leva à son tour et alla cogner son poing contre le mur le plus proche. Sa rage était telle qu'il ne sentait même pas la douleur, alors il continua. Il cria aussi jusqu'à ce qu'un mince filet de sang se mette à couler le long de sa main. Sa colère s'apaisa et il commença à ressentir une douleur fulgurante qui lui vrillait la main jusqu'au bout des doigts. Il se laissa tomber le long du mur et pleura de plus belle.

- RIISA !!

*****

- Nino?
- Hum?
- qu'est-ce que t'as ? Ça doit être la première fois que je gagne à mariokart contre toi. Fit son compagnon.
- Riisa m'inquiète, j'espère que Jun va se manifester un jour parce que sinon elle ne s'en remettra pas.
- Kazu, il est juste occupé, il lui répondra t'en fait pas.
- Je n'en suis pas si sûr, et puis t'as vu à quelle vitesse elle a mangé tout à l'heure? C'est dingue! Elle mange pas beaucoup d'habitude.
- elle avait faim, c'est tout. Tu te fait trop de bile.
- Ça n'était jamais arrivé avant Toshi!
- Ben elle noie son désespoir dans la nourriture qu'est-ce que tu veux que je te dise?
- Il y a autre chose, j'en suis sûr, je le sens.
- Arrête de t'inquiéter, elle va bien. On va recommencer une partie ça va te détendre.
- Nan pas envie. Dit-il en posant sa manette sur la table avant d'aller se mettre au lit.

Ohno éteignit la télé et la console. Si son petit-ami n'avait pas envie de sa console, c'est qu'il n'allait pas bien. Il grimpa donc dans le lit et le prit dans ses bras.

- Kazu, ne t'inquiète pas. Riisa est une grande fille, si elle avait un soucis elle nous l'aurait dit tu crois pas? Et puis c'est pas parce qu'elle mange plus que d'habitude qu'elle a un problème, ça arrive des fois qu'on ait un plus grand appétit.
- Toshi, c'est ma soeur jumelle, nous avons un lien elle et moi, je te l'ai déjà dit. Je le sens quand elle a un problème.
- Eh ben peut-être que tu t'es trompé. Bonne nuit. Dit-il en se tournant de l'autre côté.

Nino soupira, éteignit la lumière et essaya de s'endormir mais n'y parvint pas. Son instinct ne le trompait jamais, sa soeur avait un problème et il le découvrirait. Il se leva, enfila son peignoir et descendit dans le salon. Il saisit un album photo sur l'une des étagères et s'assit pour le feuilleter. Sur la couverture de cuir, leurs deux noms avaient été inscrits en lettres d'or. Il l'ouvrit et trouva une photo d'eux le jour de leur naissance, il sourit. Masaki était présent aux côtés de leur mère sur le cliché. Il n'avait que deux ans. Il tourna les pages où se multipliaient ses exploits et ceux de sa soeur, premier biberon, premier bain, premiers pas... Étrangement, il faisaient toujours tout en même temps. Il n'étaient pas jumeaux pour rien. Il referma l'album après avoir fait défiler des dizaines de photos. Le jeune homme le replaça sur l'étagère. Une photo tomba. Il la ramassa et l'observa. C'était la photo d'un bébé mais il ne s'agissait pas de l'un d'eux. Il regarda le verso, un nom et une date étaient écrits: Sho, 25 janvier 82. Alors il s'agissait de Sho. Son père avait caché une photo entre deux albums. Comment n'avaient-ils encore rien vu? Alors son père l'aimait vraiment. En même temps c'était aussi son fils. Mais il n'en avait jamais vraiment pris conscience. Et toutes ces cachotteries qu'il leur faisait, c'était parce qu'il le cherchait !

- Il fait partie de nous...souffla Nino.

Il remit la photo en place entre les deux albums et voulut s'en aller lorsqu'il tomba nez à nez avec son demi-frère.

- Oh! sho-kun tu m'as fais peur!
- Gomen, je n'arrive pas à dormir.
- On est deux.

Sho s'assit sur le canapé. Nino en fit de même.

- Tu ne trouves pas que la façon de manger de Riisa était bizarre? Je ne vous connais pas encore bien alors je ne savais pas si c'était normal.
- Non je ne pense pas que ça le soit. Je pense qu'elle a des soucis.
- Avec son petit-ami?
- Hum. Je peux te dire quelque chose?
- Oui bien sûr.
- Riisa et moi nous avons un lien très fort, qui fait en sorte que nous pouvons capter en quelque sorte les sentiments de l'autre. Et bien si tu veux...ce lien est en train d'opérer. Je pense qu'elle est triste. Jun qui ne lui répond pas...ça m'inquiète, j'ai peur qu'il la quitte et qu'elle soit dévastée. Mes parents sont contre leur relation mais je sais bien qu'elle l'aime énormément. Seulement...je ne sais pas si c'est réciproque...
- je ne connais pas Jun plus que ça, mais je pense qu'il l'aime aussi, ça m'étonnerait qu'il la quitte. Maintenant avec son travail...
- Satoshi me dit de ne pas m'en faire pour ça, qu'il est juste occupé mais j'ai un mauvais pressentiment, tu comprends?
- Hum.
- Je t'embête avec mes histoires, allons dormir, ça vaut mieux.

Les deux jeune homme se levèrent et retournèrent dans leurs chambres. Au moment de quitter Sho, Nino se retourna et lui dit: " Honnêtement Sho-kun, je te détestait il y a une semaine. Mais je crois que je commence à t'apprécier. " Nino monta alors dans sa propre chambre. Sho sourit. Peut-être que la vie ici allait être plus facile.

Chapitre 7

Riisa était en train de se préparer pour son rendez-vous. Comme il l'avait promis, son petit-ami ne l'avait pas rappelée de la semaine. Elle s'inquiétait toujours pour lui, il ne lui avait rien dit et elle avait peur qu'il lui cache quelque chose de grave. La jeune femme attendait cette soirée dans l'espoir de lui poser plus de questions. On frappa à la porte et elle alla ouvrir. Son jumeau se trouvait de l'autre côté.

- Je peux entrer? Je dois te parler.
- Bien sûr.

Nino entra et s'assit sur le lit. Riisa ferma la porte et le rejoignit.

- Qu'est-ce que tu as? Demanda-t-elle.
- Ce serait plutôt à moi de te le demander, qu'est ce qu'il se passe ? Tu es bizarre ces temps-ci, tu te sens bien?
- Oui très bien, pourquoi cette question?
- ben avec Jun qui ne se manifeste pas beaucoup ces temps-ci, je me disais que tu n'allais sûrement pas bien.
- Rooh ça va, il était occupé, c'est pas parce qu'on ne se voit plus pendant deux semaines que je vais faire une dépression, tu me prends pour qui? Haha! Je pensais que tu me connaissais mieux que ça!

La jeune femme riait mais son frère, justement, la connaissait très bien. Il savait que quelque chose n'allait pas. C'est pourquoi il ne bougea pas. Il saisit les deux mains de sa soeur et la regarda dans le blanc des yeux.

- Rii-chan regarde-moi et ose me dire que tout va bien, je ne te crois pas! Pas du tout! Tu sais bien ce qu'il y a entre nous deux et tu sais bien que je peux le sentir!

Sa soeur le regarda dans les yeux mais ne dit rien, elle paraissait hésiter. Finalement, elle ouvrit la bouche tout en maintenant le regard de Nino et lui dit:

- Kazu, je te promets que tout va bien. Je vais aller dîner avec Jun comme d'habitude et c'est tout. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter.

Elle réussit à se dégager et alla terminer son maquillage devant son miroir. Nino se leva et s'approcha.

- Et pourquoi tu ne manges plus?
- Comment ça je ne mange plus?
- Oui, tu ne manges plus, tu enfournes! Je n'avais jamais vu ça même chez Toshi et pourtant il a réussi à se manger un thon à lui tout seul l'autre jour!
- Mais qu'est-ce que tu veux que je te dise moi? J'ai faim c'est tout, je ne suis pas malade parce que je mange plus. Arrête de t'en faire!

Elle attrapa son sac posé sur un fauteuil et voulut sortir mais son frère restait appuyé contre la porte.

- Kazu, j'aimerais sortir, Jun va arriver.
- Tu me promets que si quelque chose n'allait pas tu me le dirais?
- Oui bien sûr.
- Tu prends bien tes précautions?
- Raaaah mais t'es vraiment chiant comme frère! Laisse-moi passer! Fit-elle en le repoussant.

Le jeune homme la suivit dans le couloir.

- T'as pris une veste?
- Oui...
- ton portable?
- Oui...
- Des préservatifs?
- Kazu!
- Quoi?
- Arrête de me couver comme ça je suis une grande fille, toi aussi t'es bizarre, tu fais jamais ça d'habitude.
- Je n'ai pas envie qu'il t'arrive malheur c'est tout.

Riisa regarda par la fenêtre.

- Je vois la voiture de Jun, à plus tard.

Mais Nino ne la laissa pas partir, au contraire, il la prit dans ses bras et la serra le plus fort qu'il put. Comme s'il avait peur qu'elle disparaisse.

- Kazu...lâche-moi...je dois y aller...
- N'oublie jamais que je suis là si tu as besoin de moi...
- ...Je sais...mais lâche-moi...il faut que j'y aille...

Le jeune homme lâcha sa soeur et elle sortit de la maison. Il la regarda monter dans la voiture puis s'éloigner de lui petit à petit. Il n'était pas sûr qu'elle rentrerait avec le sourire.

                                       *****

La jeune femme arriva toute joyeuse jusqu'à la voiture de son petit-ami et s'y engouffra.

- yo! Tu vas bien? Demanda-t-elle en se penchant vers lui dans l'espoir de recevoir un baiser après deux semaine sans l'avoir vu.

Jun ne l'embrassa pas et resta de marbre.

- Oh jun! Tu vas me répondre?
- ...oui salut. Dit-il avant de démarrer.

Arrivés au restaurant où ils avaient pris l'habitude de dîner tous les deux, Jun, qui était très galant à l'accoutumée, ne fit pas attention à Riisa et passa la porte en premier sans même prendre la peine de la tenir à sa petite amie. Ils s'installèrent à une table et on leur donna le menu. Le jeune homme s'abrita directement derrière la carte et n'ouvrit la bouche que lorsque le serveur revint pour prendre leur commande.

- Jun? Quelque chose ne va pas ?
- Pourquoi?
- Tu plaisante ou quoi? Ça fait une demi-heure que notre rendez-vous a commencé et que tu es odieux. Tu ne m'adresse même pas la parole!
- Pour quoi faire? Tu me saoule de toute façon.
- pardon?!
- Toujours à parler de la même chose...c'est très agaçant.
- Je ne te reconnais pas Jun tu n'as jamais été comme ça!
- ça c'est ce que tu crois. Je te rappelle que je suis acteur. Ce que tu as vu n'étais pas ma véritable personnalité.
- Non, je sais bien que c'est faux!

L'acteur prit une gorgée du verre d'eau qu'on venait de lui servir et répondit.

- Je t'ai amenée ici pour une bonne raison. Vois-tu ma très chère Riisa, je ne t'ai jamais aimée.
- Hein? Que...comment ça? Pourtant tu...
- Je suis acteur, tu le sais non? La vérité est que je déteste les filles à papa dans ton genre.
- Mais...
- En gros, pour moi tu n'étais qu'une passade. Juste quelqu'un qui me servait disons...à subvenir à un certain besoin. Fit-il avec un sourire mauvais au visage. Et honnêtement...j'ai connu mieux.
- ...

Le jeune homme se leva, sortit son portefeuille et en sortit un tas de billet qu'il jeta sur la table.

- Ah et au fait, inutile de me harceler dans les jours qui suivent. J'ai reçu une offre de travail aux états-unis et je pars demain. Bye bye!

Jun s'éloigna. Riisa sentit les larmes couler sur ses joues. Et dire que tout ce qu'elle croyait sur Jun était faux. Comment avait-elle pu être aussi stupide et naïve? Sortir avec une célébrité, c'était trop beau pour être vrai. Comment avait-elle pu penser qu'un acteur connu dans tout le pays qui avait tout pour être heureux s'intéressait vraiment à elle? Elle essuya ses larmes, se leva, prit son sac et sortit du restaurant. Dehors, il s'était mis à pleuvoir. La jeune femme ne prit même pas la peine de se protéger et se mit à courir en direction de chez elle.

                                      *****

- Sho-kun, c'est ton tour de reconduire Balzac à la niche. Dit Masaki occupé à jouer au billard avec ses frères et Ohno dans la salle de jeux de la maison.
- Ça peut pas attendre la fin de la partie? Râla le jeune homme. En plus il pleut!
- Raison de plus pour te grouiller! Fit Nino en se préparant à tirer.

Le jeune homme soupira et sortit de la pièce.

- Et vous jouez pas à ma place surtout!
- Non non! Promirent-ils, tous un petit sourire au coin du visage.

Sho se rendit donc dans le salon où dormait l'animal. Il s'accroupit près de lui et lui caressa la tête.

- Allez mon grand il est l'heure.

Le chien bâilla et se dressa sur ses 4 pattes. Sho se leva aussi et sortit de la maison par la porte vitrée. Il pleuvait à seaux. Il prit son courage à deux mains et courut jusqu'à la cabane destinée à Balzac. Il ouvrit la porte et se retourna pour constater...qu'il ne l'avait pas suivi. Il soupira alors en pensant que l'animal avait préféré rester à l'intérieur mais il l'entendit aboyer en direction du portail. Il s'approcha et vit quelqu'un de l'autre côté. Il avança encore et vit alors Riisa complètement trempée et visiblement en train de pleurer.

- Riisa-chan?

La jeune femme ne répondit pas. Le jeune homme ouvrit la grille et l'attrapa par la main pour la faire passer de l'autre côté. Aussitôt elle se jeta à son cou et pleura toutes les larmes de son corps.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé? Jun n'est pas avec toi?

Il ne put en dire plus qu'elle s'effondra. Le jeune homme la rattrapa de justesse.

- Riisa-chan! Oi! Réveille-toi!

Elle ne rouvrit pas les yeux. Sho fut alors pris de panique et jugea bon de hisser sa demi-soeur sur son dos et de la ramener à l'intérieur, oubliant totalement Balzac qui rentra après eux, laissant des traces de pattes boueuses sur le carlage.

- Les gars! J'ai besoin d'aide! Appela-t-il en débarquant dans la salle de jeux.

Il la déposa sur le canapé présent dans la pièce. Aussitôt les trois autres accoururent près d'elle et Kashiyama fit son entrée dans la pièce.

- Que se passe-t-il? Demanda l'homme.
- C'est Riisa, elle est revenue seule et elle pleurait je...j'ai essayé de lui demander pourquoi mais elle s'est évanouie.
- Riisa...souffla Masaki.

Nino fronça les sourcils et posa sa main sur le front de sa soeur jumelle.

- Elle est brûlante, je vais m'occuper d'elle. Dit-il en la hissant à son tour sur son dos pour ensuite quitter la pièce.
- T'es sûr? Demanda Sho.

Le jeune homme se retourna et lui lança un regard noir tel une mère protégeant ses petits. Sho se résigna. Nino s'éloigna et monta à l'étage.

- Ce ne serait pas mieux d'appeler un docteur? Demanda-t-il une fois que son demi-frère eut quitté la pièce.
- Laissez-le, Sho-san, je vous avais prévenu que Kazunari était très protecteur avec mademoiselle Riisa. Dans ce genre de situation il refuse qu'on touche à sa sœur. Croyez-moi, Riisa-san a juste de la fièvre.
- Et un bon gros chagrin d'amour...fit Ohno.

Sho vit Masaki serrer les poings.

- Jun...si je le trouve, je le tue de mes propres mains...je savais qu'il lui ferait du mal...
- Masaki-san, calmez-vous. Fit Kashiyama.
- T'énerver ne changera rien. Ajouta Ohno en posant une main calmante sur l'épaule du jeune homme.

Kazunari avait sans doute senti que quelque chose allait se passer entre Jun et Riisa, c'était pour ça que son regard était rempli de haine tout à l'heure, il l'avait deviné en un regard. Restait à savoir ce qu'il s'était réellement passé...

                                      *****

Riisa dormait paisiblement dans son lit à présent. Son frère la surveillait, assis à côté de son lit. Elle entrouvrit les yeux.

- Kazu...
- Hum, c'est moi. Murmura-t-il en replaçant les cheveux de sa soeur derrière son oreille.
- Je...
- Chut...C'est Jun c'est ça?

Nino vit les yeux de sa jumelle s'emplir de larmes dont l'une coula le long de sa joue. Il rattrapa la suivante et l'essuya avec son pouce avant qu'elle ne fasse de même.

- On en parlera quand tu iras mieux. Repose-toi.

La jeune femme ne lutta pas plus et referma les yeux. Elle sembla s'endormir. Nino était calme et pourtant la rage brûlait en lui comme un brasier. Il retrouverait Jun et lui ferait payer. Il avait osé faire du mal à sa précieuse soeur, il méritait de souffrir autant qu'elle et même plus! Le jeune homme remonta la couette sur Riisa et continua de l'observer si frêle dans ce lit immense. Elle ne méritait pas ça, quoi qu'il lui ait fait.

                                        *****

Le jeune homme poussa la porte de son appartement et composa le numéro de son manager.

- Moshi moshi jun-kun? Alors tu as enfin rompu avec ta chérie? Haha!
- Hai...
- Tu as bien suivi le scénario?
- Hai...
- Bien, je viendrai te prendre demain matin et tu pourras emménager dans ton nouvel appartement. Tu sais, histoire qu'elle ne te retrouve pas et tout le toutim.

L'homme se mit à rire bruyamment à l'autre bout de fil. Ce rire...il le détestait. Un rire malfaisant traduisant l'accomplissement d'un acte tout aussi mauvais que lui. L'acteur raccrocha. Il se mit à crier et commença à balancer tout ce qui lui passait sous la main pour finir assis contre un mur, les genoux repliés sur lui, entouré d'un tas d'objets cassés ou abîmés. Il pleurait.  Pourquoi cela devait-il se passer comme ça?

- Pardonne-moi Riisa...je suis désolé...sanglota-t-il.

Chapitre 8

*Flashback*

Kazunari vit un rai de lumière se glisser par la porte de sa chambre, pourtant il était sûr que sa mère l'avait fermée après lui avoir souhaité bonne nuit. Il ouvrit alors les yeux et vit sa soeur jumelle s'approcher de son lit, son ours en peluche en main.

- Rii-chan? Murmura le jeune garçon.
- Nii-chan...fit la petite fille, la voix tremblante.

Il se redressa et regarda sa soeur.

- Nii-chan...j'ai fait un cauchemar...
- Tu veux venir dans mon lit?

La fillette hocha la tête. Son frère lui fit une place dans son lit et elle s'y installa. Il rabattit alors la couette sur eux et lui sourit tout en la prenant dans ses bras.

- Faut pas que t'aie peur, parce que je suis là et que je vais te protéger.
- Tu me promets que tu seras toujours là?
- Hum! Dit-il en dégainant son petit doigt.

Riisa sourit et fit de même en accrochant le sien à celui du petit garçon.

- ...Si je mens je vais en enfer. Récita-t-il.

Il se lâchèrent et collèrent leurs fronts l'un à l'autre. C'était leur façon de s'endormir depuis leur naissance. Le lien tissé entre eux était inaltérable, ils avaient tellement besoin l'un de l'autre qu'il n'était pas rare que leurs parents les retrouvent dans le même lit. Ils les laissaient faire, après tout ils ne faisaient rien de mal...

*fin du flashback*

Nino se réveilla avec un bon mal de dos. En même temps lorsqu'on dort assis sur une chaise, penché sur un lit... Il jeta un coup d'oeil à sa soeur qui n'avait bien sûr pas bougé. Il avait à nouveau rêvé d'une nuit passée avec elle lorsqu'ils étaient enfants. Il sourit à cette idée, tout ça c'était le bon temps, le temps où personne ne pouvait lui prendre sa jumelle. Il leva la main gauche et la posa sur le front de celle-ci. Elle n'avait plus de fièvre. Il soupira de soulagement en baissant le bras. C'est alors qu'il remarqua qu'elle se réveillait.

- Kazu...murmura-t-elle.
- hum?
- J'aurais dû t'écouter...
- Ce n'est pas ta faute.
- Comment j'ai pu penser qu'une célébrité m'aimerait vraiment?
- Rii-chan...Tu veux en parler?

La jeune femme se redressa et s'adossa au montant du lit. Nino la rejoignit en s'asseyant en tailleur en face d'elle.

- Il m'a dit que je n'étais qu'une passade pour lui...qu'il se servait de moi pour soulager un certain besoin si tu vois ce que je veux dire...
- L'enfoiré...
- Il a dit qu'il ne m'avait jamais aimée...
- Riisa...
- Bon sang...comment j'ai pu être aussi stupide ? Dit-elle en se mettant à pleurer.

Le jeune homme la prit dans ses bras.

- Riisa, ce n'est pas de ta faute. Jun est un salaud, il ne sais pas ce qu'il perd en rompant avec toi. Il ne vaut pas la peine que tu pleures pour lui.
- Mais Kazu, je l'aimais...
- Je sais, je sais...mais tu verras, dans quelques temps tu l'auras oublié.
- Je ne crois pas...
- Pourtant je t'assure que ça arrivera. Je vais te laisser d'accord?
- Hum.

Nino embrassa sa soeur sur le front et se leva du lit pour la laisser seule. La jeune femme sécha ses larmes et attrapa son portable pour composer un numéro. Après trois sonneries son interlocuteur décrocha.

- J'ai besoin de toi...tu sais venir à la maison?

*****

Nino referma la porte de la chambre de sa soeur, son sang bouillonnant encore dans ses veines et une envie très forte de tabasser Jun jusqu'à ce qu'il rende l'âme en tête. En se dirigeant vers l'escalier, il croisa Sho qui descendait du 3e étage. Ce dernier s'approcha de lui.

- Comment va Riisa?
- elle va bien, mis à part qu'elle a le coeur brisé pour un moment. Jun l'a traitée comme de la merde en rompant avec elle hier soir...je sais même pas ce qui me retient d'aller lui casser la gueule à celui-là.
- De toute façon ça ne résoudrais rien.
- non, je sais bien, il faut attendre, c'est tout.

Le plus jeune soupira.

- Elle s'est trop attachée à lui, elle l'aimait énormément. J'espère qu'elle ne s'en rendra pas malade...Bon, viens, j'ai besoin d'un café.

Les deux jeunes hommes se rendirent à la cuisine. Nino prépara du café et s'assit ensuite en face de Sho à table. Il prit une gorgée du liquide bien chaud et reposa sa tasse en se passant une main dans les cheveux.

- Dis, Nino?
- Hum?
- Depuis quand Riisa et toi avez-vous ce lien dont tu m'as parlé l'autre jour?
- Depuis que nous sommes enfants. Quand on avait 5 ans, je suis tombé malade et je suis resté à la maison pendant que Riisa allait à l'école. Kashiyama s'occupait de moi mais il n'est pas parvenu à faire baisser ma fièvre qui montait en flèche alors il m'a emmené à l'hôpital et ils m'ont gardé parce que j'avais en fait une pneumonie. Et pendant ce temps, c'est la maîtresse qui en avait parlé à ma mère, Riisa faisait la sieste avec les autres et elle s'est relevée pour dire à la maîtresse que je n'allais pas bien. Elle n'a pas cru ma soeur ou du moins elle l'a renvoyée se coucher en lui disant qu'elle savait déjà que j'étais resté à la maison parce que j'étais malade. Riisa a insisté en disant que c'était grave, qu'elle voulait me voir, mais personne n'a fait attention à elle jusqu'à ce que Kashiyama vienne la reprendre et qu'il le dise à la maîtresse. Par après, mes parents ont demandé à Riisa comment elle savait que j'étais très malade, elle leur a répondit qu'elle le savait mais qu'elle ne pouvait pas l'expliquer.
- En effet c'est peu commun.
- Je ne me souviens plus de la première fois que j'ai ressenti la même chose mais ça doit dater de cette époque aussi.
- C'est pour ça que tu as senti que ça n'allait pas l'autre jour.
- Hum. Et je le sens toujours, je sens qu'elle est triste et c'est normal. Jun a joué la comédie avec elle en lui disant qu'il l'aimait, il a rompu avec elle sans pitié apparemment. Mais je sens autre chose aussi, je n'arrive pas à dire ce que c'est et ça m'inquiète, on dirait quelque chose en rapport avec son appétit surdimensionné.
- Je ne peux pas t'aider.
- Non je sais bien. Elle me cache quelque chose, j'en suis sûr...
- Peut-être pas.

Nino soupira, termina sa tasse de café puis alla la déposer dans l'évier avant de quitter la pièce.

- Je vais prendre une douche, ça me fera du bien. Dit-il en s'éloignant.

Sho le regarda partir tout en se creusant l'esprit. Pourquoi, alors qu'ils ont l'air de n'avoir aucun secret l'un pour l'autre, Riisa cacherait-elle quelque chose à son frère? Et surtout pourquoi Jun avait-il rompu avec elle? Ces deux questions flottaient dans son esprit à la recherche d'une réponse mais ne la trouvèrent pas. Il soupira à son tour et but une gorgée de son café devenu tiède.

"Cette famille est définitivement bien compliquée." Se dit-il.

*****

La jeune femme descendit de sa voiture et sonna. Le majordome répondit à l'interphone.

- C'est moi Kashiyama.

Aussitôt la grille du portail s'ouvrit et elle s'avança dans l'allée de gravier. Elle pénétra ensuite dans la maison. Kashiyama l'attendait.

- Je suis ravi de vous revoir mademoiselle, votre voyage en Europe s'est bien passé?
- C'était fantastique, merci de le demander Kashiyama.

L'homme s'inclina légèrement.

- Dois-je comprendre que vous venez rendre visite à mademoiselle Riisa?
- Hai, elle m'a appelée tout à l'heure, ça n'avait pas l'air d'aller fort.
- non, en effet, je pense que vous lui serez d'une grande aide.
- Rien de grave au moins ?
- Cela dépend de ce que vous entendez par grave, mais je vous en prie, elle est dans sa chambre.
- Merci Kashiyama.

La jeune femme monta les escaliers jusqu'au deuxième étage. C'est alors qu'elle aperçut un homme monter au troisième. Elle ne le vit qu'un court instant mais elle le trouva étonnamment séduisant. Elle ne l'avait jamais vu ici auparavant, ce qui l'étonna encore plus. Mais qui était-ce? Elle secoua la tête et frappa à la porte de la chambre de Riisa. Cette dernière lui donna son accord et elle entra.

- Saya! Fit-elle. En tendant les bras vers elle.
- Riisa-chan! Tu vas bien?
- Pas vraiment...
- Tu es malade? C'est grave? Tu vas mourir ? Pourquoi tu m'as appelée?
- Jun m'a quittée...
- Quoi?! Mais qu'est-ce qu'il lui a pris?
- Il m'a dit que je n'étais qu'une passade et qu'il ne m'avais jamais aimée. Il a joué la comédie avec moi tout au long de notre relation. Je me sens tellement idiote.
- Qu'est-ce qu'ils ont dit tes frères ?
- Mas' je ne sais pas et Kazu dit que je vais l'oublier et qu'il ne vaut pas la peine que je pleure pour lui.
- Mouais bon...ton frère doit revoir ses conseils parce que là j'aurais même envie de pleurer plus fort...

Riisa se remit à pleurer en silence.

- Viens là... Dit Saya en prenant son amie dans ses bras. C'est qu'un connard pour t'avoir fait une chose pareille, les hommes sont tous les mêmes encore pire quand ce sont des célébrités...
- J'aurais dû écouter mes parents...
- Ne dit pas ça, on ne peut pas savoir quand on est amoureux de quelqu'un que ce quelqu'un est un salaud de première. Tu sais quoi? Je vais aller t'acheter de la glace au chocolat!
- Pourquoi? Demanda Riisa en reniflant.
- Ça t'aidera à oublier! La glace au chocolat c'est la mailleure amie d'une fille qui vient de rompre.T'inquiète pas, je vais t'aider à effacer Jun de ta vie!

La meilleure amie de Riisa se leva et sortit de la chambre. Elle lui fit signe de la main juste avant de refermer la porte. À la seconde où elle se retourna, elle tomba nez à nez avec le jeune homme qu'elle avait vu tout à l'heure. Elle n'osa pas bouger, comme paralysée. Ses yeux étaient plongés dans les siens, d'un magnifique brun foncé. Elle oublia tout ce qu'il se passait autour d'elle et fut projetée dans un monde parallèle où ils n'étaient que tous les deux. Son coeur se mit à battre avec force, tentant de s'échapper de sa poitrine et un étrange sourire apparut sur son visage. Soudain, l'homme prit la parole la faisant poser les pieds sur terre.

- Ano...est-ce que Riisa-chan va bien?
- Ah...je...je...oui, oui elle...elle va mieux...enfin je pense...
- Tant mieux. Fit l'homme en souriant.

Saya rougit devant ce sourire si adorable. Il lui tendit la main.

- Sakurai Sho desu.

La jeune femme resta en arrêt quelques secondes puis se resaisit et lui tendit la sienne.

- Himeji Saya desu, je...je ne vous ai jamais vu ici auparavant.
- J'ai emménagé il y a deux semaines, c'est un peu compliqué, si vous êtes pressée il vaut mieux que vous y alliez, ce serait trop long à expliquer.
- So...ka, ravie de vous avoir rencontré Sakurai-san!
- De même.

Il lui sourit à nouveau ce qui la déstabilisa quelques secondes mais elle se ressaisit et descendit les escaliers pour aller acheter ce qu'il fallait à son amie.

*****

Sho resta là à regarder l'escalier bien que la jeune femme était partie depuis un moment. Son coeur battait la chamade ce qui l'étonna. Il n'avait jamais ressenti cela pour personne. Elle était si belle... Il secoua rageusement la tête et frappa à la porte de sa demi-soeur qui lui répondit. Il entra.

- Ça va? Demanda-t-il en s'approchant du lit.
- On fait aller.
- Je suis désolée Riisa-chan, nino m'a raconté...
- Ce n'est rien, comme il dit, je vais m'en remettre.

La jeune femme soupira et essuya de nouvelle larmes qui coulaient sur ses joues.

- Personne ne me comprends quand je dis que je l'aimais vraiment. Maintenant je me demande comment j'ai pu aimer Jun un jour.
- On ne choisit pas ces choses-là.
- Je sais.
- C'est une amie à toi?
- Hein?
- La jeune fille qui était avec toi? C'était une de tes amies?
- Saya?
- hum.
- Oui, c'est ma meilleure amie, on se connait depuis l'enfance. Mais pourquoi tu me demande ça?
- Je me posais la question c'est tout.
- Tu l'aimes bien c'est ça?
- Quoi?! N'importe quoi.
- Avoue!
- il n'y a rien à avouer parce que je ne suis pas amoureux d'elle.
- Tu sais que mentir c'est mal?
- oui, c'est pour ça que je ne dis que la vérité.
- Il est amoureux! Il est amoureux!
- Arrête! C'est même pas vrai!
- Bien sûr que si, je le vois sur ton visage.
- Je ne suis pas amoureux d'elle. Point à la ligne.

Sho se leva et s'éloigna avant de sortir de la chambre.

- Aaah...c'est beau l'amour. Soupira-t-elle.

*****

Jun arrêta le contact, soupira, chaussa une paire de lunettes de soleil sur son nez et sortit de son véhicule. Il prit soin de verrouiller sa voiture et pénétra dans le bâtiment. Il connaissait le chemin. Il se dirigea vers les ascenseurs et monta au cinquième étage. Dans les couloirs, des infirmières gloussèrent en le voyant. L'acteur leur fit un petit sourire. Arrivé à destination, il donna trois coups à la porte et entra. Il dormait. Ce n'était pas inhabituel. Le jeune homme s'assit donc sur un fauteuil et retira ses lunettes. Il se passa la main sur le visage et jeta un coup d'oeil à l'endormi. Il sourit tristement, vu comme ça, personne n'aurait pu deviner ce qu'il avait. On aurait simplement dit un enfant qui dormait paisiblement, un enfant qui allait à l'école, avait des amis, s'amusait, riait... Pourtant il n'était rien de tout ça, ou du moins plus maintenant. Jun retint ses larmes. Il s'était toujours promis de ne pas pleurer devant lui, éveillé ou pas. Il attrapa la main du malade et la serra dans la sienne. Elle était maigre et aussi pâle que son visage. Il avait tout sacrifié pour lui, jusqu'à sa petite-amie. Et ce, peu importe la douleur que cela provoquait. Il était le plus important pour lui, sa priorité absolue.

- Je ne veux pas te perdre, Hikaru. Murmura-t-il.

Chapitre 9

Saya revint chez les Ninomiya avec 3 pots de glace au chocolat taille xxl. Elle se rendit donc dans la cuisine pour les mettre au froid avant de monter avec l'un d'eux et une cuillère dans la chambre de sa meilleure amie. En chemin, elle croisa son frère jumeau.

- Salut Nino.
- Yo! Qu'est-ce que tu fais là? T'étais pas en Europe? Demanda le jeune homme.
- Si mais je viens de rentrer, je suis venue consoler ma meilleure amie.
- Avec un pot de glace?
- Ben oui t'as jamais entendu parler de la thérapie du pot de glace? Ça permet aux filles qui viennent de rompre de noyer leur chagrin en mangeant.
- Tu vas plutôt la faire grossir.
- De toute façon je ne t'ai pas demandé ton avis.
- Mouais, évite de la rendre malade aussi.
- T'inquiète...

Tout deux poursuivirent leur chemin quand Nino s'arrêta et reprit la parole.

- Saya?
- Oui?
- Merci d'être là pour Riisa. Masaki et moi on ne peut pas toujours faire quelque chose pour elle ou la comprendre.
- Oh mais y a pas de quoi. Je ne fais que mon devoir de meilleure copine. Sourit-elle.

Nino sourit à son tour et s'éloigna. Saya entra finalement dans la chambre de son amie. Celle-ci pleurait encore et un amas de mouchoir se formait au pied de son lit.

- Oh non Rii-chan, ne pleure plus. Je t'ai amené un pot géant de glace au chocolat.

La jeune fille sécha ses larmes.

- vraiment?
- Ben oui, je l'ai en mains.

Saya s'approcha du lit et lui tendit le pot et la cuillère. Riisa s'empressa de l'ouvrir et de s'enfourner une énorme quantité de glace en bouche.

- Doucement! T'as plus mangé depuis combien de temps?
- depuis hier soir.
- Si t'es malade je vais avoir ton frère sur le dos moi et d'ailleurs t'as pas intérêt à prendre ne serait-ce qu'un seul petit gramme!
- T'inquiète, j'ai l'estomac solide et je ne prends pas facilement du poids. Dit-elle avant de reprendre une cuillerée.

Elle renifla. Saya observa son amie. Elle ne l'avait jamais vue dans cet état. En même temps, Jun était son premier amour. Ses yeux étaient rougis, de même que son nez et son regard semblait perdu dans le vague. Elle n'avait visiblement pas bougé de son lit puisqu'elle était encore en pyjama et qu'elle n'était ni coiffée ni maquillée. Ele soupira. C'est alors qu'un éclair entra en trombe dans la pièce et s'arrêta devant le lit de Riisa.

- Riisa! Comment ça va? T'en fait pas, je vais te venger! Ce connard n'aura que ce qu'il mérite!
- Bonjour Aiba-chan. Fit Saya.
- Mas' t'es en retard, tous les autres sont déjà passés.
- Gomen, j'ai trop dormi. Comment ça va?

Riisa haussa les épaules.

- Y a pas besoin de me venger Mas'. De toute façon Jun est déjà loin.
- T'es sûre?
- Mais oui, puis ce serait stupide de régler ça par la violence.
- Tu manges de la glace à cette heure-ci?
- Hein?
- Tu mange de la glace le matin?
- Oui et alors?
- C'est pour l'aider à remonter la pente. Dit son amie.
- Ah so ka...ne te rend pas malade seulement.
- Mais non...
- Saya? Tu as rencontré Sho-kun?
- Ah...euh...oui.
- il t'a expliqué ce qu'il faisait ici?
- non. Il a dit que c'était trop long à expliquer.
- En fait...c'est notre nouveau frère. Dit Masaki.
- Pardon?
- Oui, il est né d'une précédente union de notre père mais il vivait avec sa mère. Elle est décédée il y a trois semaines alors il est venu habiter ici. En gros c'est ça. mais si tu veux il te racontera tout en détails.
- Je ne vais pas le déranger avec ça...
- Comme tu veux, j'espère que vous vous entendrez bien. Ça n'a pas été facile avec Kazu au début.
- Il avait l'air très gentil...dit Saya se rappelant de sa rencontre frappante avec le jeune homme.
- Il l'est. Dit Riisa.
- Ça te rajoute encore un frère, pauvre Riisa, je te plains toute seule avec trois garçons.
- 4 si tu comptes Satoshi. Et puis c'est pas dérangeant. Avoir une bande de garçons prêts à casser la figure de tous ceux qui m'ennuient, c'est même très avantageux.
- Je suis pas sûr que Satoshi-kun et Sho-kun feraient du mal à une mouche. Dit Masaki pensivement.
- De toute façon c'est pas comme si je vous envoyais tabasser des gens tous les jours.
- Tu es sûre pour Jun?
- Masaki!
- Quoi? Je veux te défendre moi! C'est mon rôle de grand-frère non?
- Ça ne sert à rien. Dit-elle en se recouchant. Maintenant laissez-moi, j'ai envie d'être seule.
- hein? Mais tu veux rire ou quoi? C'est toi qui m'a appelée pour...
- Laissez-moi...grogna la jeune femme en se retournant.

Masaki poussa gentiment son amie par les épaules.

- Je crois qu'on ferait mieux d'obéir. Chuchota-t-il.

Une fois hors de la chambre, Saya soupira.

- Elle est vraiment plus mal que ce que je pensais, tu as vu ce changement d'humeur?
- Hum. Même de sa part c'est assez rare et pourtant c'est de la soeur jumelle de Kazu qu'on parle.
- Mouais...
- Je t'offre un thé avant ton départ?
- Volontiers.


                                  *****

Jun lisait finalement le journal lorsque Hikaru se réveilla. Aussitôt, il posa le feuillet et se rapprocha du lit.

- Nii-chan...
- Comment ça va aujourd'hui?
- Pas trop mal...pourquoi t'as les yeux rouges? T'as pleuré?
- Qui? Moi ? Mais pas du tout voyons! Dit Jun en s'efforçant de rire.
- Le docteur a dit qu'il voulait te parler dans son bureau tout à l'heure.
- J'y serai.
- Nii-chan, tu crois que je vais mourir?

Le coeur de l'acteur rata un battement.

- Non, bien sûr que non, c'est pour ça que tu es ici, c'est pour qu'on te soigne, ne?
- Mais s'ils ne peuvent pas me soigner?
- Mais bien sûr que si qu'ils peuvent te soigner, tu verras, un jour on reprendra notre vie entre hommes tous les deux...
- Quand ça?

Jun se mordit la lèvre inférieure.

- Je ne sais pas Hikaru. Tu sais, ta maladie est un peu spéciale, on ne peut pas savoir quand elle s'en ira.
- ...

Le jeune garçon se tourna avec difficulté vers la fenêtre.

- Tu veux aller faire un tour dehors?
- Non...Pas aujourd'hui...je suis trop fatigué.

Jun se résigna. Si son petit frère ne voulait pas sortir c'est qu'il n'en était vraiment pas capable. D'habitude il ne manquerait jamais une occasion de sortir de sa chambre pour s'aérer la tête. Il le voyait bien, Hikaru ne supportait plus cette situation. Depuis sa naissance, il avait été surprotégé par leurs parents lorsque le médecin lui avait décelé un léger souffle au coeur. Il prenait des médicaments pour ça, mais à cause de ce problème, il était victime de brimades à l'école car il ne pouvait pas se dépenser et faire du sport comme les autres enfants. Puis plus tard, leurs parents sont morts et ils ont été placé dans un foyer tous les deux. Jun avait 18 ans et Hikaru seulement 5. Ils ne se sont jamais quittés et une fois arrivé à sa majorité, le jeune homme est devenu le tuteur de son petit frère pour le faire sortir de cet établissement où on ne s'occupait ni de lui ni de sa maladie. Ils se sont installés dans un appartement et Jun a fait plusieurs petits boulots pour joindre les deux bouts. Mais un jour, Hikaru s'est effondré. Les médecins l'ont hospitalisé pour lui faire passer des examens et déterminer clairement de quoi il s'agissait. Il n'avait pas de souffle cardiaque, mais il était né avec une maladie très rare qui s'attaquait à son coeur. Il faudrait l'opérer plusieurs fois en plus d'un traitement. Cependant, ces interventions coûtaient très cher. Son frère n'aurait jamais su les payer même en accumulant tous les petits boulots du monde. Puis un jour, un homme lui a proposé une grosse somme d'argent en échange d'un contrat dans son agence. Jun n'a pensé qu'à Hikaru et sa survie et c'est ainsi qu'il est devenu acteur. La première opération eut lieu peu de temps après et le jeune garçon commença son nouveau traitement. Traitement difficile autant pour lui que pour son grand frère qui le voyait assomé ou malade à chacune de ses visites. Hikaru a dû encore être opéré deux fois, à ses 8 ans puis il y a quelques mois. Il avait changé plusieurs fois de traitement aussi. Jun n'avait jamais parlé d'Hikaru à Riisa comme il n'avait jamais parlé de Riisa à Hikaru. Il ne voulait pas mêler la jeune fille à cela. Bien sûr que s'ils avaient pu être ensemble plus longtemps il le lui aurait présenté, mais le destin en a voulu autrement.

- Nii-chan ? Tu veux bien mettre la télé? C'est l'heure de ton drama non?
- Ah...hai...

Jun sortit de ses pensées, se leva et alluma le téléviseur avant de sélectionner la bonne chaîne. Il revint ensuite s'asseoir et donna la télécommande à son petit frère. Ce dernier esquissa un grand sourire lorsqu'il vit apparaître son grand frère à l'écran.  Il devait être son plus grand fan. Jamais il ne manquait un seul épisode d'un drama, jamais il ne manquait un film. Et si un jour il était incapable de visionner quoi que ce soit, Jun faisait en sorte qu'il puisse le voir plus tard. Quand les médecins accordaient au jeune garçon une ou deux semaines de répit dans son traitement, son frère obtenait quelques jours de congé et tous les deux se rendaient au cinéma voir le dernier film à l'affiche. Dans ces moments-là, ils passaient énormément de temps ensemble. Mais ces derniers temps, Hikaru commençait à s'affaiblir et quand ils sortaient ils devaient vite rentrer car il se plaignait de fatigue. Jun était inquiet à ce sujet. Depuis qu'il était devenu acteur, presque la totalité de ce qu'il gagnait allait aux soins et au bien-être de son petit frère. Il faisait en sorte qu'il soit bien soigné, on l'avait placé dans une chambre individuelle à sa demande et il le couvrait de cadeaux. Il avait tout fait pour lui. Pour éviter de perdre son travail il avait quitté sa petite-amie et obéissait au doigt et à l'oeil de son manager et de son patron. Peu importe les circonstances, la santé d'Hikaru était le plus important.

                                     *****

En début de soirée, Jun quitta son frère pour se rendre dans le bureau de son médecin. Il frappa à la porte et on l'autorisa à entrer.

- Matsumoto-san, je vous attendait, asseyez-vous. Dit l'homme en désignant une chaise en face de son bureau.

L'acteur s'exécuta. Le ton neutre du médecin ne lui disait rien de bon.

- Je vous ai fait venir car il faut que je vous parle de quelque chose concernant votre frère.
- Hai.
- À sa dernière opération il y a quelques mois, nous pensions qu'en continuant le traitement actuel pendant quelques temps, votre petit frère serait enfin remis sur pieds.
- Hai.
- Jusqu'à maintenant ses examens étaient enfin bons, mais j'ai ici les résultats de l'examen d'hier et ce n'est pas le cas.
- Qu'est ce que ça veut dire? Demanda Jun, sentant une boule se former au fond de sa gorge.
- Matsumoto-san, cela veut dire que malgré tout ce que nous avons pu faire en trois ans, le coeur de votre frère s'affaiblit. Et aucun traitement ne peut arranger cela.
- Mais...mais...ça veut dire que Hikaru va...
- Il reste encore une chance de le sauver en lui greffant un nouveau coeur mais il faut un donneur et évidemment ils sont rares. Pour le moment tout ce qu'il y a à faire c'est attendre, je suis désolé.
- Mais si on attend trop longtemps...mon frère va mourir...
- Je suis désolé.
- Vous êtes désolé? Mais vous êtes médecin non? Faites quelque chose!
- Je regrette Matsumoto-san...
- Non...non...non! Ça ne se peut pas! Il ne peut pas mourir maintenant! Il n'a que 10 ans !
- Matsumoto-san! Ce n'est pas en vous énervant que ça va arranger les choses! si on trouve un donneur à temps, votre frère sera sauvé! Il reste encore une chance!

Jun fondit en larmes. Le médecin lui tendit un mouchoir. Il le prit et sécha ses larmes.

- Nous ferons tout pour qu'il vive, Matsumoto-san. Vous pouvez compter sur nous. Vous devez vous resaisir et continuer à le soutenir.

Le jeune homme était incapable de répondre. Il était trop bouleversé pour prononcer le moindre mot. Il sortit du bureau quelques minutes plus tard. Le médecin lui avait fourni un bipeur qui l'informerait dès qu'on aurait trouvé un coeur à Hikaru. Il se rendit au parking et grimpa dans sa voiture. Il mit sa ceinture et mit la clé dans le contact mais il ne démarra pas. Il songea à son petit frère et revit le visage souriant du jeune garçon. Aussitôt il se remit à pleurer à chaudes larmes. Comment pourrait-il vivre sans lui?

                                     *****

Les quatre jeunes hommes étaient déjà à table mais Riisa se faisait attendre. Nino pianotait nerveusement sur la table avec ses doigts, la tête appuyée sur son autre main.

- Bon c'est quand qu'elle arrive? J'ai faim moi!
- C'est bizarre qu'elle ne vienne pas manger. Fit Ohno.
- Kashiyama est allé la chercher on verra bien. Dit Masaki.

Justement, le majordome entra dans la pièce.

- Mademoiselle Riisa ne viendra pas dîner ce soir. Dit-il.
- À la bouffe! S'écria Nino.
- Kazu...soupira son amant.
- Elle a dit quelque chose? Demanda Sho.
- Simplement qu'elle n'avait pas faim. Répondit Kashiyama.
- C'est son chagrin d'amour qui lui coupe l'appétit. En même temps, il était temps parce que sinon elle allait se rendre malade vu comment elle mangeait. Dit Masaki.
- Je devrais peut-être aller la voir. Dit Nino en se levant.
- Kazunari-san, votre soeur m'a demandé qu'on la laisse tranquille pour aujourd'hui, elle a dit qu'elle allait bien et qu'elle voulait simplement rester seule.

Nino se rassit et entama son assiette.

- elle a déjà dit ça ce matin. Fit son aîné. Elle a même remballé Saya-chan.
- Elle ne l'avait pas justement appelée? Demanda Sho.
- Si. Mais elle a soudainement changé d'humeur.
- Saya-chan était là ? Demanda Ohno.

Le jeune homme reçut une claque sur la tête de la part de son petit-ami.

- Aïeuh!
- Rendors-toi Toshi.
- Mais ça va je demandais, je ne savais pas qu'elle était là, sinon je lui aurais dit bonjour.
- Faut que t'arrête de dormir aussi longtemps la matinée et tu sauras quand elle vient.

Le jeune homme tira la langue à Nino qui en fit de même.

- Je ne suis pas expert dans ces choses-là, mais à mon avis elle est bouleversée par ce qu'il s'est passé avec Jun. Il faut lui laisser un peu de temps pour s'en remettre. Dit Sho.
- Je pense aussi. Attendons quelques temps et ma chère jumelle ira mieux.

Nino disait cela, mais il ignorait combien de temps sa soeur mettrait à se remettre de sa rupture, si elle s'en remettait. Il était toujours aussi inquiet pour elle, d'autant plus qu'il sentait encore et toujours cette sensation sans nom chez Riisa.

Chapitre 10

- Menteur!

Riisa lança un oreiller en direction de la télévision où était diffusé un film romantique. La jeune femme fronça les sourcils tout en se laissant tomber rageusement contre le montant de son lit et prit une énorme cuillerée de glace. Elle entendit des coups à la porte.

- Haaaaai!

Saya entra. Depuis 1 mois déjà, elle rendait visite chaque jour à sa meilleure amie qui ne semblait pas encore se remettre de sa rupture. Riisa éteignit la télé.

- Riisa-chan, je t'ai déjà dit d'y aller doucement sur la glace.
- C'est bon...
- Non, c'est pas bon. Ton frère a cafté, il m'a dit que t'étais malade depuis quelques jours. Alors pose ce pot!

Riisa se résigna et déposa son pot sur sa table de chevet.

- Moi je t'en avais acheté pour t'aider les premiers jours, pourquoi tu continues à en manger ?

La jeune femme haussa les épaules.

- Je ne sais pas, c'est comme une addiction, je ne peux plus m'en passer, c'est dingue.
- En effet c'est dingue! Mais pas dans le sens que tu crois! Regarde-toi, tu passes tes journées en pyjama dans ton lit à regarder des films à l'eau de rose tout en mangeant de la glace. Ça fait 1 mois que Jun et toi vous avez rompu, faut passer un peu à autre chose, vous n'étiez pas ensemble depuis des lustres.
- Tu ne peux pas comprendre...
- peut-être mais tu fais peur à voir. Tes frères, Ohno et moi on s'inquiète pour toi! Ils m'ont dit que tu ne descendais même plus pour manger avec eux.
- S'il suffit que je mange de nouveau avec eux pour qu'ils arrêtent de s'en faire...
- Il n'y a pas que ça, tu changes d'humeur constamment ces derniers temps.
- J'ai toujours été comme ça...
- pas à ce point-là.

Saya s'assit sur le bord du lit de son amie et soupira.

- Depuis combien de temps étiez-vous ensemble?
- 4 mois.
- Franchement Riisa tu devrais être loin de tout ça maintenant, je sais bien qu'on ne se remet pas facilement d'une rupture et je sais aussi que Jun t'as menti mais s'il te plaît, arrête de t'enfermer comme ça dans ta chambre, ça ne sers à rien.
- Tu as sans doute raison...

La jeune femme repoussa les draps de son lit, se leva et s'étira.

- Et fini la glace à tous les repas, compris?
- Oi! J'en mange pas à tous les repas!
- Fini j'ai dit.

Riisa grogna.

- D'ailleurs, t'aurais pas grossi? Demanda son amie.
- Quoi?! N'importe quoi! Fit-elle en courant se regarder dans le miroir.
- Tu sais quoi? Je vais te faire couler un bon bain chaud pour te détendre. Tu m'attends ici, je reviens.

Saya s'éclipsa de la chambre en quelques secondes. Riisa se dirigea alors vers sa garde-robe. Elle n'avait pas fait un pas, que toute la pièce se mit à tourner autour d'elle. Elle vacilla et se rattrapa à un meuble mais sa tête lui tournait toujours autant. "Qu'est-ce qu'il m'arrive?" Se demanda-t-elle. Sa vision se troubla peu à peu et elle perdit tout à fait l'équilibre juste avant de ne plus voir que le noir et de perdre connaissance.

*****

Nino s'arrêta soudainement dans sa partie de jeu vidéo. Son compagnon, qui était en train de lire dans la même pièce, entendit au loin un "game over" mais pour une fois pas de cri de rage de la part de son amant. Trouvant cela anormal, il jeta un oeil à celui-ci. Le jeune homme regardait dans le vide et fronçait les sourcils, comme perturbé par quelque chose.

- Kazu? Doushita no?
- C'est Riisa...
- Comment ça?

Nino ne répondit pas et posa sa console avant de s'élancer comme un fou dans les escaliers. Ohno le suivit.

- Kazu! Qu'est-ce qu'il se passe? Explique-moi!

Arrivé au bon étage, le jeune homme poussa la porte de la chambre de sa soeur sans frapper. Son compagnon comprit alors la raison de cette course lorsqu'il vit Riisa, gisant sur le sol, inconsciente.

- ...riisa-chan...souffla-t-il.
- Toshi, va appeler Kashiyama, dit-lui qu'il faut qu'on aille à l'hôpital tout de suite!
- ...ha...hai...

Le jeune homme s'éxécuta et quitta la chambre en courant. Nino prit sa soeur contre lui et la souleva avant de sortir de la pièce lui aussi. Il croisa alors Saya qui poussa un cri en voyant son amie sans vie dans les bras de son frère.

- Riisa...
- Saya-chan, reste ici avec Sho et Masaki, Toshi et moi on va à l'hôpital avec ma soeur.
- Mais qu'est-ce qu'elle a?
- je ne sais pas, elle était déjà inconsciente quand je suis arrivé. Excuse-moi, j'y vais!

La jeune femme regarda Nino s'en aller en courant avec son amie dans ses bras. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer en seulement 10 minutes d'absence pour que celle-ci s'évanouisse ? Elle ne put retenir ses larmes. Riisa était sûrement beaucoup plus mal en point qu'elle ne le pensait et elle n'avait rien vu. Pourvu qu'elle n'ait rien de grave...

- Saya-chan?

La jeune femme se retourna et tomba sur Sho. Sans trop savoir pourquoi, elle fonça vers lui et le serra dans ses bras avec force. Le coeur du jeune homme se mit alors à battre plus vite et ses joues devinrent toutes rouges, mais voulant connaître la raison de ses pleurs, il la prit par les épaules et la regarda dans les yeux.

- Saya-chan, qu'est-ce qu'il se passe?
- Riisa s'est évanouie...
- Quoi?
- Nino est parti avec elle et Ohno à l'hôpital.
- Mais qu'est-ce qu'il s'est passé?
- Je ne sais pas...je...j'étais allée lui faire couler un bain et quand je suis revenue dix minutes plus tard, elle...elle...

Saya se remit à pleurer. Sho la serra alors contre lui, animé par la seule pensée que celle-ci avait besoin de réconfort.

- Je ne pensais pas qu'elle allait si mal...comment j'ai pu penser qu'elle ne souffrait pas à cause de Jun?
- Ce n'est pas de ta faute, tu ne peux pas être dans la tête des gens, c'est impossible. Arrête de pleurer, je suis sûr qu'elle n'a rien de grave.

Voyant qu'elle ne s'arrêtait pas, il eut une idée. Il descendit avec elle jusque dans le salon et la fit asseoir sur le canapé avant de lui tendre son mouchoir de poche.

- Reste ici, je reviens. Je ne veux plus te voir pleurer à mon retour, d'accord?

Sho s'en alla. Il revint ensuite quelques minutes plus tard avec une tasse fumante qu'il tendit à Saya. La jeune femme s'était arrêtée de pleurer comme promis. Le jeune homme s'assit à côté d'elle et lui fit signe de boire. Elle obéit.

- C'est bon? Demanda le jeune homme une fois qu'elle eut prit une gorgée.
- Hum.
- Je sais que ça remonte à quand j'étais gamin, mais quand je pleurais, ma mère me faisait du lait chaud et étrangement, j'arrivais à me calmer. J'ai pensé que ça pourrait marcher avec toi.

Saya sourit.

- merci. C'est gentil de ta part.
- c'est vraiment pas grand chose.
- Non, non, vraiment. Merci Sho-kun.
- Y a pas de quoi.

Masaki arriva dans la pièce.

- J'ai entendu du bruit, il s'est passé quelque chose?
- Riisa a fait un malaise apparemment. Nino et Satoshi-kun sont partis avec elle à l'hôpital. Dit calmement Sho.

Son demi-frère s'assit dans un fauteuil et se prit la tête dans les mains.

- Ce connard...je suis sûr que c'est à cause de lui.
- On ne sait pas Masaki...
- Attendons, ils finiront bien par appeler ou quelque chose. Dit Saya.

Sho ne savait trop quoi penser. Il était vrai que Riisa ne sortait plus de sa chambre, mais ce malaise les inquiétaient tous encore plus. Était-ce à cause de sa rupture avec Jun ? Il y avait peut-être une autre raison...

*****

Nino faisait les cent pas dans le couloir où on leur avait demandé d'attendre. Satoshi, lui, triturait ses doigts dans tous les sens et devait être aussi inquiet pour Riisa que son compagnon. Les envies de meurtre du plus jeune ne faisaient que s'accroître avec le temps. Pourquoi sa soeur n'avait rien dit? Pourquoi avait-elle gardé ses vrais problèmes pour elle toute seule? Il ne cessait de jeter un coup d'oeil à l'horloge dont les aiguilles tournait beaucoup trop lentement à son goût et proférait ainsi toute une série de jurons à voix basse. Soudain, il perdit patience.

- Quand est-ce qu'on va nous dire ce qui ne va pas?
- Patience Kazu, on le saura bientôt.
- Ça fait deux heures qu'on est là! Ils pourraient au moins nous dire si elle va bien!

Ohno parvint à attraper son amant par le poignet et le fit asseoir sur la chaise à côté de lui.

- Calme-toi. On ne peut faire qu'attendre de toute façon.
- Comment veux-tu que je me calme alors que ma soeur est peut-être en danger de mort?
- Tu exagère...
- Non je n'exagère pas. Je ne veux pas perdre ma soeur jumelle, c'est tout. Et je te jure bien que si Jun me tombe sous la main je...

Il ne put en dire plus, car un médecin arriva vers eux.

- Ninomiya-san? Demanda-t-il.

Les deux hommes se levèrent.

- Hai.
- S'agit-il de quelqu'un de votre famille? Demanda-t-il en désignant Ohno.
- C'est mon compagnon.
- je devrais peut-être vous parler seul à seul de votre soeur.
- Ohno-san fait partie de notre famille, il a le droit de savoir.
- Bien. Je vais vous montrer sa chambre, si vous voulez bien me suivre.

Les deux jeune hommes suivirent le médecin qui en profita pour les informer de l'état de Riisa.

- Votre soeur est légèrement anémiée, c'est pour cela qu'elle a fait un malaise. Il n'y a vraiment pas de quoi s'inquiéter là-dessus, elle pourra sortir demain matin.

Nino soupira intérieurement. Ils arrivèrent devant une porte et s'arrêtèrent.

- Mais il y a autre chose, dont je dois vous parler.
- C'est...c'est grave docteur? Demanda le plus jeune, sentant son coeur battre à nouveau la chamade.
- Ninomiya-san? Votre soeur a-t-elle quelqu'un dans sa vie?
- Plus maintenant...Mais je ne comprends pas, pourquoi cette question?
- Parce que votre soeur est enceinte, Ninomiya-san.

Nino manqua de tomber à la renverse et fut rattrapé par son compagnon. Avait-il bien entendu?

Chapitre 11

Nino put enfin reprendre la parole après environ une minute de mutisme.

- Ano...Depuis combien de temps?
- Un peu moins de 3 mois. Elle peut encore avorter si elle le souhaite mais je vous recommande de bien réfléchir à cela ensemble et de faire vite.
- ...
- Merci beaucoup docteur. Nous pouvons la voir? Répondit Ohno pour son amant.
- Hai, je vous en prie. Dit-il en désignant la porte.
- Merci beaucoup. dit toujours le plus vieux.
- Je vous en prie. Pardonnez-moi mais j'ai d'autres patients à voir.

L'homme s'en alla vers les autres chambres, laissant le couple seul. Satoshi se tourna vers son compagnon.

- Kazu, je sais que tu es en colère mais essaye de te contenir s'il te plaît, pense à ta soeur.

Nino serra les poings. Ohno tenta de prendre l'une de ses mains dans la sienne mais rien à faire, son amant était fou de rage.

- Laisse-moi y aller seul. J'aimerais parler avec elle.
- S'il te plaît, reste calme Kazu.
- Je suis calme.

Le jeune homme pénétra ainsi dans la chambre de sa soeur. Elle était assise dans son lit, le regard tourné vers la fenêtre et les deux mains sur son ventre. Lorsque son frère entra, elle tourna la tête vers lui, la peur au fond des yeux. Elle avala sa salive et attendit son sermon mais celui-ci s'assit d'abord sur la chaise à côté du lit et croisa les bras sur sa poitrine.

- Combien de fois je te l'ai dit?
- Kazu écoute...
- Hein? Combien de fois je t'ai dit de prendre tes précautions?
- Des dizaines de milliers de fois...
- Alors pourquoi tu n'en a fait qu'à ta tête?
- On a oublié une fois, une seule fois, je te le promet!
- Riisa, tu sais bien qu'il suffit d'une fois pour que ça dérape. Regarde où ça t'as menée!

La jeune femme ne dit rien, son frère soupira.

- Je suppose que c'est Jun le père, c'est bien ça?

Sa soeur hocha la tête lentement.

- Encore heureux que ce soit maintenant qu'on le sache. Je me demande bien ce qu'on aurait fait avec un gosse sur les bras...
- Ano...Kazu...
- hum?
- J'aimerais le garder.

Nino regarda sa soeur en clignant des yeux plusieurs fois à la suite, il n'était pas sûr d'avoir compris.

- Quoi?
- Le bébé...j'aimerais le garder.
- C'est une blague j'espère?

La jeune femme secoua la tête. Nino se leva et se prit la tête en mains.

- Attends Riisa...T'es tombée trop fort tout à l'heure, t'as pas les idées nettes! Dans notre famille l'argent n'est pas un problème mais t'as pensé à nos parents? À leur réaction? À l'impact que ça aura sur l'image de l'entreprise si on apprend que la fille unique du PDG a eu un enfant par accident avec un pauvre connard d'acteur à succès qui l'a roulée dans la farine pour obtenir du bon temps puis la larguer?

Riisa se mit à pleurer en silence.

- Et même sans cela, tu comptes vraiment mettre cet enfant au monde et l'élever sans son père? Qu'est-ce que tu feras quand il te posera des questions sur lui? Tu crois vraiment qu'il sera heureux? Tu crois qu'en vous voyant dans la rue les gens trouveront ça mignon? Tu crois que ce sera facile? Tu vas gâcher deux vies Riisa!
- Tu ne peux pas comprendre, je sais bien tout ça...mais je...je ne peux pas avorter et faire comme si rien ne s'était passé...je suis désolée Kazu...

Nino prit une grande inspiration et expira doucement, tentant de se calmer.

- Tu veux le garder? Tu te sens capable d'affronter toutes les difficultés?
- Hai...
- tu es sûre?
- Oui.
- Je te préviens que c'est toi qui le diras aux parents, ne compte pas sur nous pour le faire à ta place. Donne-moi l'adresse de Jun, il va m'entendre celui-là.
- Je ne peux pas...
- Riisa, cet enfoiré doit être au courant!
- Je ne peux pas te donner son adresse, ça ne servirait à rien, il est parti aux États-Unis il y a un mois.
- Tu vas quand même pas croire ça alors qu'il t'as déjà menti pendant 4 mois! Son adresse!
- Kazu...
- Son adresse, dépêche-toi!

Riisa cracha le morceau puis son frère sortit de sa chambre, plus en colère que jamais. Son compagnon s'approcha de lui.

- Tu es sûr que ça va? Je t'ai entendu crier.
- Non, ça ne va pas! Jun a profité d'elle pendant des mois et voilà qu'elle est enceinte de lui! J'en ai assez! je rentre en taxi!

Ohno voulu retenir son amant mais s'abstint finalement, voulant éviter les représailles. À la place, il pénétra à son tour dans la pièce et trouva son amie en pleurs. Sans bruit, il s'assit sur le bord du lit et la prit dans ses bras.

- Ça va aller...murmura-t-il.
- Non ça ne va pas aller...Kazu n'a pas tort, qu'est-ce que mes parents vont dire?
- Tu veux avorter?
- Non, ça jamais!
- Je pense que si tu leur explique, ils comprendront non? Vos parents sont loin d'être des tyrans.
- Mais...pour ce qui est de l'entreprise...
- Écoute Riisa, tu es adulte il me semble. Et toi seule peux décider de ce que tu fais concernant ce bébé. Si tu décides de le garder, tu le garde. Personne ne peut t'obliger à faire quoi que ce soit. Si tu le garde, crois-moi, même si je n'ai aucune expérience dans le domaine, je t'aiderai.

La jeune femme sourit et essuya ses larmes.

- Et je suis sûr que les autres t'aideront aussi. Ajouta Ohno.
- Kazu, ça m'étonnerait.
- Tu sais bien qu'il ne t'abandonnera jamais.
- Mais si cette fois il...
- Ça n'arrivera pas je te dis. Il t'aime trop pour faire ça.

Riisa se blottit un peu plus contre le jeune homme.

- Heureusement que tu es là.
- Fais-moi confiance je parlerai à ton frère au calme ce soir. Tu sais, d'un autre côté, je le comprends. Même s'il s'emporte un peu vite, il s'inquiète pour toi.
- Je sais. N'allez pas croire que je prends ça à la légère, honnêtement j'ai peur, j'ai même très peur. Quand le médecin m'a dit que j'étais enceinte j'ai cru que c'était un cauchemar mais j'ai réfléchi et je ne veux pas avorter. J'en suis incapable. C'est de mon enfant qu'il s'agit.
- Je comprends. Mais...pour ce qui est de Jun?
- Il m'a dit qu'il partait aux états-unis il y a un mois. Kazu pense qu'il a menti et il veut aller chez lui pour tout lui dire.
- Ne m'en veux pas, je crois qu'il se fatigue pour rien. Même s'il est encore au Japon, je ne pense pas que Jun voudra du bébé vu son attitude envers toi quand vous avez rompu.
- Je ne t'en veux pas. Je refuse qu'il fasse partie de la vie du bébé de toute façon, pas après ce qu'il m'a fait.
- si Kazu le trouve ça va barder...
- Il ne le trouvera pas. Je suis sûre que ce déménagement n'était pas un mensonge. Mieux vaut l'oublier maintenant. Il est loin de tout ça.

Ohno ne dit plus rien. Riisa s'allongea convenablement dans son lit et se tourna vers la fenêtre pour voir que le jour déclinait tout doucement, il était plus tard qu'elle ne le pensait. Forcément lorsqu'elle restait cloîtrée dans sa chambre, elle n'avait plus la notion du temps. Désormais elle devrait se reprendre en mains et tenter d'oublier son ex-petit ami, pour son bien à elle et celui de l'enfant à venir. Évidemment ce ne serait pas facile, d'autant plus qu'elle n'avait pas conçu ce bébé toute seule mais au fond d'elle elle savait qu'elle y arriverait.

*****

Le jeune homme descendit du taxi après avoir payé le chauffeur et sonna à l'interphone pour qu'on lui ouvre. C'est son frère qui lui répondit et lui permit d'entrer. Nino parcourut les dix mètre qui le séparait de la porte d'entrée et pénétra dans la maison. Aussitôt, ses frères et Saya se jetèrent presque sur lui et l'assaillirent de questions sur l'état de sa soeur. Il ne leur dit pas tout de suite et les emmena s'asseoir au salon.

- Où est passé Satoshi-kun? Demanda son demi-frère.
- Il est resté avec Riisa.
- Alors Nino, comment elle va? Demanda la jeune femme.
- Elle va bien. Répondit-il en tentant de contenir sa colère.

Les trois jeunes gens poussèrent un grand "ouf!" De soulagement. Cependant, ils voyaient tous bien que quelque chose tracassait Nino. Sho voulut alors lui demander ce qui n'allait pas mais il reprit la parole.

- Je dois vous dire autre chose.
- mais tu viens de dire qu'elle allait bien...fit Masaki.
- Oui, oui elle va bien mais...
- mais? Fit Saya
- Écoutez, je ne vais pas y aller par 4 chemins, Riisa est enceinte.
- Quoi?! S'écrièrent-ils tous ensemble.

Nino se passa la main sur le visage.

- Kazu...dis-moi que ce n'est pas vrai...je t'en supplie...
- Si Masaki...
- C'est pas vrai...tout ça à cause de ce sale type...marmonna le plus grand en serrant les poings de rage.
- Qu'est-ce qu'on t'as dit à l'hôpital? Ils t'ont donné plus de détails? Demanda Sho.
- Ils ont dit qu'elle en était à un peu moins de 3 mois, qu'elle pouvait encore avorter mais elle ne veut pas. J'ai essayé de lui parler mais rien à faire, elle veut le garder.
- j'en reviens pas...souffla Saya. Et qu'est-ce qu'on fait pour Jun? On ne peut pas le laisser s'en tirer comme ça.
- Riisa dit qu'il est parti aux États-unis mais nous savons tous les quatre qu'il lui a menti pendant des mois. C'est sûrement un autre de ses mensonges.
- Mais qu'est-ce que tu veux faire?
- Riisa m'a donné son adresse. Je vais aller chez lui, tout lui dire et accessoirement lui foutre mon poing dans la gueule. Mas' tu viens avec moi?
- Bien sûr! Je tiens à lui balancer mon pied bien fort là où je pense!
- Et toi Sho-kun?
- Ne m'en voulez pas...je pense que je vais rester ici...

Nino claqua de la langue.

- Bien, allons-y Masaki. ajouta-t-il.
- Soyez prudents, tout de même. Je sais que vous êtes furieux mais n'allez pas trop loin avec Jun. Dit Saya alors qu'ils s'apprêtaient à partir.
- Mais oui t'inquiète pas...marmonna le plus jeune en s'éclipsant avec son aîné.

Néanmoins, Saya connaissait bien les frères de son amie et même si elle partageait leur colère, elle restait inquiète à l'idée de ce qui pourrait arriver s'ils s'emportaient.

*****

Ne bénéficiant d'aucun moyen de transport autre que leurs pieds, les deux frères arrivèrent devant un immeuble non loin de chez eux. Le bâtiment avait l'air plutôt vieillot pour abriter une célébrité locale. L'acteur tenait sûrement beaucoup à sa discrétion. Ils s'approchèrent de la porte d'entrée à côté de laquelle s'affichait toute une série de boutons de sonnette. Quoiqu'il n'y en avait pas tant que ça à bien y regarder. Lorsque les deux jeune hommes voulurent appuyer sur celle de Jun, ils ne la trouvèrent pas. Ils épluchèrent tous les noms placés sur chacune d'entre elles plusieurs fois, en vain.

- Yabai...t'es sûr que c'est la bonne adresse?
- Mais oui, C'est exactement celle que Riisa m'a donnée.
- Et si elle t'en avait donné une fausse?
- Tais-toi et regarde cette sonnette.

Masaki s'approcha du bouton que lui montrait son petit frère.

- Y a rien dessus.
- Mais si, regarde! des traces de colle! Ça veut dire qu'il y avait quelque chose dessus avant.
- Et alors?
- Alors peut-être que c'est celle de Jun.
- J'ai du mal à comprendre où est le rapport.
- raaah! Appuie sur cette fichue sonnette!

Masaki obéit et une voix de femme lui répondit après quelques instants.

- Oui?
- Est-ce que Matsumoto Jun est là? Demanda Nino.
- pardon?
- Matsumoto Jun habite-il ici?
- Matsumoto Jun? Vous voulez rire ? J'aimerais bien qu'il vive ici! Rit la femme.
- Donc c'est non...
- Non je suis désolée...il ne vit pas ici.
- ah...pardon du dérangement alors. Bonne soirée madame.
- Également.

Ils tournèrent les talons dépités. Riisa avait menti à son frère jumeau et lui avait donné une mauvaise adresse. Ils allaient pour rentrer chez eux quand il croisèrent une vieille dame occupée à balayer le trottoir malgré l'heure tardive. Elle les arrêta.

- Vous cherchez Matsumoto-san? Demanda-t-elle.
- Excusez-moi? Fit Nino.
- Si vous le cherchez, il a déménagé il y a environ un mois déjà.
- Et vous savez où il est allé? Demanda Masaki.
- Bien sûr que non, je ne mêle pas de ça, vous savez en tant que concierge, je n'ai fait que reprendre les clefs de son appartement.
- D'accord, merci quand même madame. Dit le plus jeune en faisant une courbette.

Les deux jeunes homme reprirent leur route encore plus en colère qu'à l'allé. Ils n'avaient plus aucune chance de retrouver Jun maintenant.