Je saigne encore
« Au revoir Tego', à demain ! » Me dit Massu' avant de fermer la porte de salle qui nous était consacrée. A nous, NEWS, qui étaient maintenant quatre depuis une semaine. Une foutue semaine où je n'avais fait qu'espérer que cette horrible réalité ne soit qu'en fait qu'un terrifiant cauchemar.
Il a le droit de poser ses mains sur ton corps,
Il a le droit de respirer ton odeur
Je mis ma tête entre mes mains, en écoutant cette chanson. Je me rappelai alors qui m'avait fait découvrir ce groupe français, me disant à quel point ça correspondait à son style de musique.
« Tu ne trouves pas que c'est fantastique ? » Me demanda Ryo avec son grand sourire que seul lui savait faire. Mon cœur commença à battre la chamade. Je me retins de dire que la seule chose fantastique ici, c'était lui. Je me mordis la langue à cette pensée, je n'avais pas le droit.
« C'est génial ! » Je m'exclamai avec un sourire un peu forcé.
Il sourit encore plus et mon cœur continua sa course folle.
« Je suis heureux que ça te plaise ! Vraiment !
- HAHAHA ! »
Il me donna une petite tape sur l'épaule, n'arrangeant pas la rougeur sur mes joues. Puis releva la tête en entendant la sonnette de son appartement. Il alla ouvrir.
« Oh ! Pi-Chan ! » Dit-il d'un air surpris.
« Ryo ! Je me suis dit que ça serait sympa une petite soirée ensemble ! » Déclara mon leader d'un ton tranquille.
De mon côté je baissais les yeux, sentant les larmes monter en entendant Ryo acquiescer d'un air joyeux. Après tout j'aurais du m'en douter. Leurs regards, leurs paroles, leurs gestes, tout le disait. Tout laissait penser qu'il n'y avait pas que de l'amitié entre ces deux-là. Et pourtant je n'y avais pas cru. J'avais refusé de voir la vérité en face, simplement par égoïsme, simplement pour me laisser imaginer que je pourrais un jour occuper une plus grande place dans le cœur de Ryo, celui que j'aimais depuis la création du groupe. Mais j'avais bien compris que non, une semaine auparavant. Depuis qu'il était parti avec son Yamapi de malheur... Yamapi que j'admirais tant et qu'aujourd'hui je détestais.
Il a même droit aux regards qui le rendent plus fort
Mais moi, la chaleur de ta voix dans le cœur
J'avais l'impression que mon cœur éclatait sous la douleur mais je ne flanchais pas. Pas encore. Je m'étais promis de rester fort. Rester droit quoi qu'il arrive, même si celui que j'aimais ne faisait plus partie ni de mon présent ni de mon avenir.
« On doit vous annoncer quelque chose... » Commença Yamapi alors que Ryo restait immobile à côté de lui.
Je trouvais de suite cela bizarre. Ce n'était pas dans les habitudes de mon ami de laisser le leader parler à sa place. Il n'aimait pas se cacher derrière les autres pour avoir une excuse...
« Qu'est-ce qu'il se passe ? » Demanda Keiichiro en s'asseyant dans le grand canapé, suivi de peu par Shige et Masuda, qui lui s'installa aux côtés de Tegoshi.
« Voilà... Euuuuh... » Continua le leader en baissant les yeux, cherchant ses mots.
Pour ma part je ne regardais que Ryo, comme s'il eut été la seule personne dans la pièce. J'observais tous ses gestes pour essayer de comprendre son mal-être évident. Il se rongeait les ongles et regardait le sol. Cette histoire sentait très mauvais...
« En fait, ça fait longtemps qu'on en parle Ryo et moi, mais on aimerait quitter le groupe. »
Ça y était, la bombe était lâchée. Nous n'osions dire mot tandis que ce traitre de Yamapi exposait toutes les raisons de ce départ, pendant que Ryo gardait les yeux fixés sur le sol. Sentant un regard sur lui, il les leva enfin vers moi et l'espace d'un instant, je pus y déceler de la tristesse. Mais je n'eus pas le temps d'approfondir cet échange que la colère m'envahit et je quittais les locaux en trombe. Ils avaient voulu partir ? Très bien ! Les larmes me montaient aux yeux en pensant à la tristesse que j'avais ressentie chez Ryo à ce moment-là. Se pouvait-il qu'il n'ait pas réellement fait le choix de quitter NEWS ? Qu'en fait il n'en avait jamais eu envie ? Je me bourrais le crâne à la quête d'une quelconque preuve qui montrerait que Ryo n'avait pas voulu me quitter. Il n'avait pas pu... Après tout il le savait, comment Tegonyan pouvait-il vivre sans Ryotan ? Enfin après tout je pouvais encore faire partie de son monde, il ne m'avait pas dit que notre amitié était finie... Mais je l'avais ressenti comme tel. Ils avaient manigancé leur départ et nous avez lâchement abandonné. Je ne pus en supporter plus, je fondis en larmes dans la petite pièce sombre.
Et ça fait mal crois-moi, une lame
Enfoncée loin dans mon âme
Regarde en toi
Même pas l'ombre d'une larme
Je pleurais au rythme de la chanson, laissant l'émotion m'envahir tout entier.
La répétition du dernier clip avait été bien trop longue à mon goût. Depuis quand les Kanja' avaient-ils autant d'activité ? Ah oui, depuis que j'avais quitté mon ancien groupe, les NEWS... Les NEWS dont faisait partie Tegoshi, Tegoshi que j'avais longtemps considéré comme un petit-frère, Tegoshi dont j'étais finalement tombé amoureux... Tegoshi à qui je ne devais plus parler.
Et je saigne encore
Je souris à la mort
Tout ce rouge sur mon corps
Je te blesse dans un dernier effort
Je parcourai les couloirs de la Johnny's Jimusho en soupirant. Cela faisait maintenant une semaine, une semaine que je n'en pouvais plus, que j'en crevais presque de ne pas pouvoir ne serait-ce que de lui adresser un instant la parole. Mais au fond de moi, je savais que c'était la bonne décision, je ne voulais plus souffrir de cette situation et je ne voulais pas le faire souffrir non plus avec mon foutu caractère...
“ Ryo-Chan ?” M'interpela Yamapi. Nous étions tous au restaurant et je m'étais exhilé dans les toilettes pour hommes, acroupi. Je sanglotais tel un enfant, j'avais tellement honte qu'on me voit comme ça...
“Ryo-Chan ?” Recommença-t-il devant mon manque de réaction. Ne pouvait-il pas me laisser tranquille à déprimer ? J'étais très bien tout seul ! Ou pas... Il fallait que je lui répondre, c'était mon ami après tout.
“Oui ?” Fut la seule chose que je pus répondre. Mais vu mon état, c'était déjà amplement suffisant.
“ Ça fait cinq minutes que tu es ici, les autres s'inquiètent, Tegoshi s'inquiète...”
Je releva les yeux d'un air paniqué. Son ton voulait tout dire, depuis quand savait-il ?!
“Comment tu...
- Je t'en pris Ryo ! Tu es mon meilleur ami ! Même quand tu essayes de me cacher un truc, tu n'y arrives pas !
- Ouais...”
Il avait raison, autant ne pas se débattre avec la bête féroce qu'était mon ami quand on le cherchait trop.
“Ecoute mon pote, je vois bien l'état dans lequel tu es. Tous les jours, tout le temps... La présence de Tegoshi te fait souffrir, donc soit tu lui avoues tout et là c'est quitte ou double, soit tu prends des mesures.
- Je ne pourrai jamais lui avouer, Yamapi. Je ne peux pas faire ça, c'est au dessus de mes forces...”
C'était vrai, je pouvais déjà parfaitement imaginer son visage dégoûté quand je lui dirais mes véritables sentiments pour lui. Et ça, ça me dévastait déjà...
“Alors tu prends des mesures.
- C'est quoi tes mesures ?”
Il me regarda d'un air réellement triste avant de soupirer. Et on l'avait fait, ensemble. On avait vraiment pris des mesures, et pas des moindres : On avait quitté le groupe. Au revoir Tegoshi, à jamais. Et depuis une semaine, tout allait encore plus mal. Depuis que j'avais... enfin que Yamapi avait annoncé notre départ, depuis que j'avais le regard de Tegoshi, depuis que je l'avais vu quitter la pièce en courant...
Je passais devant mon ancienne loge, la loge de NEWS... Je détournais les yeux, cela me le rappelait trop... Quand soudain, j'entendis des sanglots, des petits sanglots étouffés... Je pensais directement à la personne que j'aimais et ouvrit directement la porte...
Il aime caresser ton visage quand tu t'endors
Et toi tu te permets de dire encore encore
Une personne entra dans la petite pièce où je me trouvais. Malgré les ténèbres qui régnaient ici, je pu parfaitement distinguer sa fine silhouette.
“Ryotan...” Je laissais échapper cet appel au secours, cet appel désespéré, il m'avait tellement manqué...
“Tengonyan... Qu'est-ce que tu fais là, dans le noir ? Avec cette chanson ?” Il se rapprocha de moi et s'installa sur le canapé à mes côtés, après avoir pris soin de fermer la porte.
[center]Je sais que ce qui ne tue pas rend plus fort
Mais moi, mais moi je suis déjà mort[/center]Il passa un bras autour de moi et cette proximité soudaine me fit frissonner. Je decidai de le regarder, c'était bien plus intéressant que de lui répondre. Je détailla son magnifique visage, de ses yeux en amande d'un marron profond à ses lèvres qui pour une fois, ne s'étiraient pour former son sourire si particulier... Une ride s'était formée entre ses deux yeux, signe qu'il était inquiet. Je n'en revenais pas... Il était inquiet pour moi... Alors je comptais un petit peu ?
“Tegonyan, qu'est-ce qu'il se passe ?
- Tu n'es pas avec Yamapi ?”
Mon ton s'était fait glacial et cette phrase était sortie toute seule, plus tranchante que le plus coupant des couteaux. Mais j'étais comme ça après tout, totalement imprévisible, spontané. Parfois même un peu trop...
“Pourquoi je serais avec Yamapi ?” Me répondit-il sur le ton le plus doux qui soit. A présent il semblait totalement perdu.
“Vous êtes ensemble non ?
- Quoi ?! Mais t'es malade ou quoi ?!
- Juste réaliste.”
Ma jalousie se faisait féroce, mais je lui en voulais tellement. Et je m'en voulais qu'il me fasse encore tant d'effet. Quand est-ce que j'allais enfin arrêter d'éprouver ces sentiments pour lui ? Ca faisait beaucoup trop d'années maintenant...
Ça fait mal, crois moi, une lame enfoncée loin dans mon âme
Regarde en toi, même pas l'ombre d'une larme
“C'est quoi cette histoire ?
- Ça crevait les yeux que vous étiez amoureux Ryo !
- Mais... Yamapi n'est pas gay voyons Tego' !”
C'était peut-être étrange, voir même stupide pour moi de penser ça, mais ce qui m'avait choqué c'est qu'il défende Yamapi et pas lui-même...
“Parce que toi tu l'es ?
- Je... Je considère que l'amour n'a pas de sexe.”
Il avait maintenant tourné les yeux, rouge comme une tomate. Je lui détournais le visage de mes mains, je ne savais pas trop ce que je faisais mais j'avais confiance.
Nos regards se croisèrent et se fixèrent un moment, comme s'ils cherchaient au plus profond de nos âmes. Je me penchai vers lui et posa mes lèvres sur les siennes. Juste comme ça, furtivement, quelques secondes, juste le temps de savourer un peu cet instant, de me rendre compte de ce que je faisais, avant de me retirer avec regret.
“Si je fais ça, ça te fait quoi ?” Je dis de mon ton le plus calme, comme maitre de mes émotions, alors qu'à l'intérieur c'était la plus grosse tempête de tous les temps...
“Pourquoi tu as fait ça ?
- Je t'aime Ryo, il serait peut-être temps de t'en rendre compte, tu crois pas ?
- Tu... Tu...
- Je, je ?”
Il me fixa un instant, éberlué, avant de se jeter sur mes lèvres. Cette fois-ci, le baiser fut passionné. Je profitais du goût de ces lèvres (que j'avais tant rêvé, avouons-le) au maximum. Et quand on se sépara, ce fut pour recommencer à nouveau, encore et encore, afin de s'imprégner l'un de l'autre et ne plus jamais se quitter...
Et je saigne encore, je souris à la mort
Tout ce rouge sur mon corps
Je te blesse dans un dernier effort