Crazy Family

Chapitre 12

Jun prépara une couverture et un oreiller dans le grand fauteuil amovible dans lequel il allait dormir cette nuit. Depuis un mois, il restait le plus possible avec son frère de peur de le perdre pendant qu'il n'était pas là. Il avait pu obtenir l'accord des médecins et des infirmières. Lorsqu'il eut terminé de préparer son lit de fortune, il s'assit et jeta un oeil au malade. Il s'était déjà endormi depuis un bon moment. Si seulement...si seulement il n'avait pas cette maladie...Hikaru serait un enfant normal et il aurait pu lui présenter Riisa et peut-être même qu'ils auraient pu être une famille unie tous les trois. Sans tout cela ils seraient tous les deux beaucoup plus heureux. Jun retint les larmes qui menaçaient de glisser sur son visage et sortit de la chambre pour se dégourdir les jambes dans le couloir. Mais il était tellement à bout qu'il décida de s'aventurer plus loin. Il ne risquait pas de se perdre, à force de visites dans cet hôpital, il avait fini par en connaître chaque recoin. Il marcha un bon moment à travers les étages en s'efforçant de ne penser à rien, ce qui était bien sûr chose difficile. C'est alors qu'il la vit, contemplant le ciel nocturne avec attention par les grandes vitres d'un couloir perpendiculaire à celui d'où il venait. L'acteur songea pendant un quart de seconde à aller la rejoindre et tout lui dire mais son petit frère lui revint en tête, ce qui le força à rester tapi dans l'ombre. Néanmoins, il l'observa. Son visage était triste et il lui sembla même qu'elle pleurait en silence. Elle portait un pyjama de l'hôpital semblable à celui d'Hikaru. Elle était donc hospitalisée ici, mais pourquoi? Y était-il pour quelque chose? Était-ce grave? Le jeune homme se sentait atrocement mal et réprima tant bien que mal son envie de courir la serrer dans ses bras. Elle détourna le regard de la fenêtre et s'essuya les yeux avant de s'en aller. Une fois qu'il fut certain qu'elle n'était plus là, Jun soupira et regagna tristement la chambre de son frère. Là, il n'eut plus le courage de rester éveillé et s'allongea dans le fauteuil avant de fermer les yeux. Mais les images de Riisa devant cette vitre revinrent le hanter. Il voulait la voir plus que de raison, il voulait tout lui dire, tout lui expliquer mais c'était impossible. Il avait été horrible avec elle quand ils avaient rompu mais il n'en avait pas eu le choix, c'était son manager qui l'avait forcé à lui mentir. Si seulement rien de tout ça n'était arrivé...

*****

Les trois hommes mangeaient leur repas dans la salle à manger. Nino n'était pas présent à table. Un silence pesant régnait dans la pièce. Masaki jouait distraitement avec ses baguettes dans son assiette, il n'avait presque rien avalé. Les deux autres dînaient sans bruit mais inutile de dire que la nouvelle les retournaient encore tous.

- Masaki-kun, tu n'a rien mangé...fit Sho d'une voix plutôt basse.
- Comment tu veux que je mange dans une situation pareille?! À t'entendre on dirait qu'il ne s'est rien passé!
- je...je...
- Arrête de t'énerver sur lui Masaki ce n'est pas Sho-kun le responsable dans cette histoire!
- Vous en avez de bonnes...

Le jeune homme rejeta ses baguettes dans son assiette et quitta la pièce. Sho fixa la sortie la mine déconfite. C'était bien la première fois qu'il le voyait dans cet état. Apprendre que Riisa était enceinte l'avait lui-même choqué, comme ses frères et Satoshi mais bien sûr il ne pouvait imaginer l'effet que la nouvelle avait eu sur Nino et Masaki. Il n'avait soudainement plus d'appétit et posa calmement ses baguettes à côté de son assiette. Ohno l'imita et posa ses coudes sur la table avant de s'y appuyer.

- Ne t'en fais pas Sho-kun, Masaki n'est comme ça que très rarement, il va finir par se calmer.
- Tu es sûr parce que...c'est pas rien ce qu'on vient d'apprendre...
- Je sais mais quand il verra Riisa demain matin il changera d'humeur du tout au tout, je le connais, il est incapable de se fâcher contre elle.
- Et Nino?

Ohno soupira.

- Pour Kazu c'est plus compliqué, tu le connais maintenant, tu sais bien que dès qu'il s'agit de Riisa il est capable de tout.

Sho hocha la tête calmement.

- j'ai parlé avec elle à l'hôpital et je lui ai promis de régler les choses avec son frère. Elle veut vraiment garder cet enfant mais évidemment ça ne plaît pas à tout le monde.
- Même toi?
- Bien sûr, je ne suis pas franchement d'accord avec sa décision. Je n'ai aucun lien de sang avec cette famille mais ces trois-là sont comme mes petits frères et soeurs, même si Kazu est bien plus que ça à mes yeux. Je veux ce qu'il y a de mieux pour Riisa, elle ne mérite pas ce qui lui arrive mais elle fait ce qu'elle veut. Je ne suis pas là pour choisir à sa place, je me contenterai de l'aider et de la soutenir.
- So...ka...
- Jaa...je vais essayer de faire avaler quelque chose à Kazu. Bonne nuit Sho-kun.

Satoshi se leva et quitta la pièce en direction de la cuisine. Sho soupira que faire dans une situation pareille? Il bâilla. Il était exténué. Le jeune homme se leva et se rendit dans sa salle de bain pour prendre une douche. L'eau chaude lui permit de se détendre et de s'évader vers ses pensées. Aussitôt, il songea à Saya et à son sourire si adorable... Il secoua rageusement la tête. Mais à quoi jouait-il? La jeune femme ne l'intéressait pas alors pourquoi ne quittait-elle plus son esprit à présent ? Sho s'efforça de penser à autre chose. Après, il irait se mettre au lit...Et elle que faisait-elle? Il secoua à nouveau la tête et se replongea dans ses projets après sa douche. Ensuite il lirait sûrement ou il regarderait la télé, d'ailleurs, qu'est-ce qu'elle aime lire ? Qu'est-ce qu'elle regarde comme émissions d'habitude? Rien à faire, Saya lui revenait sans cesse en tête.

- Non c'est pas possible... Jura-t-il entre ses dents tout en se donnant des petites tapes sur les joues.

*****

Ohno pénétra dans sa chambre et soupira lorsqu'il vit que son amant s'était à nouveau éclipsé vers le balcon. Il posa l'assiette qu'il avait amenée avec lui sur la table et s'empressa d'aller le rejoindre. Lorsque celui-ci le vit, il lui lança un regard de tueur et continua à fumer comme s'il était toujours seul. Le plus vieux s'assit en face de lui.

- Kazu...
- Quoi ? Répondit-il en lui jetant à nouveau un regard noir.
- Il faut que tu manges quelque chose...
- Pas envie...

Ohno soupira. Nino tira une dernière fois sur sa cigarette et l'écrasa.

- Kazu, j'ai parlé avec Riisa tout à l'heure, elle veut vraiment garder ce bébé tu sais.
- Et bien moi je refuse.
- Elle y a réfléchi, c'est pas une décision prise comme ça à la légère.
- Ça m'étonnerait...
- Qu'est ce que tu peux en savoir d'abord? T'es pas dans sa tête que je sache!
- Mais réfléchis un peu! Tu crois vraiment qu'elle a pu y réfléchir sérieusement en seulement 10 minutes? Et puis d'ailleurs je ne comprend pas comment tu peux accepter la situation.
- Je n'ai jamais dit que je l'acceptais, simplement je ne suis pas là pour l'obliger à faire quelque chose qu'elle ne veut pas faire!
- Mais putain Satoshi! T'es complètement à côté de tes pompes! Qu'est-ce qu'elle va faire de ce gosse? Jun s'est taillé on ne sais où, nos parents vont piquer une crise monumentale mais toi tu l'encourage!
- C'est toujours mieux que de la forcer à avorter contre son gré!
- Tu sais quoi? T'as raison laisse-la faire ce qu'elle veut, mais je ne serai pas là pour réparer ses conneries!

Ohno sombra dans une rage folle. Il saisit son amant par le col de son t-shirt et le plaqua contre la porte vitrée avec violence. Il le maintint en place avec une force que même Nino ne lui connaissait pas et approcha son visage de celui du plus jeune.

- Tu te rends compte de ce que tu dis? Tu crois vraiment que c'est facile pour elle?
- Lâche-moi! Grogna nino en se débattant.
- Tu dis toujours que tu ne voudrais la perdre pour rien au monde, qu'elle est tout pour toi...Et parce qu'elle a fait un choix que tu n'approuves pas, tu serais prêt à la laisser tomber? Cria son compagnon.
- ...
- Pas une seconde tu ne t'es demandé ce qu'elle pouvait ressentir? Je sais que Jun est parti, je sais que tes parents ne seront pas d'accord, mais je ne pense pas que ce soit une raison suffisante pour que tu l'abandonnes. Dit Ohno soudain redevenu plus calme. Je n'ai jamais dit que j'étais d'accord avec sa décision, mais dans ce cas-là, le mieux c'est d'être là pour elle en cas de besoin.

Celui-ci lâcha Nino qui se laissa glisser jusqu'au sol et se mit à pleurer, la tête enfoncée entre les genoux.

- Arrête de pleurer Kazu. J'ai raison non? Ta soeur et toi en tant que jumeaux vous avez le lien le plus fort qu'il peut y avoir entre deux personnes. Je sais que tu l'aimes plus que tout au monde. Il ne faut pas que ça change à cause de l'arrivée accidentelle de cet enfant.

Les sanglots du jeune homme ne s'arrêtaient pourtant pas. Ohno s'assit à côté de lui et le prit dans ses bras, lui caressant les cheveux pour tenter de le réconforter.

- Pourquoi Toshi? Pourquoi ça doit lui arriver ? Riisa n'a jamais rien fait de mal, elle ne mérite pas ça...
- Ce sont des choses qui arrivent, on n'y peut rien. Puisqu'elle a décidé d'avoir un bébé il faut qu'on l'aide ne? On ne peut pas l'abandonner, Kazu.
- je ne sais pas si j'en serai capable...
- Mais si tu en seras capable, on en sera tous capable tu verras. Allez, viens manger un peu.

Ohno se leva et attrapa la main de son compagnon pour le faire se lever et l'emmener dans la chambre. Il le pria de s'asseoir sur le lit et alla chercher l'assiette sur la table.

- C'est tout froid...tu m'attends, je vais aller passer ça au micro-onde.

Nino hocha simplement la tête sans même prendre la peine de regarder son interlocuteur. Le plus vieux soupira et s'éclipsa de la chambre. Le jeune homme resta immobile assis sur son lit, la tête baissée, en train de triturer distraitement ses doigts. Soudain, une sonnerie retentit dans la pièce. Son portable. Il chercha l'objet du regard et le trouva finalement sur sa table de chevet. À la vue du nom qui s'affichait sur l'écran, son coeur se mit à battre la chamade. Il sécha ses larmes et décrocha.

- Moshi moshi...
- Kazu? Tout va bien? Ta voix est bizarre...
- Daijoubu Kaa-chan...
- Tu sais que tu peux tout dire à ta maman ne?
- Maman j'ai plus 5 ans, tout va bien je te dis.
- Bon, ça va d'accord...mais tu me le dirais si quelque chose n'allait pas hein?
- Okaa-san!
- J'ai compris!
- Pourquoi tu m'appelle?
- Parce que ton père et moi, nous rentrons au Japon.
- Pour de bon?
- Non mon chéri.
- Pour changer...marmonna-t-il.
- Nous rentrons seulement quelques jours, nous arriverons demain soir.
- QUOI?!
- Tu préfères qu'on prenne un avion pour arriver dans la matinée?
- Non! Non! Non! Le soir c'est bien!
- J'ai hâte de rencontrer Sho-kun. Tu t'es bien comporté avec lui?
- Si on veut...
- Kazu, il s'agit de ton frère.
- Mon DEMI-frère.
- Oui, oui, bon...à demain?

Nino avala sa salive difficilement.

- À demain...
- Je t'aime mon chéri.
- Moi aussi maman...

Nino raccrocha, la boule au ventre. Si leurs parents arrivaient demain, ce serait la catastrophe. Comment leur annoncer la nouvelle? Ils n'avaient même pas le temps de s'y préparer. Il se prit la tête dans les mains et se frotta frénétiquement le visage. À ce moment, ohno revint avec le repas de son amant.

- Allez viens manger, c'est bien chaud maintenant. Dit-il en posant l'assiette sur la table.

Le jeune homme ne bougea pas. Son compagnon s'approcha de lui.

- Allez Kazu, s'il te plaît...
- Toshi, on a un gros problème...dit Nino en se levant et regardant celui-ci dans le blanc des yeux.
- Quoi?
- Mes parents débarquent demain soir!
- C'est pas vrai...

Il s'assit à son tour sur le lit.

- Mais comment on va faire? C'est trop tôt, on est pas du tout prêt, je veux dire on doit encore avaler la nouvelle nous même...
- J'ai dit à Riisa qu'elle leur annoncerait elle-même et je le maintiens mais...il faudra qu'on soit d'attaque pour la soutenir. Toshi j'ai peur...et s'ils la mettaient dehors?

Ohno ramena son compagnon contre lui.

- Tout ira bien, je suis sûr qu'ils ne feront pas une chose pareille.

Chapitre 13

Nino se réveilla, les yeux encore un peu humides d'avoir pleuré la veille. Il était allongé sur le dos et observa le plafond. Il n'avait pas la moindre motivation en lui pour se lever. Cette journée serait sûrement tout aussi affligeante que la veille. Il se frotta les yeux et remarqua enfin une gêne dans son dos et sur son ventre. Il tourna la tête et vit son compagnon qui dormait encore et l'enlaçait dans son sommeil. Ils avaient dû s'endormir comme ça. Il décida finalement de se lever et se redressa dans le lit avant de poser pied à terre et d'aller enfiler son peignoir. Il s'empara alors de ses cigarettes et en alluma une, une fois sur le balcon. Quelques minutes plus tard, il entendit une voiture rentrer dans la propriété. Il se pencha un peu sur la rambarde et vit qu'il s'agissait de la voiture de Saya. Le jeune homme rentra dans la chambre et enfila un pantalon de training et un t-shirt avant de descendre au rez de chaussée. Son frère aîné avait fait entrer leur amie et lui servait du thé dans la cuisine. Il y pénétra et les salua brièvement avant de se diriger vers la machine à café. Personne ne parlait, faisant régner le silence dans la pièce si on retire le bruit de la machine. Masaki prit la parole:

- J'ai réfléchi...je crois que...On ne doit pas empêcher Riisa d'avoir ce bébé...
- C'est ce que je pense aussi, on en a parlé hier soir avec Toshi.
- Le problème c'est Jun, dit Saya, il ne peut pas rester dans le secret.
- tu sais où il est? Tu sais comment le joindre? Demanda Nino.
- Non, je ne sais pas. Dit-elle en s'appuyant sur ses coudes.

Le jeune homme but une gorgée de son café et s'assit à table avec les autres.

- On n'a pas besoin de lui. Dit-il.
- Kazu...fit Masaki.
- Quoi? Tu comptes laisser Jun revenir dans nos vies et surtout celle de Riisa?
- Non...mais d'un autre côté, je me mets à la place de l'enfant. Qu'est-ce qu'on lui dira à propos de son père?
- On n'en est pas encore là. Dit Nino.
- hum, il n'est même pas encore né et on devra d'abord s'en occuper comme il faut, avant de repenser à tout ça. Ajouta la jeune fille.
- On a juste un gros problème, je ne sais pas si tu le savais Masaki mais...papa et maman rentrent aujourd'hui...
- QUOI?! S'écrièrent les deux jeunes gens, manquant de transpercer les tympans de leur interlocuteur.
- je ne sais pas du tout comment ça va se passer mais dans tous les cas, ce n'est pas à nous d'annoncer la grande nouvelle, Riisa le fera.
- Tu comptes la laisser affronter ça toute seule? Lui demanda son frère, offusqué.
- Non! Bien sûr que non. Il faut qu'on soit avec elle, au cas où ils piqueraient une crise, ce qui à mon avis arrivera.

Les trois jeunes gens gardèrent le silence un moment.

- C'est pas possible, c'est trop tôt...souffla le plus vieux.
- De toute façon, on n'a pas le choix, il vaut mieux leur dire le plus tôt possible, on ne pourra plus leur cacher bien longtemps. Fit Saya.
- Quand je pense que maman se réjouit de voir Sho-kun...dit Nino.

Entendant ce nom, la jeune fille ne put s'empêcher de sourire.

- Oi! C'est quoi ce sourire? Et en plus tu rougis! Fit Nino.
- Eh? Euh, je veux dire...c'est même pas vrai, t'as dû rêver.
- Tu as de la fièvre Saya-chan? Tu veux t'allonger? Demanda Masaki.
- Non, non, c'est bon!

Mais non ce n'était pas bon, puisque le concerné fit enfin son entrée dans la pièce, rendant les joues de Saya d'autant plus écarlates.

- Bonjour tout le monde. Dit-il avant de se diriger, comme son demi-frère, vers la machine à café.

Ils le saluèrent tous. Nino en profita pour lui dire que leurs parents rentraient aujourd'hui au Japon. Le nouveau venu sembla aussi choqué que les trois autres.

- Mais et pour Riisa? C'est trop rapide, qu'est-ce qu'on fait?
- Rien, on n'a pas le choix. Dit Masaki. On va devoir leur dire.
- Et comment ils sont face à ce genre de situation? Ils s'énervent vite? Vous croyez que...enfin...qu'ils pourraient la mettre à la porte?
- J'y ai pensé un moment mais Toshi m'a remis les idées en place. Nos parents ne feraient jamais ça, d'autant plus que Riisa est leur seule fille.
- Puis, ce n'est pas tellement le fait qu'elle soit enceinte le problème, c'est surtout rapport à Jun. Ils ne sont au courant de rien concernant leur rupture donc... Fit Masaki.

Saya, elle, demeurait de marbre. Si bien que tous les trois se tournèrent vers elle et l'observèrent les sourcils froncés. Le regard, pourtant pesant à la longue, de Masaki et Nino ne la gênaient pas, c'était plutôt le regard du troisième qui la perturbait. Son coeur battait la chamade, son visage devait sûrement être plus rouge qu'une tomate et ses mains devenaient de plus en plus moites.

- Saya-chan? T'es sûr que t'as pas de fièvre? Demanda Le plus grand en tendant la main vers son front.

La jeune fille le repoussa et reprit la parole.

- Oui, oui, tout va bien!
- Tadaima... Fit une voix dans l'entrée.

Les trois jeunes gens, reconnaissant la voix de Riisa, se précipitèrent dans l'entrée. Elle était là immobile Kashiyama à ses côtés et son regard passa sur chacun d'eux comme celui d'un enfant qui aurait fait une bêtise et aurait peur de la punition. N'y tenant plus ses deux frères se jetèrent sur elle et l'enlacèrent chaleureusement.

- Okaeri. Dit Nino.
- Vous n'êtes pas fâchés? Demanda sa jumelle.
- Si, dit cette fois Masaki, mais pas contre toi.

Riisa sourit.

- Ne Rii-chan, vos parents arrivent au japon ce soir.

La jeune fille changea de mine en entendant les paroles de sa meilleure amie.

- oui, je sais. Kashiyama me l'a dit dans la voiture. Dit-elle d'une voix basse.
- Ça ira? Demanda Sho.
- Hum. Je devrais être capable de leur dire, je suis une grande fille après tout.

Riisa se défit de l'emprise de ses frères.

- À part ça...ça va? Demanda Nino.
- Oui, oui. Tout va bien maintenant. Sourit-elle de plus belle. Je vais aller me reposer dans ma chambre.
- Désirez-vous quelque chose mademoiselle? Demanda Kashiyama.
- Non merci. Dit-elle alors qu'elle s'éloignait vers l'escalier.

Une fois qu'elle fut partie, Sho prit la parole.

- Vous ne trouvez pas qu'elle est bizarre?
- Si, elle n'est pas comme d'habitude. Dit Masaki.
- Il s'est passé quelque chose Kashiyama? Demanda Nino.
- Non, monsieur, pas à ma connaissance mais si je puis me permettre, mademoiselle Riisa est certainement un peu fatiguée, nous devrions la laisser pour le moment.

Le jeune homme semblait perplexe. Saya posa une main sur son épaule et il sursauta.

- Du calme, c'est juste moi, dit-elle, tu viens? On n'a pas fini nos tasses et on va en avoir besoin.
- Ah...oui...fit-il avant de suivre les autres dans la cuisine.

*****

Riisa décida, sur le chemin jusqu'à sa chambre, d'aller voir Ohno qui était sans doute encore endormi dans son lit compte tenu de son absence en bas. Elle frappa d'abord à la porte de leur chambre par sécurité et, n'entendant aucune réponse, elle se risqua à entrer. Comme elle le pensait, son ami dormait encore profondément. Elle s'assit alors sur le lit et chercha en elle un moyen de le réveiller quand soudain, elle trouva. La jeune fille esquissa un sourire diabolique et approcha sa main du visage de l'endormi. Elle lui pinça alors le nez et le jeune homme se réveilla en sursaut.

- kazu...ah, c'est toi Riisa. Tu sais que ton frère et toi vous êtes l'incarnation du mal?
- Je sais, je sais. Dit-elle avec un sourire.

Ohno écarta sa couette et s'assit en tailleur en face de Riisa.

- Ça va? Tu es revenue depuis quand?
- 5 minutes environ.
- So...ka. Tu as vu le médecin avant de partir?
- Hai. Je lui ai dit que j'allais garder le bébé, il a paru étonné et il m'a finalement envoyée chez un gynécologue.
- Et alors?
- Tu tiens vraiment à connaître les détails? Parce que c'est assez intime comme examen...
- Nan! Nan! Nan! Je ne veux rien savoir!
- Néanmoins, il a dit que tout allait très bien. Et j'ai passé une échographie aussi.
- C'était comment?
- Incroyable. Pour 3 mois j'imaginais qu'il serait plus petit et qu'il ne ressemblerait encore à rien mais j'avais tort, quand tu le vois, tout est déjà là. Il ne manque presque rien. Ce que j'ai ressenti à ce moment était très perturbant, c'était comme-ci je me sentais déjà responsable de lui, comme si...comme si...
- Comme si tu l'aimais déjà?
- Exactement.
- C'est sûrement cela qu'on appelle l'instinct maternel.
- Pourtant, je n'arrive pas encore à me faire à l'idée qu'il est là.
- T'inquiète pas, quand il sera là il se fera un plaisir de te rappeler son existence.

Les deux amis eurent un petit rire.

- Kazu n'est plus fâché. C'est grâce à toi. Merci Satoshi-kun.
- je lui ai juste remis les idées en place à ce sale gosse.
- Mais...il est très anxieux. Sans doute à cause de nos parents...
- On l'est tous. Mais nous n'avons pas le choix Riisa-chan. Il faut qu'ils sachent, je suis sûr que tout se passera bien.

Riisa acquiesça lentement tout en espérant que son ami avait raison.

*****

Jun vit la lumière du jour venir l'embêter à travers ses paupières closes. Il ne pourrait pas dormir encore longtemps, c'est pourquoi il ouvrit les yeux puis les referma, ébloui. Il se retourna et les rouvrit à nouveau. Il était face à un mur. Son premier réflex fut de se tourner vers le lit pour s'assurer que son frère était là. Mais justement, il n'était pas là. L'acteur bondit sur ses pieds et l'appela d'abord dans la chambre, il vérifia dans la salle de bain puis sortit dans le couloir en l'appelant, paniqué. Et s'il lui était arrivé quelque chose pendant son sommeil? Il ne se le pardonnerait jamais! Quand enfin il oassa devant le bureau des infirmière dans sa recherche, l'une d'elle l'aborda et le stoppa.

- Matsumoto-san, calmez-vous...
- Où est-il? où est Hikaru? Je veux le voir!
- Matsumoto-san, votre frère est sorti prendre un peu l'air avec une infirmière il y a à peine 10 minutes. Il va bien ne vous en faites pas.
- Vous êtes sûre?
- Certaine. Dit-elle avec un sourire chaleureux.

Le jeune homme se laissa tomber sur une chaise et plongea sa tête dans ses mains. L'infirmière s'assit à côté de lui.

- Je comprends que vous soyez inquiet. Mais vous devez vous ressaisir, Hikaru-kun va avoir besoin de vous, si vous êtes déjà à bout, il le sera aussi.
- Vous avez sans doute raison, mais j'ai tellement peur pour lui.
- C'est normal mais vous devez garder espoir, je suis sûre qu'il s'en sortira.

Jun regarda l'infirmière et lui sourit elle lui répondit.

- Nii-chan!

Le jeune homme se retourna et vit Hikaru en fauteuil roulant poussé par une infirmière. Il s'approcha de lui.

- Hikaru, j'étais inquiet, il faut me le dire quand tu t'en va.
- Mais tu dormais nii-chan, et tu es fort fatigué pour le moment.

L'infirmière qui poussait le fauteuil vint s'incliner profondément devant l'acteur.

- Je suis désolée, j'aurais dû vous prévenir Matsumoto-san.
- Ce n'est pas grave. Sourit-il.

Il se plaça derrière le fauteuil roulant et le poussa.

- Merci beaucoup. Dit-il à celle qui l'avait réconfortée.
- De rien, c'était naturel.

Jun ne dit plus rien et se rendit jusqu'à la chambre de son frère, remit celui-ci au lit et s'assit sur la chaise à côté de lui.

- Nii-chan? Tu as peur pour moi?
- Bien sûr Hikaru.
- Et pourquoi?
- Eh bien parce que tu es très malade voilà tout et que j'ai toujours un peu peur qu'il t'arrive quelque chose.
- Tu as peur que je meure?

La gorge de Jun se noua.

- Mais tu ne vas pas mourir Hikaru, je te l'ai déjà dit non? Tu es ici pour qu'on te soigne ne? C'est stupide, pourquoi dis-tu cela?
- Et pourquoi ça prend autant de temps? Pourquoi personne ne me réponds quand je demande quand je vais sortir de l'hôpital?
- Hikaru...je...
- Pourquoi t'es si inquiet quand je sors un peu dehors ? Si j'allais vraiment guérir tu ne t'en ferais pas pour si peu! Arrête de me cacher des choses! Dis-moi la vérité!
- Mais je te l'ai dit, tu vas guérir, je te le promets le docteur me l'a dit.
- Tu mens! Tu mens! Je ne veux plus te voir c'est fini! Je te déteste! Va t'en!

Le noeud dans la gorge du jeune homme ne fit que se resserrer en entendant ces mots à l'effet tranchant comme des lames de rasoir. Néanmoins, il obéit et ramassa ses affaires avant de quitter la pièce. En se retournant pour fermer la porte, il vit son frère haletant, une main sur son coeur. Il paniqua à nouveau.

- Tout va bien? Tu es sûr?
- Mais oui...laisse-moi maintenant!

Hikaru lui lançait un regard de haine qu'il n'avait jamais vu. Il referma la porte pour de bon et s'y adossa avant de se frotter le visage de ses deux mains. Soudain, son téléphone vibra. Il le sortit de sa poche et serra les dents en reconnaissant le numéro affiché. Il décrocha.

- Hai...
- Jun-chaaaaan où es-tu ? Tu devais déjà venir y a une demi-heure pour le tournage... Fit l'homme en prenant une voix vaguement féminine.
- J'arrive dans 20 minutes manager-san.
- Aaaah yokatta! Je commençais à m'inquiéter...à tout à l'heure alors! Hahahaha!

Jun raccrocha. Ce rire, il détestait ce rire et il détestait encore plus son propriétaire. Cet homme...il le haïssait tellement. L'acteur ferma les yeux un instant, chassant ses problèmes temporairement puis se mit en route vers la sortie.

Chapitre 14

- ...hai...oui on vous attends...haaaai à tout de suite kaa-chan.

Masaki raccrocha et alla trouver les autres dans le salon.

- Maman et Papa arrivent dans 5 minutes. Dit-il.

Nino mit sa partie en pause et se leva, de même que son demi-frère et son compagnon.

- Je vais appeler Riisa. Dit le gamer.

Il s'éloigna et le plus grand s'adressa cette fois-ci à Sho.

- Sho-kun, désolé de te faire subir ça.
- Ce n'est rien. Sourit le jeune homme.
- Tu es sûr?
- Certain.

Mais non Sho n'était sûr de rien et était loin d'être détendu. Entre sa future rencontre avec son père et sa belle-mère et la potentielle crise qu'ils piqueraient en apprenant que Riisa est enceinte, il ne savait pas ce qu'il redoutait le plus.

- T'inquiète, nos parents vont pas te manger.
- J'aurais quand même préféré les rencontrer dans d'autres conditions...
- Tu parles de Riisa? Certes mais je suis sûr que ça ira.

Au vu de cette phrase ponctuée d'un sourire assez forcé pour que Sho le remarque, le jeune homme estima que Masaki devait être aussi tendu que lui. Ohno qui n'avait pas encore parlé se leva et posa chacune de ses mains sur une épaule de ses compagnons.

- Tous se passera bien et de toute façon nous n'avons pas le choix. Autant relativiser non?

Le plus grand hocha la tête tandis que son demi-frère n'était toujours pas convaincu.

- Tadaima! Lança une voix qui lui était inconnue.

Le sang du jeune homme se glaça et c'est comme un automate qu'il se dirigea avec son demi-frère et Satoshi vers le hall d'entrée. Quand ils arrivèrent, Kashiyama s'inclinait devant ses employeurs et se préparait à aller chercher leurs bagages. Il resta en arrière, intimidé. Il n'osait pas bouger ne serait-ce qu'un orteil.

- Okaa-san, Otou-san! Okaerinasai. Dit Masaki.
- Masaki! Fit sa mère en se jetant sur lui pour l'étreindre.
- Vous avez fait bon voyage? Demanda Ohno au chef de famille.
- Excellent Satoshi-kun, merci de t'en soucier. Sourit-il.

Soudain, Ninomiya-san mère tourna le regard en direction de Sho, resté à l'écart et sourit. Le jeune homme avala sa salive et se traita mentalement d'idiot pour craindre le pire venant de cette femme. Celle-ci se dégagea de son fils aîné et sourit de plus belle en s'approchant de lui.

- Tu dois être Sho-kun, je suis tellement heureuse de te rencontrer enfin! C'est un plaisir! Dit-elle en lui serrant énergiquement la main.
- Moi de même...articula-t-il.
- Je suis la mère de Masaki et des jumeaux mais ça tu le sais déjà, tu peux m'appeler Kazuko!
- d'a...d'accord.

La femme semblait très énergique et il n'eut aucun mal à dire de qui tenait son demi-frère. Son père n'avait pas encore bougé et son regard devint vite pesant pour Sho qui le trouva bien différent de leur première rencontre. Il s'approcha lui aussi et contre toute attente, prit son fils dans ses bras en souriant lui aussi.

- Bienvenue dans la famille. Dit-il.
- Mer...merci.
- Au fait, où sont ton frère et ta soeur, Masa-chan? Demanda sa mère.
- Kazu est allé chercher Riisa dans sa chambre.
- Je vois. Kashiyama? Appela-t-elle.

Le majordome ne tarda pas à faire irruption dans la pièce.

- Oui madame?
- Pourriez-vous aller dire aux jumeaux que nous sommes là, s'il vous plaît.
- Bien sûr madame.

L'homme se dirigea calmement vers les escaliers et les monta.

- Jaa...fit Ninomiya-san père, et si nous allions nous détendre au salon? Notre voyage en avion a été épuisant.
- Hai. Répondirent les autres en choeur.

*****

Nino se posta devant la porte de la chambre de sa soeur et prit une grande inspiration avant d'y donner trois coups. Comme elle ne répondait pas, il entra et vit qu'elle dormait profondément sur son lit. Le jeune homme s'approcha et se pencha jusqu'à son oreille.

- Oi...Rii-chan, réveille-toi. Murmura-t-il.

Sa jumelle laissa échapper un son proche du grognement et s'étira avant de se mettre en position assise en face de lui.

- Kazu, qu'est-ce que tu fais dans ma chambre?
- Papa et Maman seront là d'une minute à l'autre.
- J'arrive dans une minute. Dit-elle.

Son frère s'apprêta à repartir mais se retourna à peine arrivé à la porte.

- Quoi? Demanda Riisa.

Nino alla s'asseoir sur son lit.

- Je suis désolé de t'avoir crié dessus hier.
- Oh, c'est oublié...
- Sincèrement. Je ne voulais pas te faire pleurer mais tu comprends, après ce que Jun t'a fait...le bébé...c'était trop. Je ne suis pas en colère contre toi, seulement contre lui et je dois dire que sur le moment, j'ai été déçu. Déçu parce que je pensais qu'avoir ce bébé n'était pas une bonne chose, que tu méritais mieux.
- Kazu...
- tu es ma soeur jumelle Riisa et je t'aime plus que ma propre vie. Toshi m'a fameusement sermonné sur le sujet hier soir et il m'a fait comprendre que t'obliger à avorter n'était pas une solution, que ce serait ça qui te ferait le plus mal. J'ai été égoïste, pardonne-moi.
- Vraiment Kazu ce n'est rien, c'est oublié. Je te connais et je sais que ce que tu as dit, c'était juste l'effet de la colère.

Le jeune femme se blottit dans les bras de son frère et le serra de toutes ses forces. Ce dernier en fit de même.

- Crois-moi bien, je ne te laisserai pas tomber devant papa et maman.
- j'ai peur.
- tout ira bien, j'en suis sûr.

On frappa à la porte et ils se séparèrent. Kashiyama fit passer sa tête par l'entrebâillement de la porte.

- Kazunari-san, mademoiselle Riisa, vos parents sont là.
- Merci Kashiyama. Fit Nino.

Le majordome referma la porte tout doucement. Nino se leva et tendit les mains vers sa soeur, le sourire aux lèvres.

- Tu viens?

Riisa sourit à son tour et attrapa les mains de son jumeau avant de se lever. Tous deux sortirent de la chambre et descendirent au rez-de-chaussée. Ils entendirent les voix de leurs parents provenant du salon. Lorsqu'ils y firent leur entrée, leur mère leur sauta au cou, plus heureuse que jamais.

- mes chéris! Comme je suis contente de vous revoir!
- Nous aussi okaa-san. Dirent-ils en choeur, déclenchant un rire général.
- On parlait justement de toi Kazu-chan, il paraît que tu t'es mal comporté avec Sho-kun. Fit sa mère en croisant les bras.
- Ouais mais ça c'était avant, maintenant on s'entend bien, ne Sho-kun?
- C'est ce que j'ai essayé de leur dire.
- Excuse-le pour ça d'ailleurs, Kazunari a toujours été un vrai diable depuis qu'il est enfant. Dit son père, un petit sourire au coin des lèvres et le regard fixé sur son plus jeune fils.

Nino marmonna quelque chose entre ses dents et s'assit avec sa soeur sur l'un des canapés de la pièce.

- Et toi Riisa, comment vas-tu? Demanda Ninomiya-san mère.
- Euh...bien...bien, tout va très bien. Balbutia-t-elle.

S'en suivit un long moment de silence jusqu'à ce que le chef de famille demande au majordome de leur apporter un apéritif. Kashiyama s'exécuta et revint donc avec de quoi servir ses employeurs. Il se mit donc à l'oeuvre et tendit à chacun un verre. Arriva ensuite le tour de Riisa à qui il servit un verre d'eau.

- Tiens? Tu ne bois plus d'alcool, Riisa? Demanda son père.
- Oui...c'est parce que...euh...

Ses frères et Satoshi voyaient bien la détresse de la jeune femme mais étaient tétanisés par la peur et ne savaient que dire pour se sortir de là.

- Mademoiselle Riisa ne se sentait pas très bien cette après-midi, j'ai pensé que boire de l'alcool était mal venu.
- Oh, dans ce cas... Fit la maîtresse de maison. Ne te rends pas malade.

Les 5 jeunes gens soupirèrent intérieurement et remercièrent leur majordome du regard pour cette excuse montée de toute pièce.

- Je propose qu'on trinque à Sho-kun, qui fait à présent partie de notre famille. Dit Ninomiya-san père en levant son verre bien haut.

Les autres le rejoignirent et trinquèrent avec lui. Les jeunes gens se regardèrent tour à tour. La soirée promettait d'être longue et mouvementée.

*****

Jun sortit des studios de tournage et, tout en marchant jusqu'au parking, ralluma son portable. Il s'arrêta alors net lorsqu'il vit 3 appels manqués du médecin d'Hikaru. Ce n'était pas habituel et ce n'était certainement pas pour le prévenir d'une greffe imminente, son bipeur aurait sonné. Il continua alors son chemin tout en essayant de rappeler le médecin. Son interlocuteur décrocha enfin lorsqu'il s'engouffra dans sa voiture.

- Moshi moshi?
- Mochizuki-sensei, pardonnez-moi je n'ai pas vu vos appels. Est-ce que mon frère va bien au moins?
- Justement non.
- Que s'est-il passé? Expliquez-moi! S'affola-t-il.
- Je ne peux pas vous expliquer par téléphone, j'aimerais m'entretenir avec vous dés que possible.
- Oui bien sûr! Je...je suis en route!
- Parfait.

L'homme raccrocha. Jun avala sa salive avec beaucoup de mal et retint difficilement ses larmes. Priant pour qu'il ne soit rien arrivé de trop grave à Hikaru, il mit le contact et se mit en route pour l'hôpital.

Lorsqu'il arriva, il courut jusqu'à la chambre de son frère et y pénétra avec fracas. Il était allongé dans son lit, comme endormi et Mochizuki-sensei veillait sur lui d'un oeil attentif au moindre petit changement d'état. Il n'avait pas quitté son jeune patient des yeux lorsque l'acteur était entré. Ce dernier s'approcha du lit et regarda Hikaru, inquiet. Il se tourna ensuite vers le médecin.

- sensei...fit-il.

L'homme se leva sans bruit et s'approcha de Jun avant de l'emmener dans le couloir, une main réconfortante sur l'épaule de l'acteur. Une fois seuls, il prit la parole.

- Il a eu une attaque ce matin, un peu après votre départ. Son coeur est de plus en plus faible. Je préfère vous le dire franchement, il pourrait ne pas tenir le coup encore longtemps.
- hein? Mais...mais...
- Je regrette, mais nous ne pouvons toujours rien faire. La seule issue pour votre frère est la greffe mais vous connaissez la chanson...
- So...ka...ano...
- Au vu de l'avancement de la maladie, je dirais qu'il ne reste à votre frère que 3 mois à vivre si un coeur n'arrive pas d'ici là. Fit l'homme en anticipant la question de l'acteur.

Jun ne trouvait plus de mots. Il avait dépassé ses limites. Ses nerfs étaient à vifs et cette annonce fit déborder le barrage de ses émotions. Pourtant il ne pleura pas. Non. Il se sentait trop mal pour cela, bien trop mal. C'en était trop. Il avait mal à la tête. Riisa, Hikaru, son travail, les mensonges envers les deux seules personnes qui comptaient réellement pour lui... Beaucoup trop de choses qui tournaient dans son esprit. Il vit trouble, vacilla un peu et dû se rattraper au bras du médecin.

- Matsumoto-san! Vous allez bien? Appela celui-ci en le secouant légèrement.

À travers les brumes de son esprit, Jun l'entendait à peine. Ses jambes n'eurent soudain plus de forces pour le porter et elles plièrent sous son poids. Tout son corps finit par lâcher prise et il heurta lourdement le sol. Il n'entendit presque pas Mochizuki-sensei l'appeler à nouveau puis perdit totalement connaissance.

*****

Toute la famille était à nouveau réunie autour d'une table pour la première fois depuis plusieurs mois. L'ambiance était évidemment très tendue et aucun des enfants ne prenait la parole préférant apprécier le repas en silence. Nino jetait régulièrement de rapides coups d'oeil à sa soeur qui semblait de plus en plus anxieuse à chaque minute. Kazuko-san regarda les jeunes gens l'un après l'autre cherchant à savoir ce qui aurait bien pu se passer.

- Vous êtes forts silencieux les enfants, vous n'avez rien à raconter?

Masaki manqua de s'étouffer en entendant cette remarque de sa mère. Ohno lui tapota le dos.

- Masa-chan, je t'ai déjà dit de ne pas manger aussi vite.
- Hai okaa-san. Dit-il en buvant une gorgée d'eau.
- Oh! Continua la mère comme si elle avait eu une illumination. Comment ça va avec ton petit-ami Riisa ?

Ses frères et Ohno la regardèrent puis se regardèrent les uns les autres. Nino se mordit la lèvre et baissa le regard vers son assiette.

- Il m'a quittée. Dit-elle sans lâcher son assiette des yeux.
- C'est vrai? Je suis désolée ma chérie, je sais bien que tu l'aimais beaucoup.
- Il n'en valait pas la peine de toute façon...ce petit merdeux...grommela son père.
- Chéri! Pas d'injure à table s'il te plaît!

Riisa, profitant de la situation, décida de se jeter à l'eau. Elle regarda son jumeau qui avait compris son intention et l'encourageait maintenant du regard. La jeune femme prit une bonne inspiration et se lança.

- Puisqu'on parle de Jun...il y a autre chose que je dois vous dire.
- Qu'y a-t-il? Demanda son père.

Elle marqua un arrêt, sentant maintenant 6 regards sur elle. Il était trop tard pour reculer, c'était le moment, elle devait leur dire.

- Promettez-moi de ne pas vous énerver.
- Bien sûr mais qu'est-ce qu'il se passe ma chérie? Quelque chose ne va pas?
- Tout va bien mais...

La panique s'empara d'elle, elle respira à nouveau profondément et ouvrit la bouche pour enfin leur annoncer une bonne fois pour toute.

- Je suis enceinte et Jun est le père.

Tous attendirent une réaction venant des parents. Ninomiya-san père jeta ses couverts dans son assiette et se leva avant de quitter la pièce, les poings serrés et la rage dans les yeux. Il fit claquer la porte et le silence régna dans la salle à manger. Riisa baissait la tête vers ses genoux et sa mère ne la quittait pas du regard, les yeux papillonnant rapidement, abasourdie. Ses frères et son ami les regardaient mi-soulagés puisque la nouvelle était tombée, mi-terrifiés par la réaction du père de famille.

Chapitre 15

Personne dans la pièce n'avait encore osé prononcer le moindre mot. Ninomiya-san regardait toujours fixement sa fille, bouche bée et Riisa avait toujours la tête baissée, tentant vainement de s'enfoncer dans le tapis. Sa mère remit délicatement ses couverts dans son assiette et prit enfin la parole.

- Mais...tu...tu es sûre?

La jeune femme releva la tête et Nino constata avec étonnement, qu'elle ne pleurait pas malgré les circonstances.

- Certaine. C'est un médecin qui me l'a affirmé. Dit-elle sèchement.

La mère de famille se prit la tête dans les mains.

- Attends, attends Riisa. Un bébé? Alors que tu n'es même plus avec son père?
- Kaa-chan, c'est son choix.fit Nino.
- Mais enfin les enfants...ce n'est pas raisonnable...
- Mets-toi à sa place okaa-san, tu aurais renoncé à l'un d'entre nous? Demanda Masaki
- Non bien sûr que non mais...ce n'est pas la même chose, votre père était là lui.
- Pas le mien. Dit-il.
- Masaki...

Le jeune homme se leva et quitta la pièce à son tour. Sa mère regarda un instant en direction de la porte puis se retourna vers sa fille.

- Ma chérie, ce que je voulais dire...
- Laisse tomber. Lâcha Riisa en se levant brusquement.

La jeune fille claqua la porte et monta se réfugier dans sa chambre. Une fois à l'intérieur, elle s'adossa à la porte et souffla un bon coup. Elle fit ensuite les quelques pas qui la séparaient de son lit et s'y allongea les yeux clos mais ne s'endormit pas. Même sa mère ne la comprenait pas. Elle à qui, d'habitude, elle pouvait se confier quand elle ne s'adressait pas à son jumeau. Quant à son père, sa réaction ne l'étonnait pas mais elle se sentait tellement mal. Sans s'en rendre compte, des larmes coulèrent peu à peu sur ses joues. Elle se redressa vivement et les essuya rapidement d'un revers de manche. Il fallait qu'elle arrête de pleurnicher pour si peu. Mais malgré tout, Jun lui manquait, enfin le Jun qu'elle avait connu: gentil, amusant et attentionné à son égard, pas celui qu'il prétendait vraiment être. Celui qu'elle avait aimé et qui l'avait aimée en retour. Celui qui lui avait fait ce bébé...Le chagrin finit par avoir le dessus et elle plongea la tête dans les mains, fondant en larmes. La jeune femme ne remarqua même pas la présence d'un visiteur dans sa chambre qui s'assit sur le lit près d'elle et la prit dans ses bras.

- Lààà...c'est fini...
- Okaa-san? Fit elle entre deux sanglots.
- Je sais ce que tu ressens.

Riisa s'écarta de sa mère et se frotta à nouveau les yeux.

- Comment tu peux ressentir la même chose que moi? Demanda-t-elle rageusement.
- Parce que je l'ai vécu.
- Eh?
- Tu n'es pas sans savoir que le père de ton grand-frère était mon premier mari?
- Bien sûr que non.
- C'était un mariage arrangé soit-disant pour les affaires. Je devais épouser l'héritier d'une grosse compagnie comme la nôtre. Il n'y avait pas d'amour entre nous, rien. On a été mariés 5 ans avant que je ne tombe enceinte. La seule fois où nous avons fait l'amour, c'était uniquement car il avait beaucoup bu.
- Mais...tu aurais dû le repousser non?
- Je ne l'ai pas fait comme tu t'en doutes, parce que je voulais un enfant à tout prix. Alors je me suis dit que c'était l'occasion, bien sûr je me doutais que ça ne marcherait pas forcément mais le fait est que j'ai eu de la chance.
- Et pas qu'un peu...murmura Riisa.
- Presque un mois après, je me suis rendue compte que quelque chose n'allait pas chez moi, alors je suis allée voir le médecin qui m'a annoncé que j'étais enceinte. Évidemment j'étais heureuse mais comme il ne voulait pas d'enfant, j'ai préféré ne rien dire avant d'avoir passé le cap des trois mois. Je voulais qu'il n'ait pas le choix.

Kazuko-san s'arrêta un instant et soupira.

- Il a fini par s'en rendre compte avant et il voulait me forcer à avorter. Bien sûr je lui ai tenu tête, et il a demandé le divorce. Ton grand-père était furieux mais ça ne l'a pas empêché de s'en aller. Alors j'ai élevé Masaki toute seule puis j'ai rencontré ton père.
- je ne vois pas pourquoi tu me racontes tout ça. Dit la jeune femme en tournant le dos à sa mère.
- Pour te dire que je ne suis pas contre ce bébé, loin de là, mais que tu devrais peut-être mieux réfléchir.
- J'ai assez réfléchi comme ça et je veux le garder. Personne ne me fera changer d'avis.
- Si c'est vraiment ce que tu veux, alors je ne m'y opposerai pas. Tu peux compter sur moi.

Riisa tourna le regard vers elle et, ne voyant aucune arrière pensée dans le sien, finit par céder et serra sa mère dans ses bras.

- Mais...et papa? Demanda la jeune femme.
- Ton père a besoin de digérer la nouvelle, tout comme moi. Tu sais bien ce qu'on pense de Jun mais ne t'en fait pas, je ne pense pas qu'il restera fâché bien longtemps. Tu lui a dit au moins à Jun? c'est son enfant tout de même.
- Non.
- Ma chérie...soupira sa mère
- Je ne veux pas qu'il soit le père, et même si je le voulais, il a disparu de la circulation, aux États Unis il parait.
- Comme tu veux. Je te laisse, il faut que je parle à ton grand-frère. Passe une bonne nuit et essaye de ne plus y penser d'accord? Fit Kazuko-san en se levant pour s'en aller.
- Hum. Acquiesça Riisa.

Sa mère disparut finalement derrière la porte et la jeune femme se rallongea en regardant le plafond. Son père allait-il vraiment se calmer?

*****

Ohno jeta un oeil par la porte vitrée du balcon, Nino fumait à nouveau seul dehors, les sourcils froncés et le front plissé par ses tracas. Son amant se leva du lit où il lisait un livre et ouvrit la porte pour le rejoindre.

- Kazu, ça suffit la cigarette maintenant! Tu sais bien que ta soeur ne supporte pas ça et que c'est dangereux pour toi! Tu veux vraiment la mettre en colère? C'est déjà la troisième d'affilée au moins, sans compter tout ce que t'as fumé sur la journée.

Il ne répondit pas, faisant comme si Ohno n'existait pas.

- eh oh! Tu m'écoute quand je te parle?
- je n'y peux rien.
- Si, tu y peux quelque chose, tu n'avais pas besoin de recommencer, tu n'avais pas besoin d'en cacher dans la chambre.
- Je n'y peux rien si depuis que Sho est là il ne nous arrive que de la merde!
- Tu vas pas repartir là-dessus! J'en ai marre de me battre avec toi, je fais ça pour ton bien moi! Tu vas finir par t'attirer des problèmes! Tu sais pourtant que tes poumons sont fragiles! Je n'ai rien dit au début mais là c'en est trop! Nos soucis...que dis-je? Les soucis de Riisa ne sont pas une raison pour foutre ta vie en l'air!
- pfeuh!

Le plus vieux contrôla tant bien que mal sa colère face à l'attitude puérile de son compagnon.

- Très bien, t'as qu'à continuer mais t'as pas intérêt à dire que je ne t'avais pas prévenu!

Le jeune homme rentra dans la chambre et claqua la porte. Nino regarda sa cigarette. Il savait bien que ses poumons avaient été abîmés depuis qu'il avait eu cette pneumonie lorsqu'il était petit et que le médecin lui avait fortement déconseillé de fumer, alors bien sûr qu'il ferait mieux d'arrêter mais c'était plus fort que lui. Si bien que comme son amant le disait, sa consommation commençait sérieusement à prendre de l'ampleur. Le jeune homme soupira, tira pour la dernière fois sur sa clope et l'écrasa puis rentra dans sa chambre. Ohno l'attendait sur le lit.

- Alors monsieur s'est décidé à être raisonnable? Demanda-t-il.
- Parfaitement, répondit Nino.

Le plus jeune sortit son paquet de cigarette de sa poche et le donna à Ohno qui le regarda, interrogatif.

- C'est gentil mais tu sais bien que je ne fume pas, moi!
- Baka！Prends-le et fais-en ce que tu veux mais je ne veux plus jamais le voir.
- T'es sérieux?
- Hum.
- C'est pas un peu trop brusque?

Nino haussa les épaules.

- C'est bien ce que tu voulais non?
- Tel que je te connais c'est trop facile, t'en a planqué quelque part?
- Oi! Tu ne me fais même pas confiance!
- Tu me promets que je peux te faire confiance?
- Bien sûr.
- Je les jetterai plus tard.

Le plus vieux posa le paquet sur la petite table de la chambre et sourit à son compagnon.

- C'est mieux ainsi, tu ne veux pas risquer d'être encore hospitalisé ne?

Le jeune homme hocha la tête silencieusement.

- Ne Toshi?
- Hm? Doushita?
- Tu me prends dans tes bras? Je crois que j'en ai besoin.
- Bien sûr.

Nino se blottit alors dans les bras de son compagnon. Il se sentit plus appaisé et ferma les yeux contre son épaule. Ohno lui caressa affectueusement le dos.

- je t'aime Kazu ne l'oublie jamais. Murmura-t-il.
- Tu es bien plus que ça à mes yeux Toshi. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi...Sans doute que je serais déjà mort...

Le plus vieux lâcha son compagnon et l'entraîna vers le lit où ils s'allongèrent pour s'enlacer à nouveau.

- Ne dis pas ça, si je n'existait pas tu aurais rencontré quelqu'un d'autre et tu serais tout aussi heureux.

Nino se mit sur le ventre, le menton appuyé contre la poitrine de son aîné.

- Je suis sûr que non, une vie sans toi m'est impossible.

Ohno sourit et ébouriffa les cheveux de son amant comme s'il s'agissait d'un gamin de 5 ans.

- Maieuh! Ronchonna gentiment Nino.
- De toute façon je suis là pour toute la vie, je te le promets.
- Hontou?
- Bien sûr. Parce que j'ai besoin de toi moi aussi.
- Ne toshi? Tu te souviens de notre première fois?
- Hum. Au début c'était moi qui prenait les devants. Sourit-il en repensant à ce moment exceptionnel de leur relation.

Nino se redressa et caressa le torse de son amant sous son t-shirt.

- Cette nuit...j'ai envie qu'on recommence comme ça...
- Demo...tu n'y es plus habitué...t'es sûr que...répondit-il malgré les frissons agréables que lui procurait les caresses de son aimé.
- C'est justement parce que je sais que tu es le plus doux de nous deux que je te le demande. Je veux que tu me montre à quel point tu m'aimes.

Il se pencha jusqu'à l'oreille de son compagnon.

- Pour ma part, je me sens toujours autant amoureux de toi que le premier jour.

Ohno obtempéra et renversa le plus jeune sur le dos, inversant les positions. Il plongea ensuite vers ses lèvres et l'embrassa passionnément. Il arrêta alors les mains de Nino qui repartaient sous son t-shirt.

- Laisse-moi faire. Susurra-t-il avant de glisser à son tour ses doigts sous le haut de son partenaire.

Le jeune homme se laissa faire comme le voulait Ohno, un petit sourire s'esquissant sur son visage. La nuit serait sans doute très longue pour eux.

*****

Jun se réveilla lentement. Il était seul dans une chambre semblable à celle de son frère. L'acteur leva un bras et se frotta le front. Il remarqua ensuite qu'une perfusion était suspendue au dessus de sa tête et reliée à son autre bras. Le jeune homme se rappela peu à peu la soirée précédente et se mit à pleurer silencieusement. C'est alors le moment que le médecin d'Hikaru choisit pour rentrer. Jun se redressa précipitamment.

- Comment va Hikaru?
- Il est stable, il dort pour le moment.

L'homme s'approcha du lit et s'assit dessus.

- Matsumoto-san...vous êtes épuisé.
- Pas du tout.
- Vous mentez et votre malaise d'hier soir le prouve. Vous vous inquiétez pour votre frère, c'est une chose que je comprends tout à fait mais je pense que ce n'est pas la seule raison. Je me trompe?

L'acteur baissa la tête.

- Je pense que vous devriez voir quelqu'un, je vous ai rédigé l'adresse d'un psychologue qui pourra vous aider.

L'homme lui tendit un bout de papier.

- Vous verrez vous vous sentirez déjà mieux. Vous pourrez rentrer chez vous dès cette après-midi. Je vous dis à bientôt Matsumoto-san.

Le médecin posa une main réconfortante sur l'épaule de l'acteur.

- Gardez espoir, votre frère à besoin de vous.

Mochizuki-sensei sortit de la pièce et son manager entra, son sourire malsain toujours affiché sur son visage.

- Oh pauvre Jun-chan! Tu souffres dans ton petit coeur ?
Ne t'en fait pas, repose-toi mais n'oublie pas que dès que tu sors on reprend avec le travail que tu as manqué ce matin ne? Bye bye Jun-chan!

L'homme sortit aussi rapidement qu'il était entré, laissant échapper son rire maléfique raisonnant dans tout le couloir. Jun serra les poings, froissant son bout de papier au passage. Il ne supporterait plus la situation encore bien longtemps.